Cette chanson est donc un pastiche de L’affiche rouge ; elle ne s’adresse plus aux résistants du Groupe Manouchian, les 23 communistes des Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) fusillés en février 1944, mais aux résistants du FLNKS qui ne sont pas tous noirs.
Deux couplets de l’Affiche grise qui s’adresse à tous les Calédoniens du Destin commun.
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Vous aviez vos portraits aux murs de nos gazettes,
Noirs de barbe et de nuit, hirsutes, menaçants,
Affiches grises ressemblant à des taches de sang,
Parce qu’à prononcer vos noms sont des gâchettes,
Y cherchait un effet de peur sur les passants.
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Ils n’étaient que 14 quand les votes fleurirent,
Contre 19 Pour, mais 19 abdiquant,
14 fiers Kanak après le dépouillement,
Voulant vivre, surtout ne pas mourir
Pour la belle Kanaky contre les impudents
…
Les derniers mots du billet précédent concernant Bougival n’étaient pas ceux d’un gay luron ; j’avais déjà, bien avant, levé le pied d’un autre billet au sujet de la Métropole (l’éventuelle suspension de la réforme des retraites et le numéro d’acrobates entre Lecornu et le PS concernant le vote du budget).
Peu de réactions ce mardi matin 9 décembre à Nouméa (encore le 8 là-bas) au lamentable vote de la veille : rien encore sur le Caillou en début de matinée. Le quotidien Le Monde se distinguait néanmoins avec son article fort à propos au titre qui s’étire comme un jour sans pain.
« Sollicité pour avis par le gouvernement, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie s’est prononcé lundi 8 décembre sans exprimer de majorité claire sur le projet de "consultation anticipée" sur l’accord signé en juillet. Une séance qui a démontré l’impasse dans laquelle se trouve le dossier calédonien. […] Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) avait appelé ses partisans à un "sit-in pacifique" devant le Congrès, à l’heure de l’examen du texte, le 8 décembre. Manifestation interdite par le haut-commissariat, qui a donc bouclé le quartier. Une mesure exceptionnelle, les manifestations, y compris politiques, étant habituellement autorisées à se dérouler devant l’institution ».
Il est piquant de remarquer qu’à part cet article de Métropole, la seule réaction rapide dudit Hexagone vint de Corse, d’ Unità Naziunale, le portail d’information de la Lutte de Libération Nationale Corse qui soutient toutes les luttes de libération.
Excellent résumé de la situation : « Ce résultat contredit les déclarations récentes de la Ministre des Outre-mer selon lesquelles cette consultation serait soutenue par l’ensemble des forces calédoniennes ».
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Je suis maintenant aussi écœuré par la tournure des discussions en Métropole : les écolos menaçant de s’abstenir sur le vote du budget dépenses de la Sécu, un petit amendement du gouvernement augmentant la hausse des dépenses d’assurance maladie (de 2 à 3 %) tentait de sauver le navire en perdition : en cas d’abstention ou de vote contre de ce groupe, ce budget serait probablement rejeté et une motion de censure pourrait peut-être être déposée et votée ; malgré Édouard Philippe qui semble prêt, avec ses maigres troupes, à s’abstenir.
« Alors que les écologistes ont voté vendredi contre le volet recettes du budget de l’État, le patron du PS Olivier Faure a espéré pour sa part lundi que le "geste du gouvernement" d’augmenter l’objectif des dépenses d’assurance maladie "les amènera à faire le bon choix" sur le budget de la Sécu ».
On attend en outre les réactions de ce PS au sujet du vote du Congrès du Caillou alors qu’il était contre cette initiative de Moutchou-Lecornu...
Le vote se tiendra aujourd’hui 9 novembre à Paris à l’Assemblée nationale, mais tard dans la nuit du Caillou.
