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Billet de blog 12 octobre 2010

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chronique d'un délire annoncé

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Mardi matin 12 octobre, la mine enchifrenée, les paupières encore lourdes d’une nuit sans sommeil, on se prépare mentalement pour le défilé en se disant que cette fois encore, on défilera pour rien puisque dès hier au soir le Sénat a voté le décalage des 65 à 67 ans.

Résignation ?

Fatalisme ?

Lever le volume sonore du transistor, ça aide au réveil et ça meuble l’espace encore brouillé d’un monde décidément sans horizon et sans repère.

Pan Pan la la la…djingle de RTL, suivi du récit d’une nuit de folie vécue dans un village où un Papy a fait des siennes, tenant toute la nuit en haleine ses voisins, ses proches, le maire, les pompiers, la maréchaussée, le Préfet et même le GIGN appelé en renfort…

Abruti par les mauvaises nouvelles qui se bousculent dans les médias, désorienté par les mélanges détonants de commentateurs qui passent de l’Aqmi du Sahel à la menace d’un nouveau Kerviel toujours possible selon certains, submergé par ces milliers de jeunes manifestants lycéens qui envahissent la rue et viendront augmenter la masse des manifestants qui vont défiler tout l’heure, ne sachant où donner de la tête pour faire face à tous ces dérèglements, le Papy a prévenu son fils par téléphone, que « là c’en était trop, il entrait derechef en résistance »  et transformait sa maison en Fort Chabrol.

Armé de son fusil de chasse, une bonne poignée de cartouches dans la poche, il tiendrait en respect tous ces porteurs de mauvaises nouvelles , tous ces manifestants encagoulés façon burqa, tous ces incapables du gouvernement qui en veulent à sa maigre retraite.

Bref, devant l’incohérence de ces propos qui mélangeaient allègrement les responsabilités du chaos ambiant, le fiston, trop éloigné pour se rendre immédiatement auprès de son père, prévint tout de suite les « Autorités » du drame qui se préparait et lança donc un appel au secours pour éviter au Papy une issue funeste.

Le maire, les pompiers et la gendarmerie accueillis sur les lieux à coups de chevrotines en appelèrent au Préfet qui, ne souhaitant pas faire offrande de son corps à la République, diligenta rien de moins que le fameux GIGN.

Cette équipe d’élite, à bout d’arguments, se vit confier par l’entourage que le Papy ayant eu jusqu’à une date récente pour seul compagnon un chien, lui en présenter un pourrait le calmer.

Le maître-chien accompagné de l’animal se présenta donc pour tenter d’amorcer la discussion. Mal lui en prit, puisque du cagibi où il était retranché, le Papy renvoya immédiatement le chien ad patres d’un coup de 12 et aggrava son cas en blessant le pandore au pied.

C’est donc le chef de l’escouade policière qui finalement agrippa et désarma le « forcené » pour le conduire illico presto vers le service psychiatrique le plus proche….

En rangeant la vaisselle du petit déjeuner, on ne pouvait s’empêcher de penser que ce pauvre hère n’était peut-être que le premier d’entre nous à lâcher prise face au déluge de mauvais présages qui de toutes parts nous assaillent en ce moment.

Dehors, il fait soleil, grâce cet été indien, il y aura de nombreux Nantais à la manif....

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