
Les luttes de classes en Allemagne : la Révolution d’octobre des coLibs en 1875 et la tentative de soutien de Charlot et Lou aux luttes anticoloniales. Marx-Engels et le « socialisme d’État » de Bismarck
La première Révolution d’octobre : celle des coLibs en Allemagne
Après le match nul en France à la suite de la Révolution des Communes françaises, le trouple formé par Lou, Mickey et Charlot est contraint de retourner en Belgique, à la Friterie Charlot. Les journées de la semaine étaient toujours les mêmes, mais ils ne s’en lassaient jamais : travail de direction avec les cadres du mouvement et des délégations de la société civile dès tôt le matin ; bonne chère bien arrosée de vin de Moselle le midi, en trouple ou entre amis ; bonne chair lors des siestes améliorées ; travail après la sieste ; encore bonne chère au diner ; coucher très tôt le soir, avec le même jeu que pour la sieste.
Celui qui gagnait au 421, midi et soir donc, entre Charlot et Mickey, Lou comptant les points, gagnait Lou : il fallait laisser faire le hasard. D’ailleurs, un jour sur deux, c’était le contraire : Lou tirait au hasard Mickey, Charlot ou un tiers (ou une tierce) qu’elle pouvait choisir ; pas la moindre domination masculine ou féminine dans ce jeu amoureux. Au début des relations du trouple, la séduction était encore de mise pour organiser les siestes et les nuits. Mais la séduction reste un rapport de pouvoir ; Mickey, Lou et Charlot le savaient, chacun et Lou se remémorant leur talent d’orateur qui faisait souvent la différence dans les réunions ou les congrès. On tenta donc de supprimer ce biais ; quelquefois, Lou trichait en comptant les points : les talents des amants n’étaient pas exactement les mêmes dans les ébats et, malgré la loi des grands nombres, il arrivait que l’un gagnât plusieurs jours de suite. Les femmes se lassent vite ; donc elle trichait ; les deux laissaient faire. Lou avait en outre le droit, mais pas plus de trois fois par semaine, de donner son joker : elle se couchait seule ou avec un ami ou une amie de passage ; cette possibilité était également ouverte, dans les mêmes conditions, aux deux hommes. Sauf une nénette en coup sec, la plus basse combinaison possible, la combinaison 2, 2, 1 (c’était la règle pour permettre la pause, coup rare) où les siestes améliorées et les nuits à deux étaient suspendues. Les siestes et nuits et l’organisation technique du mouvement révolutionnaire se suivaient ainsi avec presque une régularité d’horloge. Charlot ne rendait hommage à ses autres femmes (dont Jenny et Lenchen et quelques autres) que les fins de semaine, du vendredi au dimanche compris ; Mickey pouvait participer ; avec en gros, les mêmes règles qu’avec Lou. Le règlement ne permettait pas, curieusement, les rapports homosexuels entre Mickey et Charlot : la morale des coLibs avait ses limites au sein du trouple ; mais ils étaient permis, sinon encouragés dans l’organisation de la société qu’ils proposaient. L’organisation des petits groupes est plus compliquée que celle de la société…
De Bruxelles, ils organiseront les classes laborieuses allemandes où la situation sociale était très tendue, attendant des jours meilleurs pour la France qui était partie le cul entre deux chaises. La situation économique et sociale depuis 1869 est en effet explosive en Allemagne : perte de la bataille de Sadowa en 1866 ; crise économique de 1869 avec rechute en 1873 ; Révolution française de 1870-1871, certes ratée, mais qui a interdit la volonté de Bismarck de se venger de la défaite face aux Autrichiens en tentant une victoire militaire contre la France, d’autant plus que l’Autriche prolongeait son accord secret avec la IIIe République, ce que Bismarck finit par comprendre.
