Trésorier ou Ministre ?
La lettre de demande d’attribution de la Légion d’Honneur à de Maistre pose à elle seule un vrai problème qui devrait avoir des répercussions sur le sort réservé son auteur.
Certains voyaient dans un renvoi de ce dernier devant la Cour de Justice de la République, (bien connue pour son peu d’empressement à condamner les ministres), un excellent moyen d’enterrer définitivement une affaire dans laquelle si le faisceau de présomptions n’est plus à démontrer, les preuves incontestables de culpabilité sont effectivement difficiles à extraire d’un dossier tentaculaire.
La parade était bien trouvée et l’UMP pouvait en remercier l’avocate Corinne Lepage qui, par courrier, en avait soumis l’hypothèse.
Toute la stratégie de l’UMP et de Sarkozy visait donc à défendre becs et ongles les activités d’un ministre essentiel dans le calendrier pré-présidentiel.
Hélas, le courrier de sollicitation envoyé à Sarkozy, ministre de l’Intérieur et déjà candidat à la présidentielle, a été rédigé par Eric Woerth, en sa qualité de Trésorier National de l’UMP et non pas en qualité de ministre.
Ainsi, il échappe à la Cour de Justice de la République et redevient un citoyen lambda susceptible d’être entendu par la justice ordinaire.
L’attribution et la remise effectives de la breloque n‘étant là qu’un élément à charge dans un dossier personnel déjà mal parti.
La défense spontanée d’Eric Woerth, consistant à dire que nombre de parlementaires font la même démarche afin d’attirer l‘attention des autorités publiques sur des cas de personnages méritants, ne tient plus la route. Car il y a un monde entre un élu qui fait son travail et un apparatchik, trésorier de surcroît, qui utilise sa proximité d’avec un ministre pour monnayer un appui financier dans une élection.
C’est donc tout l’UMP qui doit être mis au banc des accusés car son trésorier, s’il n’engage pas le gouvernement, engage tout le mouvement