C'est dans le grand cadre de l'évolution qui nous dépasse que j'écris ici. La visée est d'apporter de quoi contribuer à mettre de l’ordre dans ses pensées pour sa conduite personnelle comme citoyen. L'enjeu le plus large, vu du pion qu'est chacun de nous, est d'établir un lien avec le tout pour y avoir un impact.
1 - Le constat fait au 11 novembre 2020
À ce jour, les dès semblent jetés. Joe Biden est reconnu largement dans le monde comme étant élu. En revanche, Donald Trump n’a pas jeté l’éponge et se reconnait comme victorieux ; il veut dénoncer des fraudes et il semble vouloir s’engager avec tonicité dans des actions pour faire bouger l’esprit des américains, voire les lignes dans le monde réel.
Cela a lieu dans notre monde qui montre ses menaces majeures, ses crises, radicalisations, tensions, oppositions, guerres, ses pauvretés et misères. Et ont lieu des changements mondiaux indéniables dont l’issue est inconnue et possiblement dramatique. Les interrogations existentielles ne manquent pas.
Le symptôme fort de tout ça peut être vu dans ces élections américaines en cours, après quatre années de présidence Trump, tweeter l’ayant aidé dans sa gestion de l’empire américain.
Cette image du tweet est là pour montrer que nous sommes en transition, dans des situations complexes paradoxales, à l’heure de la numérisation et portés par des peuples fragiles et manipulés du fait de leur ignorance, sans qu’ils en soient directement responsables, comme peuples face à leurs oligarchies. Surtout ne pas développer le savoir des peuples, ni leur esprit critique, ni le regard de chacun sur lui-même ?
2. Le lien explicatif avec mon histoire personnelle
Je dois dire d’entrée que je suis triste que l’Amérique en soit arrivée là, à ce qu’elle nous montre. Je suis sensible à ce grand pays depuis longtemps. J’y avais habité entre mes 10 et 12 ans (1953-55). Ce fut marquant car ces deux années faisaient suite à une année en banlieue parisienne (Cormeilles-en-Parisis), en maison avec jardin mais dans la France pauvre d’après-guerre. Auparavant et depuis que j’avais 15 mois d'âge, nous étions en famille dans les colonies, Algérie, Maroc, Sénégal. Je me souviens qu'à Pensacola en Floride où nous habitions, on disait en 1955 que l’Amérique avait 20 ans d’avance sur la France.
J’ai par la suite longtemps idéalisé l’Amérique que je connaissais peu. Pendant longtemps aussi, je ne m’étais pas vraiment intéressé à la politique, pour cause d’autres intérêts personnels. Ce fut assez récemment que je suis entré un peu, et de plus en plus, dans les arcanes de la politique. Lors de l'été 2000, à Washington, j’ai eu un choc.
Cet été-là, j’étais heureux d’être aux USA pour quelques semaines, où je n’étais pas retourné depuis 1955. Je visitais le Musée de l'histoire américaine. Et voilà que sur une brochure je découvre qu’à l’indépendance des États-Unis, les grands propriétaire terriens qui dirigeaient ces colonies de la couronne britannique, avaient transféré leurs dettes pprivées au nouvel État. Cette nouvelle nation avait donc pris racine ainsi ! Là fut le choc.
Ces grands bourgeois propriétaires et dirigeants s'étaient donc doublement servi : fin du rançonnement anglais et fin des dettes ! De plus, conjointement à l’indépendance extérieure, il y eu prise de pouvoir sur le peuple, politiquement et économiquement. Et il y eu institutionalisation de leur autorité de classe, dans leurs actes-mêmes et par la Constitution. Celle-ci a institue une démocratie représentative, dans la forme que nous connaissons. Créations de toutes pièces. L’élan inégalitaire était donné.
3. La nature institutionnelle de l’ancrage américain
Voilà ce que dit le préambule de la Constitution américaine, acceptée le 17 septembre 1787 par une convention réunie à Philadelphie, et appliquée depuis le 4 mars 1789.
- « Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d'établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d'Amérique. »
On peut voir que l’accent est mis sur la liberté. Cela peut se comparer à notre Constitutions française qui a toujours inclus la trinité républicaine Liberté - Égalité - Fraternité, née à la Révolution de 1789. La devise est lumière dans la nuit. Elle fait toujours projet à actualiser. Et elle est rambarde à tenir pour avancer droit, humainement, et pour tenir en cas d’ébranlement.
