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Billet de blog 12 avril 2011

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Scènes de vie quotidienne

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Scènes de vie quotidienne

Rentrant d'une escapade parisienne où elle était partie se faire plaisir; comprenez confier ses cheveux à Maniatis aux Galeries Farfouillettes, assister vers 10 heures du matin au Jardin du Luxembourg à une répétition théâtrale où l'actrice accompagnée d'un saxo alto s'adresse aux massifs de fleurs violettes et les prend à témoin, faire en plein soleil la queue pour l'exposition Manet puis y renoncer de guerre lasse, courir Avenue Montaigne pour arriver en retard au rendez-vous avec Druker, s'en remettre en visitant Chanel sans se laisser tenter, déjeuner dans un japonais avec une famille niponne accuillant un couple de mangas venu visiter Paris, lui Capitaine Flam et elle cheveux rouge carminé coiffé d'un énorme bouquet; se réfugier dans les salons du Meurice pour assister avec deux éditeurs américains au vernissage d'un livre racontant la vie des couturiers dans le magasin et les ateliers de Coco.... On comprend là que le monde est à deux heures et demi de chez nous en TGV.

Retour TGV un peu bousculé par la présence d'une horde vinassée dont la police mancelle vient heureusement se saisir en partie au premier arrêt.

20 heures 03, arrivée en gare de Nantes, dans la cohue du terminus, ma Douce, car c'est d'elle qu'il s'agit, constate que son manteau et son sac ont disparu, ne lui reste que sa valise et la petite sacoche qu'elle porte toujours en bandoulière pour y garder se clefs, cartes de crédit, papiers.

Le wagon est quasiment vide car elle déteste la cohue et sort généralement la dernière. Restent deux ivrognes allongés par terre et deux jeunes filles qui n'étaient pas du voyage et dont elle devine (pré-science féminine ?) que ce sont des voleuses à la roulotte. Se rue sur elles et exige que son manteau et son sac lui soient rendus. Prises à partie, elles s'enfuient alors qu'un passager lui indique que ses affaires sont peut-être dans les toilettes d'où sortaient les filles. Exact, il ne manque le téléphone portable.

A l'accueil de la gare SNCF, le 3270 pour bloquer le portable chez Orange qui lui dit de porter plainte si elle en souhaite le renouvellement gratuit de l'appareil.

C'est donc avec beaucoup de retard que je récupère ma Douce encore courroucée d'une telle aventure alors qu'elle se faisait une joie de me raconter sa balade parisienne.

Cette fois, c'est moi qui m'y colle, le portable étant à mon nom, je file dès le lendemain au Commissariat Central pour porter plainte et surtout obtenir le récépissé, sésame nécessaire à une réparation immédiate.

C'est un univers que je n'ai pas souvent l'occasion de fréquenter. D'abord choisir une file pour faire la queue. Je choisis celle où une splendide grande noire, vêtue d'un jean assassin et d'un carraco aux couleurs chatoyantes, ferme la marche. Des jambes à n'en plus finir, partant de chaussures de centurion lacées transparentes et surmontées d'un fessier callipyge... Sentant une présence derrière elle, elle se retourne et je constate que la face est aussi ravageur que le pile, une peule aux traits d'une extrême finesse avec des yeux de biches nichés sous de longs cils et une bouche qui n'aura jamais besoin de botox... A elle seule, elle fait oublier la triste humanité qui se bouscule dans la vaste pièce et j'en suis presque content d'être venu.

Arrive enfin son tour et rien n'étant prévu pour garantir la confidentialité des échanges, je n'ai nul besoin de tendre l'oreille.

Le gardien de la paix qui voit bien que le bassin de sa cliente arrive presque au ras de son bureau, lui sert un : « bonjour, que puis-je faire pour vous ? très engageant »

  • on m'a convoquée, répond elle

  • qui vous a convoquée ?

  • J'sais pas !

  • Alors, pourquoi vous a-t-on convoquée ?

  • J'sais pas !

  • Vous avez bien reçu une convocation, vous l'avez avec vous ?

  • Non, jl'ai pas

  • Bon, donnez moi votre nom et prévoyant une orthographe complexe, il ajoute : donnez moi aussi vos papiers

  • L'intéressée ouvre alors son sac qui est énorme, fouille dedans, refouille encore et finit par déclarer : Jles ai pas, j'ai dû les oublier.

  • C'est dommage car avec vos papiers d'identité j'aurais pu témoigner que vous vous êts bien présentée à la convocation. Mais là, je ne peux rien faire pour vous.

  • Alors, telle une grande dame outragée, ma belle statue animée lève le bras comme pour chasser une mouche et fait : pfff c'est n'importe quoi ici ! Et s'en va...

Redescendu brutalement sur terre, je trouvais difficilement les mots utiles pour attirer l'attention du guichetier.

Fin de l'histoire qui n'a aucune morale

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