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Billet de blog 25 avril 2010

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gorge profonde

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’était en Février 2011, je m’en souviens bien, les enfants étaient partis à la neige…

La grande salle d’audience du tribunal correctionnel de Lille est pleine à craquer, la presse a monté l’affaire en épingle car de la décision qui en sortira, le résultat final de la prochaine élection présidentielle sera susceptible d’être impacté.

Toute la gentry nordiste s’est précipitée pour assister au spectacle. Les mêmes qui affichent leur mépris pour les corridas, souhaitent assister en direct à la mise à mort. On reconnaît aux premiers rangs des avocats célèbres, des hommes d’affaires et même quelques personnalités artistiques soucieux de rappeler leur existence à l’occasion du reportage que les chaînes de télévision, toutes présentes, passeront en boucle.

La prévenue se débat becs et ongles depuis deux longues journées d’audience.

- Non, elle n’est évidemment pas au courant de cet emploi fictif !

- Non, elle n’avait pas à l’époque les moyens de connaître par détail la liste précise des employés du Palais des Congrès.

- Oui, elle affirme que cette affaire est montée de toute pièce pour l’empêcher de présenter sa candidature à l’élection présidentielle et que nous sommes en présence d‘une malveillance, d‘une évidente instrumentalisation de la Justice.

A son tour,elle instruit le procès du Sarkozysme dont les membres les plus influents se font, à longueur d’antenne, les gorges chaudes de ses ennuis judiciaires.

L’enjeu est de taille en effet.

Après avoir éliminé tous les autres candidats du PS à la présidentielle de 2012, ne rechignant sur aucun moyen, aucune alliance, aucune triche dans l’élection au poste de Premier Secrétaire, elle se trouve rattrapée par une affaire qu’elle croyait bénigne.

Le juge revient avec autorité sur le cœur de l’accusation :

- Comment expliquez vous que Madame Brigitte D fut, de 94 à 99, rémunérée par le Palais des congrès, sans jamais y mettre les pieds, sans jamais avoir exercé quelque mission que ce soit pour le compte de cet établissement ? Pourquoi prétendez vous ne pas la connaître, alors qu’elle fut une des rares personnes du Parti Socialiste en 1999 à être élue députée au Parlement Européen dans la circonscription incluant le Nord Pas de Calais ? 

Sans se démonter la prévenue passe à l’attaque:

-Vous pouvez vérifier que je n’ai été élue à la mairie de Lille qu’en 1995 et donc que je n’ai pas pu la recruter en 1994 .

Le Procureur :

- Personne ne le met en doute, mais à compter de 95, c’est vous qui êtes chargée des affaires économiques et prenez en main la vice présidence exécutive du Palais et selon les dépositions recueillies auprès du personnel, vous validez la présence de Madame Brigitte D sur la liste des employés et sa rémunération avantageuse est maintenue. On peut mettre en cause l’ancien maire, aujourd’hui disparu, mais vous en avez été, en l’espèce, une complice active. Une enquête auprès de l’URSSAF a démontré que ces salaires ont été régulièrement versés. C’est pourquoi je demanderai au Tribunal de vous condamner au remboursement in solidum avec l’intéressée des sommes concernées et pour ce qui vous concerne, au regard d’une jurisprudence constante, je demanderai une inéligibilité de deux ans et de plus…

Le staccato assourdissant du réveil m’extirpa de mon profond sommeil !.

J’avais la gorge sèche, la bouche pâteuse. Mal réveillé, pavlovien, j’écrasais d’une main lourde ce vieux réveil qui me ramenait à la réalité. Non, quelque chose clochait, en ce mois d’Avril 2010, l’ancien maire était encore bien vivant. Donc ce n’était qu’un mauvais rêve, je n’avais pas réellement provoqué l’interruption prématurée d’une carrière prometteuse.

Je m’en voudrais tellement d’avoir chamboulé le République

Qu’est-ce qui m’avait conduit vers de telles divagations ? La prémonition ?

Impossible de me souvenir.

Cherchant à l’aveugle mes chaussons avec mon pied droit, je posais celui-ci sur la page de couverture d’un livre encore ouvert :  "Martine à la plage"….

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