A l'évidence de toutes les hypothèses envisagées pour répondre aux nombreuses questions qui subsistent à propos des éléments d'informations disponibles dans l'affaire DSK, aucune ne colle à la réalité.
La procédure américaine vise, dans un premier temps, à conforter l'accusation et réunir les pièces à charge qui devront emporter la conviction du juge pour une éventuelle inculpation du prévenu.
Au premier acte de cette pièce vécue en direct de part et d'autre de l'Atlantique, DSK se trouve accusé d'avoir abusé d'une jeune femme en l'obligeant à une fellation et d'avoir tenté de la violer.
Il est évident que la procédure américaine n'a rien à voir avec la nôtre et que l'on ne peut se contenter, en France, d'un procès fait à sens unique.
D'où les questions posées dans mon précédent billet et les tentatives maladroites de souligner les incohérences évidentes de ce qui est connu de l'acte d'accusation.
Néanmoins, la longueur de la garde à vue (trente heures),
la rapidité expéditive avec laquelle DSK a été cueilli dans l'avion d'Air France,
la prise d'ADN,
le refus d'une libération sous caution de $1million,
l'incarcération préventive et le passage devant un Grand Jury,
la mise au secret de la victime, déménagée par les forces de police,
tout cela manifeste de la part de la police et de la justice un intérêt évident pour gagner du temps.
Gagner du temps, oui mais, pour quoi faire, quoi démontrer ?
Sera-t-on surpris d'apprendre qu'en définitive, cette triste affaire aboutisse à la tentative d'en élucider une éventuelle autre, plus ancienne et plus grave qui viendrait confirmer la déchéance vertigineuse de quelqu'un qui, hier encore, portait les espoirs d'une grande partie de la population ?
Il n'est pas impossible que ce soit là le but réel d'une procédure qui d'habitude est plus expéditive encore.
Quand bien même, nous devrions apprendre que si DSK, qui dispose d'un appartement de fonction à New York payé par le FMI, a choisi de loger au Sofitel, c'est parce que DSK et cette jeune femme y avaient rendez-vous.
C'est la thèse développée dans l'émission de Dominique Taddéi, Ce soir(ou jamais!).
Cette hypothèse expliquerait la présence de la jeune femme dans la chambre de DSK alors que celle-ci n'était manifestement pas encore libérée et avant l'heure du check out.
Elle pourrait être de nature à expliquer un scenario en deux temps, une fellation suivie aussitôt d'une dispute et d'un affrontement belliqueux. Car on voit mal un prédateur invétéré solliciter une fellation de quelqu'un de réticent, au risque d'y perdre tout ou partie de son attribut.
Suite et fin, après la dispute (rupture ?) la jeune femme s'échappe en menaçant de porter plainte pour violences et tentative de viol mais ne prend pas soin de prévenir le desk de l'hôtel ou sa direction. Ce qui explique que lors du check-out et du paiement de la suite 2806, tout se passe calmement et que DSK puisse prendre son taxi vers JFK et téléphoner à l'hôtel pour demander que son portable soit récupéré.
Cette situation serait si difficile à expliquer pour DSK ? Sa défense est déroutante.
Pourquoi choisit-il de nier l'évidence ? La réponse est vraissemblablement à Paris et contenue dans les engagements que DSK dût prendre à l'égard de son épouse et des mesures de représailles de celle-ci en cas de récidive.
On ne saura sans doute jamais toute la vérité sur cette pénible affaire qui laissera une femme meurtrie à NY et une autre tout autant à Paris. Ce qui paraît clairement, c'est que la carrière de DSK en politique s'est achevée le 14 mai 2010 et dans les pires conditions qui soient, celles d'un prédateur sexuel.
Après le tsunami médiatique, reste la question du choix par le PS de son représentant à la prochaine présidentielle.
Tous les regards de nos commentateurs se portent alors sur une éventuelle candidature de Martine Aubry en lieu et place de DSK. Seraient-ils donc interchangeables ? Martine Aubry confinée au rôle de clone ? La meute journalistique, comme d'habitude, regarde le doigt au lieu de regarder la lune.
En ces temps où quasiment chaque jour de la semaine se voit gratifier d'un tirage de loto ou d'euromillion, n'y a-t-il aucun journaliste pour miser sur une éventuelle candidature de Fabius ?
Grand bourgeois de naissance, super-diplômé, justifiant d'états de service ministériels non négligeables, ayant de surcroît voté non au référendum sur le traité européen, sa candidature devrait être au moins questionnée par nos medias.