Arrière- arrière petit neveu du Cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger et de Carthage où il fut inhumé, prélat anti-esclavagiste et républicain, les moments difficiles que connait la Tunisie en ces jours où son destin hésite entre une victoire prometteuse et une captation de celle-ci par un groupe prédateur, omni-présent dans un gouvernement composé principalement de ceux que la vindicte populaire prétendait chasser; je voudrais interpeller ceux là mêmes qui font commerce de grandes déclarations tiers-mondistes. Et notamment nos "élites" socialistes dont les propos de circonstance et les déclarations soudain solidaires ne trompent personne.
Qu'avez-vous fait du Parti Socialiste ? Où se situe concrètement son engagement aux côtés du peuple tunisien en lutte pour sa liberté, son honneur et sa dignité ?
Ce Cardinal, le 12 novembre 1890, devant les officiers de l'escadre française en escale à Alger, avait entonné la Marseillaise pour clore un toast resté fameux dans lequel il appelait ses auditeurs légitimistes et tous les catholiques à rallier la IIIème République.
Et vous, dans les salons dorés rue de Solférino, qu'allez vous faire quand les télévisions ne solliciteront plus vos avis tardivement pertinents ?
Il fut un temps pas si lointain où le PS dégageait sur ses maigres moyens des crédits pour aider nos camarades étrangers dans la lutte contre les dictatures européennes ou sud-américaines. Il fut un temps où après le décès du caudillo espagnol et afin de soutenir la marche vers une démocratie encore fragile, François Mitterrand constatant que le PS était exsangue financièrement, décida d'envoyer en Espagne des spécialistes des collectivités locales afin d'aider le PSOE à former des candidats crédibles, élaborer un programme d'actions prioritaires nationales.
Bref donner un sens particulier à toute candidature se réclamant du renouveau socialiste hispanique et permettre au PSOE de conquérir nombre de villes à partir desquelles il prouverait sa capacité à gérer et à mieux prendre en compte les besoins réels de la population.
C'était en 1979, la gauche divisée venait de perdre les légisatives et le PS préparait 81, tout comme nous préparons aujourd'hui 2012. Malgré ce programme chargé et ce manque de moyens, une délégation dirigée par Robert Pontillon chargé des affaires internationales et composée d'Antoine Blanca, Michel Delebarre, Jacques Badet (tombeur de Pinay à Saint Chamond en77) et moi-même, s'installa à Madrid pendant un mois, forma une quarantaine de candidats, les ramena en France dans diverses mairies socialistes où ils se familiarisèrent avec leurs futures fonctions pendant quinze jours, et revint en Espagne avec eux pour peaufiner la propagande électorale.
L'histoire retiendra que la quasi-totalité des villes espagnoles furent gagnées par le PSOE lors de ces premières élections municipales, les villes étant gérées auparavant par des alcaldes nommés par le pouvoir central franquiste. C'est sur la base de ces conquêtes que Felipe Gonzales mena le PSOE à la direction du pays.
Ce qui a été concrètement fait à l'époque serait impossible aujourd'hui ? Surveiller un scrutin, en collecter les résultats,rendre impossibles toutes tricheries, former des militants à la gestion de la vie publique, accompagner les responsables en leur proposant des modèles démocratiques, initier avec eux et pour eux des modèles de dévelopement alternatifs rassemblant les exclus de l'intérieur et ceux plus favorisés de la bande littorale, tout cela serait au dessus des forces d'un parti qui se réduirait au nombrilisme des concours de beauté quinquenaux ?
Ou bien serait-ce le cordon ombilical, qui fait encore aujourd'hui du RCD de Ben Ali un pseudo "parti frère", qui empêcherait toute intiative ?
Ne vous réfugiez pas derrière le faux prétexte que le RCD serait membre de l'Internationale Socialiste, ce regettable cousinage n'est plus de saison. Autant il était méritoire du temps de Bourguiba, autant il prête à pleurer au regard des méfaits de Ben Ali et sa clique. Ne pas leur tourner le dos, c'est mettre ses pas dans ceux des relations malsaines de Sarkozy et Bongo fils.
Qui vous empêche d'aider à la création ex-nihilo d'un PS Tunisien répudiant tout compromis avec l'ancienne équipe. Les candidats militants en seraient légion et ce petit pays servirait de phare et de guide à toutes les misères vécues dans les pays limitrophes dont les tyrans tremblent déjà.
Alors, osez ! On vous regarde et votre inaction comptera lourd dans la décision d'aller voter pour vous ou de s'en abstenir en 2012.