Metternich, le grand diplomate autrichien, après Waterloo et le Congrès de Vienne, géra l’équilibre des puissances en Europe ; il fut en fait son gendarme jusqu’au milieu du siècle. Il eut un fils peu avant la bataille qui abattit Napoléon Ier ; il mena la même politique étrangère que son père. Avec une diplomatie secrète hors du commun avec Napoléon III, il se fit aider par des milices françaises parlant l’allemand (tous de l’Alsace) lors des préparatifs et de la bataille de Sadowa : c’est l’une des explications de la victoire autrichienne[1]… Le Chancelier Bismarck ne put pas faire proclamer un Premier Reich allemand ; c’était son projet en cas de guerre et de victoire contre la France, et à Versailles en plus ; Guillaume resta Roi de Prusse. Bref, l’Allemagne paraissait, aux yeux de notre trouple dirigeant, le maillon faible du capitalisme.
La quasi-victoire des Communes, du moins la non-défaite, venait de montrer que la stratégie des coLibs avait du bon : après le match nul en France, il fallait tenter d’aller plus loin. Toujours déguisé et sous de fausses identités, le trouple se rendit à Berlin ; Charlot et Mickey parlaient allemand, la belle Lou était une amie française, mariée avec l’un, sœur de l’autre ; les services allemands ne virent que du feu. Fermant les fenêtres et les rideaux, le train-train de la vie à trois continua son cours sans alerter ces services.
L’action des coLibs ne fut pas si facile : Freddy, l’ancien copain de Charlot tentait d’organiser depuis Londres ce qui restait de communistes purs (les cocos) et de réformistes ayant refusé, à sa demande, la nouvelle stratégie de Charlot. Les rapports de Freddy, se prétendant toujours adepte de l’ancienne théorie de Charlot, cependant un peu ou très revisitée, furent, au départ, difficiles avec le mouvement ouvrier allemand. Freddy se brouilla avec Ferdinand Lassalle, ancien membre de la Ligue des communistes, mais qui tentait de négocier[2] avec le gouvernement de Bismarck sur la question du suffrage universel et le développement de coopératives ouvrières de production, avec l’assistance de l’État bourgeois ; « Presque du Pierrot-Joé ! » hurla Freddy. Heureusement pour ce dernier, Lassalle mourut en duel pour une sombre histoire de cul l’année de la création de l’Internationale en 1864[3]. Freddy, mettant de l’eau dans son vin, puis du vin dans son eau, alterna, par de nombreux allers-retours, de la vision réformiste de la lutte ouvrière à la vision la plus révolutionnaire, mais la plus sectaire, s’opposant toujours aux coLibs. Sans grand succès.
Les coLibs eurent du mal à s’implanter en Allemagne au début des années 1850, mais montèrent, après Sadowa, vers le haut du pavé ; ils s’étaient transformés, au moment des Communes françaises, en parti politique (les Allemands adoraient les partis…) avec l’autorisation exceptionnelle de Mickey : le Parti anar-coco d’Allemagne. Charlot, Mickey et Lou n’eurent pas de mal à faire adopter en 1875 lors de son Congrès de Gotha (petite ville allemande de Thuringe) leur programme anarcho-communiste : celui des coLibs maintenant amendé par le nouvel accord entre Charlot et Mickey et revu par Lou. Une grande grève générale suivit, durement réprimée, mais soutenue par des actions non violentes (les premières en Europe : des sit-in, des Nuits perchées, sans doute l’influence de la pensée libertaire) des barrages massifs et non armés, mais vêtus de gilets rouges et noirs, sur les carrefours (on ne parlait pas encore de ronds-points) sur tout le territoire de Prusse ; les préfets allemands étaient débordés et hésitèrent à tirer sur ces foules de civils ; on se civilisait... Une grande partie de l’armée se souleva, d’une part à cause du blocage des soldes décidé par Bismarck dans le cadre de la politique de rigueur pour lutter (vainement) contre la crise économique qui était repartie de plus belle en 1873, d’autre part par la frustration de la défaite de Sadowa. La prise du Palais d’été de Bismarck lors de cette Révolution d’octobre 1875 fut un jeu d’enfant.
