Patrick Artinian

Journaliste à Mediapart

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Billet de blog 28 mars 2013

Patrick Artinian

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Vente aux enchères de la collection de disques de Pierre Mondy

Evoquer le nom de Pierre Mondy renvoie inexorablement au théâtre de boulevard, aux téléfilms et autres comédies populaires, mais celui qui incarnait le sergent chef Chaudard dans l’inénarrable Mais où est donc passé la 7ème compagnie cultivait depuis toujours un jardin secret, le jazz, une passion à laquelle il consacrait temps libre et argent, regroupant plus de 100 000 disques vinyles et Cds dans une pièce spécialement dédiée de son domicile parisien.

Patrick Artinian

Journaliste à Mediapart

Evoquer le nom de Pierre Mondy renvoie inexorablement au théâtre de boulevard, aux téléfilms et autres comédies populaires, mais celui qui incarnait le sergent chef Chaudard dans l’inénarrable Mais où est donc passé la 7ème compagnie cultivait depuis toujours un jardin secret, le jazz, une passion à laquelle il consacrait temps libre et argent, regroupant plus de 100 000 disques vinyles et Cds dans une pièce spécialement dédiée de son domicile parisien.

         Ni trop vieux, ni trop moderne, rarement novateur, son jazz à lui était un “middle“ jazz des années quarante et cinquante avec une nette inclinaison pour le big band, Stan Kenton, Duke Ellington ou Count Basie. Suite à son décès en septembre dernier, sa famille a décidé de disperser la collection et c’est le vendredi 22 mars à Drouot que s’est tenu la vente aux enchères, une première en France.

         Plus qu’un amateur, “il était un véritable militant “ se souvient Arnaud Boubet, expert pour la vente et propriétaire du Paris Jazz Corner, une boutique de disques où Mondy avait ses habitudes à deux pas de Jussieu,. “Il venait généralement le samedi après-midi et repartait avec une pile entière sous le bras. Et s’il manquait un samedi, il réapparaissait la semaine suivante en s’excusant d’avoir sauté un tour.“ Un fidèle parmi les fidèles qui laissait de gros chèques.

         Mandaté par le commissaire-priseur, Boubet s’est attaché durant l’hiver à constituer les quelques 200 lots de la vente, beaucoup des disques sortaient de sa boutique, allant parfois d’un unique album jusqu’à des caisses regroupant plusieurs centaines de CDs.

         Estimée aux alentours de 70 000 €, la vente a atteint allègrement les 90 000 € et même si certains, en rédigeant leurs chèques, maugréaient sur les coûts exorbitants atteints par quelques-uns des lots, tout est parti, les acheteurs s’arrachant même la poussiéreuse chaîne hifi que personne n’avait jugé bon de nettoyer un brin avant la vente. A simple titre d’indication, le préampli, certes un McIntosh C28, s’est vendu près de 40% plus cher que ce que l’on pouvait trouver en même temps d’occasion, révisé et mis à jour dans une boutique parisienne spécialiste du genre.

Record de la vente, un album vinyle de Sonny Clark en trio, pressage original américain du label “Blue Note“, enregistré par le célèbre ingénieur du son Rudy Van Gelder : 1300 €.

L’acquéreur, un autre client de Boubet , “l’enregistrera sur bandes avant de le ranger et de le conserver précieusement. Lorsqu’il souhaitera l’écouter, il le fera à partir de son magnétophone“.  Toutes ces contorsions pour ne pas avoir à user la relique. Médaille d’argent à un album du bassiste Paul Chambers, toujours du vinyle, toujours chez Blue Note et toujours enregistré par Rudy Van Gelder : 1100 €.

Et si la majorité de la collection de CDs s’est vendu “au poids“, certains coffret du très réputé label américain Mosaic ont crevé les plafonds : 600, 700 et jusqu’à 880 € pour un coffret Nat King Cole vendu en son temps dans le commerce aux alentours de 100€, un record.