Il y a 20 ans, lors de ma reprise de contact avec les USA, j’avais perçu concrètement les écarts de niveaux de vie des gens. J’ai eu le sentiment que l’Amérique avait peu avancé depuis les années 50 que j’avais connues. Et aujourd’hui, j’apprends que 15 milliards de dollars ont été utilisés pour la campagne électorale 2020, le double de l’année dernière ; c’est là un indicateur significatif de l’importance et de l’influence de l’argent sur le destin du peuple américain, et du monde vu le rôle d’empire des USA dans notre monde.
Par la place prise par l’argent, j’ai progressivement compris le phénomène oligarchique, le système de domination et la structure historique et culturelle des États-Unis. J’ai fait des liens avec les épreuves passées de son peuple, entre mise au rancart-extermination des peuplements d’origine, esclavagisme et guerre de cessation, lutte anticommuniste et homophobe d’après-guerre avec le Maccarthysme, « néo-libéralisme » impitoyable avec Reagan, qui a creusé les inégalités et la pauvreté. Puis Trump est arrivé, il y a quatre ans.
4. L’état des lieux aujourd’hui
Je suis triste aujourd’hui de constater l'état politique, social, économique, et environnemental des USA et je suis triste qu’il provienne en final de toutes sortes d’excès, d’abus, de faussetés et d’égoïsmes de pouvoir, enracinés dans les pensées et les actes des premiers américains devenus indépendants, et continués par les dirigeants qui leur ont succédé et ont continué à faire régner leur loi, jusqu’à aujourd’hui, sous couvert de démocratie, et de soit-disant humanisme ; ce furent paroles plus qu’actes humanistes d’élévationn et d’épanouissement des américains.
Je fais aujourd’hui le constat d’une régression du bien-être et d’une désunion grandissante et cela m’attriste au regard de ce que je lis dans le préambule de la Constitution. Où sont les progrès de bien être et de paix à l’intérieur ? Et la prospérité des plus faibles ? Leur pauvreté fait plus postérité que leur richesse et leur émancipation. Sans parler des violences faites au monde extérieur, commises par les USA, violences morales et physiques à d’autres peuples ; défendre la Constitution et notamment "pourvoir à la défense commune" passe-t-il par ces violences extérieures ?
5. Trump
Comme le montre les élections américaines,Trump est clivant. Les analyses faits sur lui sont controversées. Bien qu’atypique par ses comportements personnels et ayant bousculé l’establishment, il n’a pas fait de révolution.
Pour rendre copte concrètement, voilà ce que vient d’écrire un de mes fils, dans un échange en famille. Je me permets de le reporter ici.
« Trump n'était-il pas un représentant des lobbys pétroliers qui ont fait sortir les USA de l'accord de Paris, un destructeur de l'environnement qui a démantelé les lois protégeant les aires naturelles, un enfant du Kukluxklan raciste d'extrême droite, un misogyne violeur, un ploutocrate, un allié objectif de l'empire chinois et russe etc.? ».
- « … j'ai bien entendu Trump lui-même dire à la télé qu'il fallait attraper les femmes par la chatte, dire que le réchauffement climatique n'existe pas, que les parcs naturels américains protégés depuis plus de 100 ans devaient être démantelés, que l'Alaska était le nouvel eldorado pétrolier, que la sécurité sociale était une idée de gauchistes extrêmes... Ce n'est pas le monde et les grands médias qui le disent c'est Trump qui exprime lui-même d'ailleurs suffisamment sur Twitter. Cela fait plus de 4 ans qu'on connaît ses idées politiques et économiques, ses actions de démantèlement des lois sociales et environnementales américaines etc… »
- « Je ne suis pas sûr que Trump soit un vrai patriote. Il a méprisé les vétérans de l'armée américaine tout en promouvant les intérêts des marchands d'armes de la NRA. Bien sûr qu'il fait partie de la super classe, et de la plus mauvaise en plus. Son soucis des ouvriers et des déshérités américains de la mondialisation, je n'y crois pas du tout : c'est complètement instrumentalisé. Il est représentant du pouvoir patronal : ´you are fired' est son expression favorite, il s'en fiche des droits des salariés. C'est un grand manipulateur sans vergogne ´bullshits’ ‘fake news' c'est sa seule argumentation contre ceux qui pensent pas comme lui....
Un autre fils a écrit :
- « Il y a une superclasse mondiale et Trump malgré sa richesse n’en fait pas parti car c’est un anti-mondialiste et un vrai patriote américain qui veut juste rendre son pays plus prospère et plus proche de son histoire. C’est pour ça que cette superclasse, et sa version américaine qui est l’état profond (une sorte de mafia basée sur l’appareil militaro industriel depuis l’après guerre) veut sa mort politique. Bush était dans le système. Trump est le président atypique de ces 50 dernières années si ce n’est pas plus. »
Le troisième fils, à propos d’une vidéo au sujet de possibles fraudes électorales :
- « C'est un peu gros ... Il y a un trucage. Les paroles ne correspondent pas aux mouvements des lèvres ! »
Les questions que l’on peut se oser sur Trump ressemblent plus à des affirmations.
