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Patrick Castex

Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Billet de blog 30 avril 2025

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Le retour de Godot-Valls sur le « Caillou », Jour 1...

Le ministre français des Outre-mer est « Sur un fil au-dessus des braises » écrivait le quotidien Les Échos. Mais pas encore de scoop pour cette veille du Premier Mai

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Le journal économique Les Échos[1] n’est pas le seul (loin de là, et on l’a déjà indiqué) à adhérer au pessimisme de mes billets précédents, en écrivant « En déplacement à Nouméa, le ministre des Outre-mer espère arracher un accord sur l’avenir institutionnel de l’archipel, alors que les positions des formations politiques locales semblent toujours difficilement conciliables », mais sa formule choc dont la paternité revient à Valls lui-même, évoque bien que ça sent le roussi.

Je propose d’analyser jour après jour l’évolution de l’aventure du ministre des Outre-mer en insistant sur ce que raconte la presse du Caillou. Trump s’était donné 24 heures pour que la paix revienne en Ukraine ; difficile... Valls se donne jusqu’au 8 mai mais annonce déjà que ce sera difficile.

Déjà mentionnée dans mon billet précédent, l’intervention de Valls lors de son passage devant le « Grand Jury » de RTL le dimanche 27 avril continue de faire naître des commentaires[2]. Une nouvelle version du projet d’accord devait être remise le mercredi 30 avril, aux négociateurs qui inclura des sujets économiques : « "Nous prendrons nos responsabilités et nous mettrons sur la table un projet qui parlera de la société calédonienne, du redressement des finances des collectivités territoriales, de l’avenir économique et notamment du nickel, de l’avenir de la jeunesse", a déclaré Manuel Valls à nos confrères. Des sujets qui jusqu’alors demeuraient en marge des discussions. NC Éco, structure rassemblant les organisations patronales, s’en était d’ailleurs inquiété il y a quelques jours, insistant sur le caractère urgent du redressement économique ». Et toujours avec une extrême prudence sur le sujet institutionnel : « "J’espère, avec les propositions que nous allons faire, trouver ce chemin qui est difficile, qui concilie, qui réconcilie, les points de vue opposés", a ajouté le ministre des Outre-mer, souhaitant "un accord qui permette de concilier et le droit et l’aspiration à l’autodétermination, et le lien avec la France" ». Je ne reviens pas sur les deux sens possibles de ce lien... Et Valls d’ajouter, indique encore l’article : « La réforme du corps électoral, sujet sensible s’il en est, ne pourra s’intégrer que dans ce projet d’accord global. "Sinon, nous risquerions de nous retrouver dans la même situation qui a abouti aux émeutes", a averti Manuel Valls ». Le roussi sans doute, mais ne pas mettre une nouvelle fois le feu...

À peine arrivé, Valls n’a pas caché, le soir du jour 1, la difficulté de sa mission (« Un accord ou le chaos », rien que ça) lors de son interview[3] au JT de NC 1ère. On n’apprend pas grand-chose de nouveau, hormis que le nouveau document préparé par Valls, qui restera encore secret, ne sera remis que vendredi ; ce qui va sans doute embarrasser le FLNKS qui prévoyait de l’analyser jeudi pour savoir s’il continuerait de négocier.

...

Et pendant ce temps-là, le Collectif pays pour le dialogue[4] né après l’insurrection de la seconde quinzaine de mai 2024, se réveille, juste avant l’arrivée de Valls : Patrice Godin (anthropologue et indépendantiste) prend la parole au JT du dimanche 27 avril[5]. Pas de quoi changer le cours des choses, mais tous ces sages, ces vieux (ce n’est pas une insulte en Calédonie, bien au contraire) ont des choses à dire.

Je m’étonne que Louis-José Barbançon[6] ne fasse pas partie de la bande, lui, historien calédonien éminent se disant de droite éclairée et qui avait avec l’indépendance des rapports ambigus ; il annonçait avec un génie prémonitoire, fin mars 2024, exactement ce qui allait se produire le 13 mai avec son papier titré 1984-2024 et sous-titré Il est encore temps ; sa seule erreur était son sous-titre...

Le 1er mai sera aussi un jour férié pour les négociations ; mais pas pour la politique dans l’Hexagone où l’on se bouscule déjà à gauche pour la candidature à la présidentielle. Mais là, je suis hors sujet ; qu’importe.