D’abord atterré, Louis II de Bavière (dont les sentiments libertaires étaient cachés) soutint immédiatement la Révolution prussienne et s’y associa, malgré le putsch de la Brasserie ou putsch de Munich, fomenté par Bismarck en fuite, vite étouffé. L’envoi des hommes de Louis II partout en Allemagne permit la victoire de la révolution qui ne tenait qu’à un fil : sans Louis II, Bismarck aurait gagné ! La Bavière joue toujours les trouble-fête en Allemagne… Le jeune roi (il a 30 ans en 1875) avait, il est vrai, des rapports très conflictuels avec Bismarck qui lorgnait avec avidité la Bavière. Pas de guerre de 1870, pas de Premier Reich : la Bavière ne devint donc pas la vassale de la Prusse.
Louis était le fils de Maximilien, un homme éclairé et même progressiste : il fonda des institutions de charité, prit des mesures en faveur de l’emploi, se prononça contre le travail des enfants et voulut faire de la Bavière catholique un contrepoids entre la Prusse et l’Autriche[4]. Il eut une grande influence sur son jeune fils qui sera également un peu progressiste[5], un peu foufou et homosexuel assumé[6] quoique culpabilisé, soutint l’Autriche contre la Prusse en 1866 (le point commun de la religion catholique n’explique pas tout) et sera le mécène de Richard Wagner[7].
Cette Révolution d’octobre, non pas prolétarienne, mais populaire au sens le plus profond (une alliance de classes entre prolétariat, paysannerie et petite bourgeoisie des villes prenant leur revanche sur les défaites de 1849) n’eut pas à se défendre contre les autres États qui l’entouraient. La République populaire d’Allemagne, la RPA était née et survécut. La France, qui avait évité la guerre avec la Prusse et de fait alliée à l’Autriche, se délecta, comme sa partenaire, de la chute de Bismarck ; le tsar russe fit un pacte secret avec le nouveau pouvoir (le Pacte germano-russe) : il n’était pas encore militairement prêt à l’affronter car le mouvement paysan interne commençait à prendre de l’ampleur, peu calmé, au contraire, par l’abolition du servage de 1861.
L’organisation sociale prévue par le Manifeste des coLibs de 1852 puis amendée après l’alliance avec Mickey, fut mise en place où s’associèrent en fédérations politiquement et économiquement gérées par autogestion et une politique monétaire (avec baisse des taux d’intérêt de la Volksbank, la Banque du peuple) et budgétaire de grands travaux et de dépenses militaires (on n’est jamais trop prudent !). Le chômage disparut en quelques mois, la croissance économique fut l’une des plus fortes de l’Europe : L’Allemagne ne connut pas la Grande dépression.
Vacances anticolonialistes de Lou et Charlot en Nouvelle-Calédonie et la Révolte d’Ataï
Après la mort de Mickey en 1876, Lou et Charlot s’ennuyèrent un peu à Berlin et à Bruxelles. Ils faisaient sans arrêt des allers-retours entre les deux Capitales : Charlot avait laissé la conduite de la Friterie Charlot à Jenny et à ses autres maîtresses ; les revenus de la friterie étaient donc en partie dépensés à Berlin. Le pouvoir était pris en RPA, ils savaient déléguer et la vie amoureuse ronronnait : finies les parties de 421 avant les siestes et le soir après le diner. Ils décidèrent de partir en catimini en vacances studieuses dans une Île de l’océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie. Vacances au soleil certes et sous les cocotiers, mais surtout mission anticolonialiste pour soutenir les autochtones contre la colonisation française : il n’y avait pas que la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, la lutte anticoloniale était aussi à mener, et si on pouvait emmerder un peu les Français…Et le climat devait être plus agréable au milieu de l’Océanie qu’en Irlande.