- Trump a-t-Il a trompé son peuple au point paradoxal de se faire aduler par une grande part de ceux qui souffrent de fait et toujours de l’autorité politique, mais sans l’avoir conscientisé ?
- L’électorat s’est-il d’autant plus fidélisé qu’il y a eu une sensible amélioration de son sort sous l’ère Trump ?
- L’autorité de Trump a-t-elle été protectrice ou plutôt démagogique ?
Une part de ses électeurs populaires inconditionnels sont contents de sa réussite économique, laquelle est toujours fondamentalement inégalitaire et favoritiste, portée par le système néo-libéral en place que Trump sait manier à merveille à son bénéfice personnel.
6. L’effet Trump ?
En final, où est l’esprit critique, d’autonomie et indépendance des gens aux USA, issus de leur démarche d’indépendance ? Comment a été éduqué le peuple américain ? Au regard de la promesse du préambule de la Constitution américaine, le peuple est-il mieux maintenant ? Qui dirait qu’il n’y a pas eu dégradations fondamentale ?
Le constat fait penser que Trump est le fidèle représentant du type d’abus, d’excès, de faussetés et d’égoïsme des dirigeants des États-Unis. Au détriment du peuple. En revanche, à l’extérieur, Trump n’a pas fait de nouvelle guerre. Mais l’état du monde et de ses peuples s’est-ll amélioré grâce à Trump, sous la mainmise américaine ?
Maintenant Trump pousse des cris d'orfraie pour dénoncer des soit-disantes fraudes aux élections. Ainsi, celui qui est apparu amuseur, fraudeur et voleur affirme-t-il qu'on lui a volé son élection. Et l’on voit un archevêque qui dénonce aussi la fraude ; certes il n’y a pas de loi sur la laïcité aux USA, mais quand même, quelle réserve ? On sait en France le chaos du mélange des genres entre religion et direction d’un pays riche de son hétérogénéité.
Ceci étant dit, certains mettent en avant et défendent un « trumpisme ». Il se manifesterait par une forme de lutte contre « l’État profond » à l’intérieur. L'état profond, lié à l'establishment, serait la classe oligarchique de fait, fondée dans l’historique complexe militaro-industriel et de plus en plus dans le complexe médico-industriel, sans parler des barons de la politique et maintenant des nouveaux riches du numérique. Le trumpisme se manifesterait aussi à l’extérieur par un recadrage des alliances et des relations d’État et par un retrait des conflits armés. Le tout serait bienfaisant pour les États-Unis.
L’ennui c’est que Trump, qui serait initiateur de ces orientations porteuses d’avenir, se montre imprévisible et incorrect, peu fiable et crédible sur le fond. Et il est irrespectueux d’institués intérieurs et extérieurs qui ont montré leur utilité. Il n’a rien démontré de positif humainement parlant. Ne montre-t-il pas finalement et avant tout une centration sur lui-même, son peu de souci humaniste et son jeu personnel erratique et théâtral ? Comment un tel caractériel, pervers et sanguin, sied-il à diriger les USA.
7. L’après Trump ?
J’ai dis ce qui précède en étant conscient de l’incertitude quant à la valeur de l’information courante et des supports médiatiques. Je cherche à faire la part des choses et à ne pas me laisser entrainer par des séducteurs producteurs d’information qui fait spectacle, notamment sur des chaines tv de la Toile, ni par les médias entre les mains de milliardaires influents, ou tirés par des intérêts autres que la sortie de l’ignorance. et la pertinence pour la vie, pour la pensée et l’action, individuelles et collectives.
Comment les États Unis se remettront-ils de leur mal endémique et de longue date basé sur la fausseté, la manipulation pour asseoir le pouvoir et ses jeux pour exploiter le peuple et pour répandre au dehors une mise en dépendance de pays et de zones régionales de notre monde ? Cela, par présences subreptices et masquées, par intimidations et menaces impériales de toutes sortes, par abus financiers et juridiques, et par la force des armes, éventuellement cachées, et contre des innocents.
