
Déclaration du Mouvement Abnaa el-Balad (20 avril 2025)
Traduit depuis l'anglais par RIAPPECH.
Le 9 avril 2024, la police israélienne et les forces du Shabak ont pris d’assaut la maison de Raja Eghbarieh à Umm el-Fahm, confisqué son équipement personnel et emmené Eghbarieh au centre de détention de Jalameh (Kishon).
En tant que figure de proue d’Abnaa el-Balad, le mouvement de gauche palestinien, depuis les années 1980, Eghbarieh, aujourd’hui âgé de 73 ans, a déjà subi la persécution politique. Sa famille et ses camarades craignent que, compte tenu de son âge et de sa santé fragile, il ne survive pas à une nouvelle incarcération dans les prisons israéliennes où la torture et les sévices de toutes sortes sont largement répandus.
Le 15 avril, le ministre de la « défense » d’Israël, Israël Katz, a signé une ordonnance de détention administrative pour quatre mois contre Eghbarieh. Selon cet ordre, Eghbarieh a été transféré à la prison de Megiddo, notoire pour la répression violente qui a causé la mort de plusieurs détenus palestiniens. Le 17 avril, le chef du tribunal du district d'Haïfa a entamé une révision (à huis clos) de l’ordonnance de détention administrative et en a reporté la confirmation au 22 avril.
La détention administrative contre Eghbarieh intervient dans le contexte du génocide en cours perpétré par les forces d’occupation israéliennes contre le peuple palestinien, notamment à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une campagne implacable de meurtres, de nettoyage ethnique et de terreur contre le peuple palestinien. Cette campagne de terreur ne se limite pas à Gaza et à la Cisjordanie, mais est également dirigée contre les Palestiniens dans les zones occupées par Israël depuis 19481, visant à réduire au silence toute manifestation. Les tentatives de manifestation contre le génocide sont brutalement réprimées. Beaucoup parmi eux ont été persécutés pour de simples expressions de solidarité, sur les médias sociaux, avec le peuple de Gaza. Des centaines de personnes ont été arrêtées, torturées, condamnées à la prison et expulsées de leur travail et des universités.
La détention administrative est un outil d’oppression particulièrement arbitraire, largement utilisé par l’occupation israélienne. Il s’agit d’une détention par ordre militaire, sans accusations formelles, sans procès et sans moyen pour le détenu de réfuter les « preuves secrètes » qu’il n’est même pas autorisé à voir avec ses avocats. [Il y a actuellement environ 3 500 personnes de Cisjordanie en détention administrative, NDT]. Le recours à la détention administrative est également en expansion depuis 1948 en Palestine, et on estime qu’il y a maintenant environ 30 détenus de ce type [Palestiniens habitant Israël depuis 48, NDT]. Pour souligner le caractère raciste de la détention administrative en Israël, le même Katz a aboli les quelques ordres qui ont été émis contre les colons juifs qui ont mené des pogroms violents contre les Palestiniens en Cisjordanie.
La détention administrative de Raja Eghbarieh est une autre étape dangereuse dans l’oppression politique contre les Palestiniens de ‘48, utilisée contre un dirigeant politique central, afin de l’empêcher d’exercer son activité politique publique. Au cours de la semaine de détention précédant l’ordonnance administrative, Eghbarieh n’a été interrogé que sur ses activités politiques publiques. Notamment, la dernière campagne publique menée par Abnaa el-Balad, durant laquelle Eghbarieh collectait de l’aide humanitaire pour les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, pendant le mois saint du Ramadan.
Qui est Raja Eghbarieh ?
Raja Eghbarieh, 73 ans, est une figure centrale de la direction du mouvement Abnaa el-Balad. Dans les années 1980, il a joué un rôle important dans la définition de l’identité politique du mouvement en tant que mouvement progressiste de gauche pour la libération nationale.
Lorsque la première Intifada palestinienne a commencé dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, le 9 décembre 1987, Abnaa el-Balad a joué un rôle important dans l’organisation d’une grève générale des Palestiniens de ‘48, en la nommant « Journée de la Palestine ». En réponse directe, Israël l’a alors interdite. Le ministre Rabin a émis des ordonnances de détention administrative à l’encontre de trois membres éminents d’Abnaa el-Bald, dont Eghbarieh.
Lorsque, en 1990, Abnaa el-Balad tient son premier congrès national, Eghbarieh est élu premier secrétaire général.
Dès sa création, Abnaa el-Balad a souligné l’unité de la lutte palestinienne pour la liberté, avec les Palestiniens qui ont survécu à la Nakba de 1948 – une partie indivisible du peuple palestinien – qui ont été laissés sous domination israélienne.
Abnaa el-Balad est principalement connu pour sa position de boycott de la Knesset israélienne, en réponse à la nature raciste du projet colonialiste sioniste et du régime d’apartheid en Israël.
Le mouvement lutte constamment pour le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens et pour l’établissement d’un État démocratique laïque dans toute la Palestine historique. Pendant toute cette période, Eghbarieh n’était pas seulement un dirigeant politique au sein de son mouvement mais il le représentait aussi dans différents organismes qui ont uni les Palestiniens de 1948 dans la lutte contre le racisme et l’oppression israéliens, le plus notable étant le « Haut Comité de suivi arabe ». Dans ce rôle, il avait apporté d’importantes contributions en tant que membre du leadership uni des masses palestiniennes dans de nombreuses luttes cruciales.
Appel à la solidarité internationale.
Alors que tous les efforts devraient être concentrés pour mettre fin au génocide à Gaza, la défense de la liberté de ceux qui luttent contre ce génocide fait partie intégrante de cette lutte mondiale vitale. La répression politique en Palestine est conçue pour terroriser et paralyser une partie importante du peuple palestinien.
La solidarité avec Raja Eghbarieh est maintenant particulièrement urgentepour le défendre contre le danger imminent qui menace sa santé et à sa vie dans les abattoirs-prisons israéliens.
Liberté pour Raja Eghbarieh !
Mettez fin à toutes les détentions administratives !
Liberté pour tous les Palestiniens qui sont emprisonnés en raison de leur lutte pour la liberté !
Pour contacter Abnaa el-Balad au sujet de cette campagne, veuillez envoyer un courriel à : abnaa.albald48@gmail.com
1. Note du traducteur : les auteurs de cet appel ne reconnaissent pas l’État d’Israël, qu’ils appellent « Palestine », considérant que tout le territoire est le fruit d’une occupation. C’est pourquoi ils appellent donc « Palestiniens de 48 » les Palestiniens qui sont restés dans les frontières de l’État d’Israël depuis sa proclamation en 1948.