C’est surtout Lou qui eut cette idée : elle était curieusement attirée par cet archipel qui était devenu un bagne mais aussi une colonie de peuplement par une poignée de colons libres ; on disait que si la « drôle de guerre » des Communes s’était muée en véritable guerre civile perdue, beaucoup de communards survivants auraient été déportés ou transportés là-bas. Elle eut comme un regret. On disait aussi que les natifs se promenaient nus, les hommes protégeant cependant leur sexe dans un étui pénien, le bagayou : Lou voulait voir… Aussitôt dit, aussitôt fait. Toujours les rois du déguisement et les deux parlant parfaitement français (Charlot avec un petit accent qu’il décrirait comme alsacien) les voilà partis comme colons au bout du monde. Un voyage en bateau de 4 mois quand même…
En 1877, sur peut-être 40 à 50 milliers d’habitants en Calédonie[8], les deux tiers étaient kanak (disons 30 milliers), le reste se divisait en gros moitié-moitié, 7 à 8 milliers, entre colons (dont administration, armée, police et matons ; mais aussi colons arrivés librement) et bagnards. Charlot et Lou hésitèrent entre s’installer à Bourail, sur la côte ouest, ou chez les Canala, sur la côte est ; ils choisiront Bourail, car Charlot s’était renseigné : autour du petit bourg beaucoup d’Algériens déportés après la Révolte de Mokrani[9] en Kabylie s’y étaient ou allaient s’installer : avec sa tête de Maure, il passerait ainsi inaperçu.
Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est qu’à peine arrivés sur le Caillou (appellation affectueuse courante de cet archipel) se déclencha la Grande révolte kanak, ou l’Insurrection kanak, ou encore, pour les Kanak, La Guerre d’Ataï qui commença en juin 1878, au début de l’hiver austral[10]. Ce fut la plus grande opposition armée des Kanak à la colonisation depuis la prise de possession de 1853. La colonisation agricole avait commencé, avec des immigrants européens colons libres et anciens bagnards ; la pression sur les terres des Mélanésiens se faisait de plus en plus forte ; et surtout le bétail des colons dévorait de plus en plus les cultures indigènes de tarots et d’ignames.
Ataï n’était pas n’importe qui, grand chef kanak de la tribu de Komalé, dans la vallée de Fonwhari-La Foa sur la côte ouest, il tenta de négocier avec le gouverneur au Fort Teremba : l’histoire est bien connue des Kanak : il déversa d’abord un sac de terre : « Voilà ce que nous avions », et ensuite déversant un sac de pierres : « Voici ce que tu nous as laissé ». Au gouverneur qui lui conseille de protéger ses champs par des clôtures (le monde à l’envers) il rétorque : « Quand mes taros iront manger ton bétail, je construirais des barrières »[11]. C’est en trop pour les chefs kanak qui préparaient en secret une insurrection sous le commandement d’Ataï, pour, tout simplement, attaquer Nouméa[12]. Ce ne sera en fait qu’escarmouches et petites batailles qui firent quand même deux cents morts chez les Européens et plus d’un millier chez les Mélanésiens. Ataï fut tué et décapité par un auxiliaire kanak, le Canala Segou, de la tribu de Canala[13], bourgade actuelle de l’est de l’Île et aujourd’hui l’un des centres indépendantistes les plus radicaux[14].
Charlot et Lou ne purent participer à l’insurrection, ils durent se réfugier avec d’autres colons au Fort Teremba (entre les villages de La Foa et Moindou, au sud de Bourail) la seule place forte au début du conflit que les Kanak ne purent emporter : les fusils Chassepot étaient plus efficaces que les sagaies, les frondes et les tamiocs (les haches)… Tout ce voyage pour ça, les anticolonialistes kanak n’étaient pas des enfants de chœur et n’auraient sans doute pas fait la différence entre des colons racistes et des coLibs venus s’enquérir des luttes indépendantistes et les soutenir.
