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Billet de blog 29 novembre 2010

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Les prédateurs sont à nos portes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand on entend parler des fameux "marchés" qui ne sont pas gentils avec nous pauvres contribuables, on s'imagine touours avoir à faire avec un vieil Américain, bien gras et fumant le cigare au volant de sa Cadillac rutilante. Avec le temps, on découvre que l'image qu'on s'en faisait n'est plus réelle puisque les banksters auraient plutot le look djeun, voire acnéïque, surfant grace à internet sur des tableaux de chiffres et de courbes qui indiquent en instanné la valeur des cotes et selon les couleurs leurs tendances à la hausse ou à la baisse. On les imagine même perdant tout contrôle sur leurs machines, celles-ci étant programmées pour jouer les moutons de Panurge en cas d'alerte...

De toutes ces images, vraies ou fantasmées, il en est une qui est récurrente : ces spéculateurs adictes à leurs machines se comportent comme des joueurs espérant le jackpot au casino et se soucient comme d'une guigne de mettre en péril toute l'économie européenne, puisqu'ils sont loin, travaillant sous d'autres lattitudes.....

Et bien il va falloir revoir notre imagerie car, en réalité, les prédateurs sont parmi nous.

Toutes les dettes souveraines des pays de la zone Euro sont attaquées alors que ces mêmes pays ont dû s'endetter pour sauver nombre de banques de faillitte et leur éviter le sort de Lheman Brothers. Il en ressort que les taux d'intérêt s'envolent dès que ces états s'adressent aux marchés bancaires pour emprunter et combler leur déficit.

Or que constate-t-on ? Comment sont structurées les dettes souveraines ? Qui les détient ? Qui prête ?

Fin 2009, la dette irlandaise atteint 64% de son PIB, soit 104 milliards d'€ . 75 milliards sont détenus par des non résidents dont 15 pour les seuls britanniques et donc 60 Milliards pour les établissements européens continentaux.

La dette souveraine de la Grèce est possèdée à 78 % par des non résidents dont 85% en zone €uro.

La dette portugaise est elle aussi possédée à 78% par des non résidents dont 80% en zone €uro.

La dette souveraine espagnole n'est détenue par des non résidents qu'à 55% dont 65% en zone €uro.

L'Italie se distingue avec une dette souveraine pesant 115% de son PIB mais n'est détenue qu'à 34% par des non résidents.

La dette souveraine de l'Angleterre, qui explose en ce moment, n'est détenue qu'à 28% par des non-résidents; pour les USA c'est la parité alors que le Japon dont la dette approche les 200% du PIB ne dépend de l'étranger que pour moins de 5% .

Les pays qui se sont laissés aller à financer leurs dettes en faisant appel à l'étranger, y ont perdu tout moyen de contrôle en internationalisant celle-ci. Plus vous dépendez de l'étranger; moins vous avez les mains libres.

Et la France dans tout ça ?

Notre dette souveraine n'est détenue que par 55% par des non résidents, mais car il y a un mais, 45% des sommes empruntées relèvent de prêts accordés par des établissements hors Europe. C'est donc la dette la plus internationalisée, donc ce sera la plus volatile en cas d'alerte.

Il ressort de ce qui précède, qu'en fait les principaux spéculateurs contre les dettes souveraines sont justement les établissements européens pour lesquels les Etats ont mis des milliards d'€uros sur la table suite à la crise des subprimes ! Et pas question de ne pas les laisser jouer à leur aise avec nos nerfs car ils se réfugient derrière un argument qui nous a déjà été faussement servi par Sarkozy: la défense de l'éprgne, de notre épargne.

Le vrai problème (sans compterle banksterisme) c'est que tout cela n'a qu'une vision à court terme. Car un effondrement de la zone €uro se traduirait immédiatement par un effondrement de l'épargne que ces banques prétendent défendre.

En prétendant sauver les pays endettés de la faillitte, ce sont nos propres banques tout juste sorties du marasme des subprimes il y a peu, que nous allons encore sauver alors qu'elles affichent des bénéfices indécents en prêtant à taux fort l'argent qu'elles obtiennent quasi gratuitement de la BCE en contrepartie du dépôt en garantie d'actifs pourris (+4% de différentiel pour les prêts à la Grèce !).

Alors, oui, soyons bien conscients que les prédateurs sont parmi nous, à nos portes.

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