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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Billet de blog 30 décembre 2024

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La chute du gouvernement de Louis Mapou sur le "Caillou" : Flop ou « Révolution » ?

Le parti centriste loyaliste modéré, Calédonie ensemble, est à l’origine de cette chute, mais aussi de cette interrogation : simple initiative pour se faire remarquer et coup d’épée dans l’eau ; ou volonté de changement profond d’alliance, par exemple un "salto périlleux" en avant annonçant une initiative quant au cadre institutionnel de la Nouvelle-Calédonie ? Un rêve éventuel pour 2025…

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Que va-t-il se passer après le retrait du seul membre du gouvernement (Jérémie Katidjo-Monnier, peu connu, même sur le Caillou ; mais aussi de ses suivants sur la liste[1]) qui a fait tomber le gouvernement la veille de Noël ? Cette chute du gouvernement de Louis Mapou n’est pas, selon la presse, une surprise ; la réaction très vive de l’intéressé l’est[2]. Mais pourquoi Calédonie ensemble, le parti de Philippe Gomès, l’a-t-il fait tomber ? Et pour quoi faire de neuf ?

1 - Comment est arrivée cette chute ?

La réponse à la première question est très simple : le bisbille déjà ancien entre le gouvernement et le Congrès. Mais encore ? Le Plan de Sauvegarde, de Refondation et de Reconstruction[3] (Plan S2R) du gouvernement est sous pression de l’État : ou vous faites ces réformes libérales et vous aurez des sous ; ou vous ne les faites pas et vous n’aurez rien. On ne peut imaginer chantage plus simple ! Il y a plus d’un mois, Emmanuel Moulin, le délégué interministériel en charge d’accompagner la Nouvelle-Calédonie dans sa reconstruction, avait mis les points sur les i au terme de sa visite d’une semaine[4] : l’article le cite : « Dans toute crise, il y a une opportunité », lance Emmanuel Moulin […] « Et en l’occurrence, cette opportunité concerne avant tout de nombreuses réformes à mettre en place rapidement dans le pays. Condition sine qua non pour bénéficier des aides de l’État… » […] « Il faut que la Nouvelle-Calédonie s’aide aussi elle-même. Elle ne peut pas compter que sur la Métropole, qui a un déficit de 6 % et qui demande beaucoup d’efforts à ses concitoyens, pour un système qui n’est pas soutenable et qui est une voie sans issue ». […] Le plan S2R est un accord très « équilibré », continue l’article, obtenu par Louis Mapou et très favorable pour le pays avec une « progressivité » de l’instauration des différentes mesures. Emmanuel Moulin a notamment demandé, lors de cette visite, que les réformes de la TGC entrent en vigueur au 1er juillet prochain et celle de la CCS (contribution calédonienne de solidarité) d’ici fin mars. Ce plan S2R est d’ailleurs le prérequis aux déblocages des nouvelles aides de l’État. Autrement dit, si les élus du Congrès ne votaient pas ce texte, cette décision remettrait complètement en cause les financements de la France, assure Emmanuel Moulin. D’ici-là, les élus du boulevard Vauban seront appelés à voter le 11 décembre une autre tranche d’aides pour un montant de 27 milliards de francs (dont près de 20 milliards dédiés aux provinces et aux communes) ».

L’un des seuls partis qui tenta de se refaire une santé en s’opposant à ce chantage fut Calédonie ensemble, et depuis belle lurette, plus exactement depuis le 12 décembre, aidé, semble-t-il par l’Éveil océanien[5] ; les autres partis étant plutôt pour ces réformes très libérales (et poussant probablement Mapou dans ce sens : le gouvernement est collégial) mais hésitants cependant à voter les hausses d’impôts. Le parti Calédonie ensemble reproche d’abord à Mapou d’avoir accepté que l’aide soit versée sous forme de prêt conditionné à la mise en œuvre de réformes (et qui plus est, sous forme de prêt remboursable et non de subvention !)[6]. Gomès (on le voit venir dès la mi-décembre, et même avant…) souhaite la mise en place « d’un gouvernement de combat, capable de ramener les discussions sur la reconstruction au niveau politique et d’arrêter de laisser Bercy  dicter  sa loi » ; il préfère d’ailleurs son Plan quinquennal  2024/2029 d’accompagnement et de reconstruction de la Nouvelle-Calédonie qu’il avait fait voter au Congrès (mais dont on ne parle plus guère ; surtout de son montant…) réclamant beaucoup plus de sous à l’État (500 milliards de CFP sur 5 ans : la moitié du PIB calédonien de croisière, mais seulement 100 milliards par an !). Plus généralement,  il reproche au gouvernement de gérer les affaires sans tenir compte du Congrès, reproche repris par Milakulo Tukumuli de l’Éveil océanien : « Le gouvernement procède du congrès, et pas l’inverse. On a appelé à plusieurs reprises à un changement de méthode ». L'Éveil Océanien reprochait[7] au gouvernement, le 23 décembre, avec utilisation d’un beau proverbe chinois : Décision modificative pour le pays : « le poisson voit l’appât mais pas l’hameçon ».

