Dernier avatar de l’affaire « Bettencourt -Woerth - Sarkozy » le procureur Courroye manœuvre pour que la juge d’instruction soit dessaisie de la partie du dossier Bettencourt relatif à l’abus de faiblesse dont aurait été victime Eliane Bettencourt au bénéfice d’un gigolo.
Dans cette affaire le pouvoir sarkozyste prend toutes dispositions afin de faire cesser les fuites d’informations vers la presse . Il a déjà frappé lors de la mise en lumière du rôle éventuel joué par un membre du Cabinet de MAM dont le répertoire téléphonique révélait des contacts fréquents avec des journalistes du Monde.
Aujourd’hui, il récidive, en utilisant des moyens illégaux, pour mettre à mal la juge d’instruction chargée du dossier, au motif qu’elle aurait eu, elle aussi, de nombreux contacts avec un journaliste du Monde et notamment avec le co-auteur d’un livre qu’elle a publié récemment.
Coûte que coûte, par tous moyens, le pouvoir tente de vider la mer avec un seau de plage….
Alors que dans le soucis d’une bonne administration de la Justice, le dépaysement de la totalité de l’affaire «Bettencourt- Woerth - Sarkozy» aurait dû être envisagé et aurait été applaudi par tout le monde judiciaire, c’est à un dépaysement du seul dossier confié à la juge d’instruction que la manœuvre en cours parviendra.
On s’interrogera sur la probité du juge qui sera le récipiendaire de cette patate chaude, mais ce serait oublier que la majeure partie du dossier scandaleux restera entre les mains du procureur Courroye dont l’enquête préliminaire n’est pas affectée par ce dépaysement.
Ce procureur, nommé là contre l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature, ami personnel de Sarkozy, et dont le nom est cité dans les bandes enregistrées par le majordome de la maison Bettencourt, se démène depuis le début de cette affaire pour recueillir à son seul profit et sans contrôle judiciaire autre que son bon vouloir, la totalité des pièces et documents de preuves saisis par la police à sa demande.
Un telle instrumentalisation de la Justice au seul bénéfice du pouvoir en place, au vu et au su de tout le monde, démontre, s’il en était besoin, l’arrogance et le sentiment d’être au dessus des lois de l’oligarchie qui nous gouverne.
Les manifestations contre la pseudo réforme des retraites rencontrent le soutien de la population car cette dernière y valide ainsi sa condamnation d’une injustice criante.
Or, ce qui se trame autour de l’affaire Bettencourt vient de façon inopportune souligner le cœur de la matrice principale du pouvoir sarkozien : l’injustice que la rue dénonce.
Réputé pour être un stratège redoutable, Sarkozy semble cette fois ne pas maîtriser le tempo du calendrier.
Dans cette tentation manifeste de vouloir cacher l’essentiel d’un dossier compromettant sous le tapis de procédures pernicieuses, Sarkozy et ses affidés dépassent de très loin la simple maladresse pour atteindre l’Obscène.