Lou ne vit pas d’étuis péniens, Charlot eut les peurs de sa vie, car les munitions des fusils Chassepot commençaient à manquer à Fort Teremba. Ils rentrèrent à Berlin avec une halte en Australie.
La lutte acharnée du socialisme marxiste contre le « socialisme d’État » de Bismarck, mais par encore « national… »
Bismarck est sans aucun doute à l’origine de l’État providence ou au moins de l’intervention de l’État avec le réformisme social pour contrer la révolution ouvrière. Ce que Bismarck appellera donc plus tard son « socialisme d’État » n’est qu’une arme contre le communisme allemand qui sera, dès 1870, le plus important mouvement marxiste de toute l’Europe, et de très loin. Et pas besoin de jouer les amoureux de la classe ouvrière comme Louis-Napoléon : il avoua son cynisme : des ouvriers à qui on promet les assurances maladie et la retraite ne feront pas la révolution ! Et ça a marché !
La tradition de l’économie antilibérale en Allemagne ne date pas de Bismarck, mais de Friedrich List, avec son ouvrage le Système national d’économie politique de 1841 et son « protectionnisme éducateur » : pour lutter contre le capitalisme libéral et libre-échangiste largement dominant de Grande Bretagne, il faut être, pour une Allemagne naissante, protectionniste et interventionniste. Ensuite, les économistes dominants sous Bismarck restent de farouches antilibéraux dont un dénommé Wagner (Adolf, pas Richard) et Gustav Schmoller qui polémiqueront avec la curieuse école néoclassique autrichienne. C’est ladite Methodenstreit qui est plus qu’une querelle de méthode, mais une dure opposition de pensée économique et sociale qui mit face à face, de 1870 à 1880, Carl Menger, fondateur de l’école autrichienne très libérale et Gustav Schmoller, l’interventionniste allemand : on refaisait la bataille de Sadowa.
Bismarck réussit donc son coup : par son interventionnisme social, il évita la Révolution. Mais pas besoin de ce Socialisme d’État pour expliquer le passage des sociaux-démocrates (c’est-à-dire des marxistes à l’époque, répétons-le) au réformisme : il en fut de même en France.
Deux mots cependant, car Marx et Engels sont intervenus dans l’histoire du futur SPD, le Parti social-démocrate d’Allemagne (en allemand Sozialdemokratische Partei Deutschlands) qui fut fondé en 1875 (avec un nom différent, renommé SPD en 1891). Le programme de Gotha[15]du nouveau parti en voie d’unification va être vivement critiqué par Karl Marx. La Critique du programme de Gotha est écrite par Marx en 1875 à la veille du congrès d’unification[16] ; son efficacité fut moins évidente contre le réformisme venu du marxisme que contre l’anarchisme. Malgré cette critique, coup d’épée dans l’eau, ce programme va orienter, beaucoup plus tard, la gauche allemande vers la voie réformiste et l’acceptation des règles démocratiques. À la fin, Engels ne fut pas loin de l’accepter.
Le programme admet le développement de coopératives ouvrières de production, avec l’assistance de l’État bourgeois : une référence cachée à Proudhon se mêlant au réformisme ; une trahison aux yeux de Marx ! Rappelons que ce dernier avait (selon mon hypothèse) tout fait pour ne pas ébruiter la théorie de Proudhon du taux d’intérêt zéro qui aurait pu donner des biscuits aux réformistes se réclamant du marxisme ; ce fut donc seulement un peu raté, car la théorie de Proudhon ne prit jamais dans le révisionnisme allemand. Pourtant, revers de la médaille, la critique de Marx présente aussi une dimension anti-étatiste, que l’on avait trouvée, on l’a vu, dans La Guerre civile en France : il réitère que l’État allemand reste dans ces conditions un État bourgeois à briser, que celui de la dictature du prolétariat n’est qu’une phase transitoire et que l’objectif des communistes reste l’abolition de l’État. Toujours notre Karl qui aurait pu se transformer en Charlot…
Notes de bas de page
[1] Dans l’uchronie…
[2] C’est aussi le cas dans l’Histoire vraie.