Mon canard préféré (après le Canard enchaîné...) Médiapart propose le 8 décembre 2025 en début de soirée en Métropole (le matin du 9 ici) une belle analyse de la situation du PS ; j’attends encore la réaction de Médiapart sur la journée du 8 à Nouméa…
« Alors qu’Olivier Faure a ouvertement appelé ses troupes à voter en faveur du projet de loi de financement de la Sécurité sociale mardi, le suspense reste total quant à l’issue du scrutin. Retour sur des semaines de rebondissements durant lesquelles s’est scellé l’accord entre le PS et les macronistes ».
« Sourire aux lèvres, Hannibal Smith, héros de la série L’Agence tous risques, place un gros cigare entre ses dents, avant de lancer : "J’adore quand un plan se déroule sans accroc". L’image animée a été envoyée mercredi 12 novembre par Jérôme Guedj, chef de file du Parti socialiste (PS) sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), sur la boucle des députés de son groupe à l’Assemblée nationale. Et le post a fait rire plus d’un de ses collègues ».
« Mais un mois plus tard, l’ambiance n’est plus à l’optimisme. Et c’est peu dire que le "plan" ne se déroule plus comme prévu. Alors qu’il avait répété durant des mois que le vote "pour" du PLFSS n’était "pas une option", voilà Olivier Faure contraint de se dédire. "Je plaiderai devant mon groupe pour que nous votions pour ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale", a-t-il indiqué lundi 8 décembre sur BFMTV. […] C’est donc un scrutin à très haut risque qui s’annonce mardi 9 décembre, sur l’ensemble du texte "de compromis" » sur le budget de la Sécurité sociale. Retour sur cinq mois de montagnes russes qui ont vu naître un accord brinquebalant entre les socialistes et le chef du gouvernement ».
On vous laisse savourer la suite.
Mathieu Dejean propose, toujours sur Médiapart à la même date, une analyse encore plus raide.
Enfin une réaction d’une loyaliste radicale : Virginie Ruffenach sur RRB en début de matinée du 9 décembre.
https://www.youtube.com/watch?v=1GcQ8SqRdG0
Elle ne dit pas grand-chose. Sauf qu’elle insista très lourdement sur son refus de tenir les prochaines consultations (éventuel référendum à la Moutchou et Provinciales) avec le corps électoral gelé : on croyait que la question était cependant réglée par l’État. L’interviewer (Jean-François Bodin) lui faisait remarquer que l’on ne savait rien des conclusions des trois missionnaires de la cellule d’écoute repartie sans remettre le moindre rapport et sans livrer la plus petite information, après avoir indiqué elle était au courant de ses intéressantes propositions… (top secret donc). Enfin, elle déclarait que la Calédonie avait été « forcée » d’intégrer des compétences non régaliennes (une grande partie de l’enseignement, financés cependant encore par l’État, autour de 50 GCFP par an : 5 % du PIB calédonien courant ces dernières années) et refusait qu’après le plan quinquennal annoncé, l’État (plus de 260 GCFP, soit un peu plus de 50 GCFP par an) décidait tout arrêt de subvention en dehors du financement des compétences régaliennes.
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J’espère qu’un nouvel alignement des planètes à l’Assemblée nationale vengera celui du 8 décembre à Nouméa ; c’est méchant, mais j’assume cette malveillance et pour tout dire je m’en fiche. Ce sera, dit-on, serré pour le vote du budget de la Sécu : en gros, comme à Nouméa, on assistera sans doute encore à un bal des faux-culs avec des tas d’abstentions et rien ne sera réglé.
Las, j’arrête cependant de râler : vous avez le droit d’en savoir un peu plus… Sur Franceinfo, soirée du 9 décembre à Paris.
« Le texte, dans lequel figure notamment la suspension de la réforme des retraites, va de nouveau être examiné par le Sénat, mais sa version finale devrait ressembler à celle adoptée par les députés. […] Une victoire pour Sébastien Lecornu. Le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) a été adopté à l’issue d’une nouvelle lecture à l’Assemblée nationale, mardi 9 décembre, à une très courte majorité, grâce notamment au soutien du Parti socialiste. Dans le détail, 247 députés ont voté pour, 234 ont voté contre et 93 se sont abstenus. Les socialistes ont obtenu plusieurs gages dans ce PLFSS, dont la suspension de la réforme des retraites et l’abandon du doublement des franchises médicales ».
