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Billet de blog 9 juin 2010

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le 18 juin n'efface pas le 13 mai...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ainsi donc le Général, le notre, le de Gaulle éternel, se voit contesté de figurer au programme du baccalauréat littéraire 2010/2011.

D’aucuns préféreraient le voir croupir sur les étagères de l’Histoire, là où son rôle de libérateur du pays constituerait l’essentiel de son apport à la grandeur nationale.

Faire comme si le 18 Juin de la France Libre pouvait, à lui seul, effacer le complot du 13 mai et le coup d’état permanent.

Pour byzantine qu’elle soit, cette comptabilité des événements gaulliens méconnaissait une autre partie, un autre fragment du personnage qui se réfugiait dans l’écriture.

S’identifiant à la France, à sa grandeur, à sa démesure, le Général ne pouvait laisser sur les rayons de nos bibliothèques que des  "Mémoires" puisqu’il s’agissait de ne parler de lui-même, de ses choix, de ses incertitudes et de sa justification face à l’Histoire.

La somme de ses écrits constitue un plaidoyer historique pro-domo servi par une parfaite maîtrise de la langue.

L’usage d’un langage de l’action attribuait à ses ouvrages un aspect romanesque assorti du souffle de la réalité vécue. Cette « vision » ne pouvait que nourrir la Pléiade, tant elle dépassait par son ampleur, sa démesure le quotidien banal des Trente Glorieuses et renvoyait les nouveaux riches aux années de guerre et de misère.

Etait-ce pour autant d’une qualité littéraire telle que le programme du bac 2010/2011 puisse retenir le Salut parmi les oeuvres incontournables du XXème siècle ?

Autant, relégué sur les étagères de l’Histoire, le Général est devenu une référence glorifiée par tous, autant à vouloir l’installer aussi au firmament de la littérature du siècle dernier peut paraître suspect.

Son nom anime encore une certaine droite qui se l’approprie sans vergogne et le fait de nouveau entrer dans l’arène de l’agora publique où il régna en maître.

S’il faut, en littérature, oublier les engagements partisans et ne retenir que la qualité des écrits, alors posons nous la question de savoir pourquoi disparu en 1961 Céline, qui reste l’auteur français le plus traduit de par le monde après Proust, n’a toujours pas été retenu dans le programme du baccalauréat ?

Anti-sémite, collaborationniste, son "Voyage au bout de la nuit" n’a pourtant rien à envier au "Salut".

Sans doute faut-il revisiter les intentions de François Mitterrand quand il suggérait de "donner du temps au temps" …

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