Après la proposition par Lucie Castets[7] d’une « primaire des gauches la plus large possible » (elle s’y voit peut-être...) Mélenchon jouant probablement cavalier seul, François Ruffin, ce n’est pas une surprise, s’y voit déjà (au moins à cette primaire) ainsi que Clémentine Autain et, plus discrètement Marine Tondelier réélue à la tête des Verts de gauche. Pour cette dernière, arrivée cependant première au dernier Congrès, cette éventuelle primaire à la Castets « n’a pas sa préférence » : elle lui préfère une « primaire des territoires », comprenne qui pourra.

Certes, la gauche unie arriverait au second tour[8], avec, au premier tour, 26 % des voix, mais loin derrière le RN avec 34 %, sans compter le reste de l’extrême-droite : 7 % de plus. Cependant la droite unie, hors RN, ferait peut-être 29 % si elle était unie !

Illustration 1

En cas de gauche divisée en LFI et le reste, on arriverait à 28 % dont 8 % pour LFI (loin des meilleurs scores de Mélenchon !)

Illustration 2

Pour le second tour que ferait la gauche unie contre le RN ? Curieusement, pas de réponse des sondeurs ! Un sondage Odoxa de fin avril donnait Édouard Philippe devançant le RN (Le Pen ou Bardella) avec 54 %.

Notes

[1] Voir son édition du 30 avril 2025 :

De retour en Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls « sur un fil au-dessus des braises » | Les Echos

[2] Voir, le 28 avril :

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/manuel-valls-en-nouvelle-caledonie-de-nouvelles-thematiques-dans-le-projet-d-accord-1581809.html

[3] Voir et entendre :

REPLAY. "C’est un accord ou le chaos", selon Manuel Valls, retrouvez son entretien sur Nouvelle-Calédonie la 1ère

Voir aussi tout le JT, avant et après, l’entretien avec Valls :

Le 19h30 : Édition du mercredi 30 avril 2025 - Nouvelle-Calédonie La 1ère : le replay en streaming

[4] C’est la réunion de divers membres connus de la société civile du Caillou, de différents bords politiques ; sans être injurieux, c’est un peu, par construction, une sorte de Club du Troisième âge...

On peut consulter sa page Facebook :

https://www.facebook.com/collectifpayspourledialogue/

On peut retracer son histoire en consultant, par exemple, milieu juin 2024 :

Crise en Nouvelle-Calédonie : formation d'un "collectif pays" pour renouer le dialogue

Puis fin juillet :

Collectif Pays pour le dialogue : "Les Calédoniens expriment plus de convergences que ce qu’on imagine" | Les Nouvelles Calédoniennes

Et surtout fin août :

Le "Collectif pays pour le dialogue" restitue les premiers fruits de ses rencontres avec les Calédoniens

Avec une conférence captée par la télé Caledonia le 24 août 2024 à l’Université de la Nouvelle-Calédonie :

CONFÉRENCE - Collectif Pays pour le Dialogue (CPPLD)

[5] Voir et entendre :

"Il ne suffit pas d'avoir un accord politique, il faut retravailler le lien social” estime Patrice Godin, membre du Collectif pays pour le dialogue

[6] Voir ou revoir, c’est presque une obligation (Valls l’a-t-il lu ?) :

https://presencekanak.com/wp-content/uploads/2024/03/1984-2024-jose-barbancon-.pdf

Barbançon m’avait bien éclairé (mais il n’était pas le seul à annoncer l’apocalypse ou presque : c’était presque écrit, mektoub - ce qui est écrit - comme disent les musulmans). Je rappelle ici mon billet du 27 mars 2024, Chaud, chaud, chaud, l’automne sera chaud en Calédonie ! Le début du printemps ici…  sous-titré, Même le sage historien Louis-José Barbançon, spécialiste du bagne, sort du bois avec une sorte de « J’accuse ! » à la Zola contre les loyalistes et l’État ; son « nationalisme calédonien » centriste retrouve, enfin, le chemin d’une sorte d’indépendance-association. Il joue les Cassandre ; il n’a sans doute pas tort : quelques jours plus tard, une « disruption » dans le ronron institutionnel ! Cette disruption n’était pourtant pas encore celle du 13 mai qui arriva plus tard.

[7] Dans une tribune du 23 avril dans le journal Libération, elle invite les chefs des partis du Nouveau Front populaire à se rassembler le 2 juillet 2025, pour en discuter ; voir :

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/organisons-une-primaire-des-gauches-la-plus-large-possible-par-lucie-castets-20250423_IT7ZG7XVGRC33MI5WDAYIYZRMY/

[8] Voir :

Sondage Regards-Harris : la gauche peut gagner en 2027 – Regards.fr

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