[3] Également vrai…
[4] Toujours vrai dans l’Histoire.
[5] Pas trop dans la vraie vie où la Bavière fut en fait la vassale de la Prusse ; Bismarck se débarrassera de Louis II en 1886 en le déclarant fou (il l’était sans doute) et peut-être en le suicidant.
[6] On parle plutôt « d’amitiés étroites avec des hommes ». Il se fiance avec sa cousine germaine (à ne pas confondre avec Sissi) mais fait des pieds et des mains pour rompre. C’est vrai dans l’Histoire.
[7] Wagner qui avant d’être admiré par Hitler, et, sur le tard, devenu fieffé réactionnaire, antisémite radical et chantre de l’élitisme et du culte d’une autre nation élue (la Nation allemande) fut à ses débuts un révolutionnaire engagé, dès les années 1840 où il se lie aussi d’amitié avec Bakounine et participa en 1849 à l’insurrection de Dresde. C’est aussi vrai dans l’Histoire.
[8] Environ 269 milliers d’habitants aujourd’hui dont environ une moitié de Kanak ou métis se sentant kanak ; mais la proportion se discute (voir Patrick Castex, Kanaky Nouvelle-Calédonie indépendante ? Écrit-Tic, L’Harmattan, Paris, 2018).
[9] C’est dans l’Histoire. La Révolte de Mokrani, aussi appelée l’Insurrection de 1871 en Algérie, est la plus importante insurrection contre les forces coloniales françaises depuis le début de la conquête d’Alger en 1830 et avant la guerre d’Algérie commencée en 1954 ; elle est menée essentiellement par des tribus kabyles qui pensaient profiter de la défaite militaire française contre l’Allemagne. Ce ne fut pas une mince affaire, mais la révolte fut matée ; certains Kabyles furent déportés à Cayenne ou en Nouvelle-Calédonie (on les nomma les Algériens du Pacifique). Certains participeront à la répression de l’insurrection d’Ataï, contre remises de peine.
[10] La Guerre d’Ataï se passa aussi dans l’Histoire.
[11] Il y eut quelques incidents auparavant, mais pas de véritable guerre ; en 1917, une autre insurrection eut lieu dans le nord de la Calédonie, essentiellement sur fond de refus des Kanak à l’envoi forcé en France pour participer à la guerre contre l’Allemagne.
[12] Toujours vrai dans l’Histoire ; de même que ce qui suit.
[13] La répression contre la révolte ne put s’effectuer que grâce à cette importante tribu. Alain Saussol, dans En marge de l’insurrection Kanak de 1878 : nos « fidèles alliés Canala », mythe ou réalité ? (Journal de la Société des Océanistes, 136-137, 2013) doute de la version officielle ; voir sur la Toile :
https://journals.openedition.org/jso/6952
Saussol tente une explication qui montre que tout aurait pu basculer...
[14] Louise Michel, déportée politique mais déjà libérée en 1878, conte la scène dans ses mémoires comme si elle y était. « Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits ! […] Entre les cases nègres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes des blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux. Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomahawk, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andja, qui se servait d’une sagaie comme d’une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs. Il aperçut Segou. Ah ! dit-il, te voilà ! Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomahawk qu’il tenait du bras gauche ; ses fils tombent, l’un mort, les autres blessés … ». Louise Michel aurait dû écrire tamioc plutôt que tomahawk ; sauf que le mot kanak tamioc est bien dérivé du mot amérindien qu’elle utilise.
[15] Celui du vrai congrès, pas celui de l’uchronie.
[16] Voir par exemple sur marxists.org. ou UQAC :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_Marx/critique_progr_gotha/critique_progr_gotha.html