Sur le Caillou, LNC (avec AFP, en début de martinée du 10 décembre) est plus précis, surtout concernant les positions du PS et des Écolos, critiqués par LFI.
« Après le vote, Sébastien Lecornu a salué une "majorité de responsabilité" qui a permis l’adoption du texte, et des députés exerçant de "manière nouvelle leur rôle de législateur", en l’absence de 49.3, retiré de l’équation en échange d’une non-censure des socialistes. "Cette victoire" est "d’abord celle du Parlement", a abondé le patron du PS Olivier Faure, l’autre responsable politique qui aurait été particulièrement impacté par un échec. L’issue du vote était particulièrement incertaine du fait du refus affiché par les dirigeants des Républicains et d’Horizons de soutenir le texte ».
« Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI, dénonçant un "changement d’alliance" des socialistes, et appelant les écologistes à revoir leur position d’ici le vote définitif. Celui-ci pourrait avoir lieu "la semaine prochaine"… ».
« Au gouvernement, on considère que l’adoption du budget de la Sécu pourrait entraîner une dynamique positive pour celui de l’État, actuellement au Sénat et sensiblement plus difficile à faire adopter, en l’absence d’une mesure aussi forte que la suspension de la réforme des retraites. "Ce sera difficile", a d’ailleurs reconnu mardi Sébastien Lecornu. "Nous en sommes très, très loin" a souligné Olivier Faure, appelant le gouvernement à avoir "la même approche" que sur le budget de la Sécu ».
Que l’Histoire retiendra-t-elle ? Victoire du PS ou de Lecornu ?
Pas d’alignement des planètes donc...
Agrandissement : Illustration 1
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Petit ajout du 11 décembre
Au Sénat à Paris, le 10 décembre, on a commencé à discuter des suites du curieux vote du Congrès du Caillou : bref échange tendu entre le sénateur indépendantises Robert Xowie et la ministre Naïma Moutchou, selon NC 1ère du jeudi 11 ; voir et entendre les vidéos.
Rien de nouveau.
Xowie : « Ma question porte sur la méthode à marche forcée de l’État. Alors que Bougival n’a pas été validé par les bases du FLNKS, que le Congrès s’est prononcé le 8 décembre sans majorité […] et que votre affirmation selon laquelle cette consultation serait "voulue par les forces politiques locales" est démentie par ce vote, vous choisissez pourtant d’avancer ». Il évoque évidemment la non-majorité pour le texte soumis au Congrès boulevard Vauban de Nouméa.
Moutchou : « Il n’y a pas de méthode forcée. Avoir envisagé la consultation des Calédoniens, c’est la définition d’un exercice démocratique. Donner la voix à ceux qui sont concernés […], ça n’est pas un passage en force. [ …] … le Congrès s’est prononcé le 8 [décembre] à une majorité de 19 voix favorables à la consultation et au texte qui doit l’encadrer ». Elle corrige ainsi le sénateur : une abstention ne l’emporte pas sur un vote pour ou un vote contre. Elle continue : « C’est un paysage politique dispersé, je ne dis pas le contraire. Le gouvernement est en train d’analyser les avis écrits de chaque formation politique annexés à cet avis rendu par le Congrès. Il poursuit les consultations avec l’ensemble des parties prenantes pour déterminer la suite à donner ».
Dans sa réponse de 15 secondes maximum Xowie termine par : « Vous demandez au peuple de se prononcer sur un texte inachevé, juridiquement contesté et sans consensus local. Vous nous donnez des leçons de démocratie […], quel comble pour un gouvernement qui se refuse à écouter la parole de son propre peuple ».
Joli parallèle entre ici et là-bas… Et la langue de bois et le dialogue de sourds vont sans aucun doute continuer !