Quel rôle jouera le nouveau président élu des USA ? On dit, probablement en partie en réaction à l’ère Trump, qu’il changera la donne, sera apaisant et transformateur. Il se montre en effet professionnel et assez calme et déterminé. Et il y a sa vice-présidente qu’on dit prometteuse. Cela permet-il d’espérer, par les quatre nouvelles années de pouvoir, une transition vers un « après » autre, réjouissant et épanouissant, ancré dans l’humain, pas dans la finance. On peut en douter fortement. Cela vu l’ancrage historique des nouveaux leaders dans l’establishment. Sauf catastrophe ouvrant à tous les possibles,, la révolution n’est pas pour demain.
À court terme, l’après de la crise électorale en cours, créée par de renoncement de Trump à reconnaitre sa défaite, est inconnu. L’horizon de sortie de crise peut être très court si le moyen de la force directe était utilisé dans les post-engagements électoraux dans la rue. Il ne semble pas que les choses prennent cette direction. Trump semble plutôt se donner bonne raison et bonne conscience en préparant les esprits à son après-trumpisme : l’élection de novembre 2024 ?
Plus largement, l’après de la crise mondiale devra être structurellement différent, comme est différent le lit de la rivière après l’orage et après les torrents de boue, de galets et de rochers. Le contexte mondial en est favorable-défavorable car il y a incertitudes fortes dans les crises cumulés et mondialisées, entre covid 19, dégâts climatiques, pauvreté et famines, conflits et guerres, tensions de diverses sortes, déplacements de population, etc. De plus, l’esprit des gouvernants et des peuples inféodés montre de plus en plus de crispations nationales sur l’identitaire. Le dérèglement climatique planétaire menace. Menace aussi l’affaiblissement des corps humains ; ceux-ci sont intoxiqués par l’alimentation industrialisée, les traitements chimiques divers, y compris médicaux, le stress généralisé, sans parler des manques fondamentaux, nourriture, eau, et aussi affection et amour. Et les équilibre mondiaux ont évolué, la Chine prend sa place, l’Inde et l’Afrique montrent leurs potentiels.
Quant aux élections américaines, une réflexion est à mener pour les futures élections. Une question est celle des tailles et natures de fraudes acceptables par le jugement humain et institutionnel, qui n’entameraient pas la raison d’être de ces élections. Cela, et plus largement la validité réellement démocratiques des élections sont à juger par tous et par les pouvoirs en place, via les processus interactifs entre peuple et dirigeants ; mais l’exigence démocratique US actuelle, bien basse, le permettrait-elle ? En final, et en prenant assise sur la philosophie des Lumières, quelle révolution est à faire et comment pour aller vers une démocratie effective, hors accaparement oligarchique caché sous le voile de démocratie participative ?
Les enjeux sont la vie des gens. À très court terme, c'est ne pas risquer une dérive vers une guerre civile, en mettant notamment de l’huile sur le feu. Les enjeux sont aussi le fonctionnement efficace et harmonieux des institutions dans leurs raisons d’être, et du pays dans son ensemble. Espérons que l’en-cours produira du bénéfice vraiment humain, et à terme les impératifs changements structurels, démocratiques et humanistes.
8. Un commentaire général
Je dirai avec recul que non seulement c’est dans la nature de l’homme de tendre à vivre dans le monde hors-sol de ses représentations mentales, mais en plus, le monde réel qui lui est présenté est artificialisé -et peu art- par l’impact concret de la pensée et de la parole depuis que l'homme est homme. Or les pensées et actions sont augmentées et accélérées jusqu’à leur déshumanisation par la numérisation et les algorithmes. L’homme est-il capable de suivre, à défaut de même précéder ?
Cela a lieu à l’ère de l’information et de la communication dans laquelle nous sommes. Cette ère est anthropocène avec ses dégâts mondiaux. Ère sous mainmise du pouvoir oligarchique et de son assise que l’on appelle aujourd’hui « État profond ». Quelle la compétence, l’adaptabilité, ainsi que la motivation et la détermination de celui-ci ?
En faisant ces courts commentaires questionnants, on peut mesurer l’enjeu et la taille du changement global nécessaire : changer, ralentir et apaiser les processus sociaux–économico–politiques, en les rendant notamment vraiment démocratiques, pour que s’installent d’autres contenants de vie humaine et que nos contenus de pensée et de cœur s’humanisent.
Comment envisager cela sans donner sa juste place à ce que l’on ne peut que nommer amour, au sens large et profond d’accord harmonieux, cela au même titre que la pensée et la raison doivent avoir la leur, de place.
Probablement les élections américaines actuelles sont-elles le symptôme de la décadence humaine actuelle et l’indicateur de ce qu’il y a maintenant à faire, pour nous « repenter ».
Chacun de nous est à la fois le pion et le tout, puisque chacune de nos cellules porte en elle l’évolution depuis le Big-Bang. C’est bon de le savoir.
Patrick Banuls, le 16 novembre 2020