Monsieur le Président,
Vous m’avez fait part, ce matin, de votre intention de me nommer Premier Ministre et j’avoue avoir été, un court instant, flatté par cette agréable intention.
Mais, à la réflexion, je me vois contraint de décliner cette offre car les mois qui s’annoncent devraient porter le pays à un degré de chaleur telle que j’y brûlerai sûrement le vaisseau de Matignon ainsi que le vôtre par la même occasion.
Le projet de loi portant réforme du régime général de retraite a bien été voté par le Parlement en des termes respectant en tous points les impératifs désignés par votre conseiller Soubie qui faute d’un Woerth convaincant en a remplacé l’avatar.
Mais le malaise persiste et je crains qu’il ne s’agisse d’une victoire à la Pyrrhus.
Manifestement le pays est désenchanté et ne sait plus qui croire du Président qui déclarait ne pas avoir reçu de mandat pour toucher au régime des retraites déjà remanié par votre Premier Collaborateur Fillon, et ce même Président qui vient d’imposer sa réforme sans concession ni débat digne de ce nom avec la complicité active de celui qui justement en avait, quelques années plus tôt, diligenté la refonte.
Les millions de Français qui défilèrent dans la rue ne sont rentrés dans leurs usines ou leurs bureaux que pour mieux attendre le prochain conflit qu’à l’occasion d’un prochain discours ou d’une prochaine lubie vous ne manquerez pas de leur imposer.
Privilégiant l’action publique calme et réfléchie, convaincu de l’absolue nécessité d’une politique contractuelle fondée sur l’examen serein des réalités auxquelles nous devons faire face, je ne me sens pas à même d’endosser la fonction proposée aimablement par vos soins.
D’autant que dans les semaines qui viennent vous vous consacrerez totalement aux destinées du monde à la présidence du G8 et du G20, plaçant de facto Matignon sous l’autorité sourcilleuse de Guéant et de ses disciples.
Compte tenu de la menace réelle d’une nouvelle crise financière, à laquelle nous ne saurons faire face puisque nos finances publiques sont exsangues, compte tenu de l’échec prévisible d’un accord général sur la parité des monnaies mondiales, compte tenu des dérèglements que ces deux facteurs risquent de provoquer dans notre économie et son climat social à fleur de peau, permettez-moi Monsieur le Président de vous conseiller de dissoudre l’Assemblée, perdre cette élection, démissionner de votre présidence et surtout tout faire pour que votre remplaçant soit de gauche.
Au cours de votre mandat, vous avez démontrer brillamment combien vous détestiez la gauche sous toute ses formes, alors Monsieur le Président, laissez moi vous dire que le pire des cadeaux à lui faire serait de favoriser son accès rapide au pouvoir.
Compte tenu du merdier que vous laisserez derrière vous, votre victoire sera totale.
Quant à moi Monsieur le Président, vos avez bien compris que : MATIGNON, très peu pour moi.
Respectueusement, votre très dévoué ….