Les réactions à l’éviction du gouvernement de Mapou furent diverses sur le Caillou[8].

Virginie Ruffenach (présidente du groupe Rassemblement au Congrès) « prend acte de cette décision » et en « comprend les motivations » en précisant : « Depuis des mois désormais, il est très difficile de travailler avec le président Louis Mapou. Systématiquement, nos initiatives au Congrès pour essayer de travailler ensemble reçoivent des fins de non-recevoir ».

Pourtant, Mapou défendait le PS2R et donc, de fait, le libéralisme ; comme il avait défendu (contre Calédonie ensemble) le Pacte nickel imposé – autre chantage éhonté : ou vous signez, sans changer une virgule, et vous avez les sous ; ou vous le refusez, et pas un sou ! – de Le Maire-Macron en piétinant la fameuse doctrine nickel soutenue par les indépendantistes dont surtout son parti, le Palika de Paul Néaoutyine (mais aussi Calédonie ensemble) ; comme il avait défendu (ou feignait de défendre ?) le point de vue de Sudrie et du patronat  contre la belle réforme du RUAMM proposée en 2023 par L’Éveil océanien et les syndicats de salariés[9].

Françoise Suve (présidente de l’intergroupe Loyalistes au Congrès) regrette « l’instabilité générée par la chute du 17e gouvernement dans un contexte particulièrement difficile ». Le président du groupe indépendantiste UNI, Jean-Pierre Djaïwé, se demande :  « Est-ce le bon moment, à un an du renouvellement des institutions de la Nouvelle-Calédonie ? Est-ce raisonnable ? ». Cependant, peu après les deux groupes indépendantistes UC et UNI (et leurs copains) ont décidé de ne plus siéger au Congrès. 

Bref, ce sont en fait des réactions modérées ; en revanche, Calédosphère (souvent très critique de tout ce qui bouge…) n’y va pas par quatre chemins : son article est une diatribe insultante envers Mapou[10]. Par ailleurs, la réaction de l’État français ne s’est pas fait attendre : tant que les réformes exigées ne sont pas engagées, vous n’aurez que les deux tiers du fric promis (17 milliards plutôt que 27) ! Les réactions politiques de Manuel Valls et d’autres membres du gouvernement français ont dû nous échapper…

Les tractations politiques pour constituer le prochain gouvernement sont probablement en route.

2 – Et après ?

On connaît la procédure d’élection d’un nouveau gouvernement ; la question politique peut paraître moins simple.

L’Éveil océanien qui penchait vers une sorte d’indépendance-association va-t-il faire un salto arrière et voter (comme au début de sa vie politique) pour les loyalistes ? C’est un rêve éveillé, mais bien dissimulé, de tous les loyalistes radicaux dont certains se voient déjà présidents du gouvernement ! Peu probable, mais sur le Caillou, rien n’est impossible...  Qu’on le veuille ou non, le parti Éveil océanien était, et est toujours, le faiseur de Rois ; aller savoir si être Roi ne sera pas la solution de tous les loyalistes, pour éviter un nouveau gouvernement indépendantiste, comme lors de l’élection de Veylma Falaeo au Congrès contre Rock Wamytan.

Alors, le petit coup de tonnerre de Calédonie ensemble ne serait qu’un autre coup d’épée dans l’eau, sauf l’éventuelle solution précédente…

Sauf que Mapou serait viré (ayant déclaré qu’il ne se représenterait pas)… Sauf que ce dernier a repris en quelques jours du poil de la bête : dans sa très récente interview le 29 décembre[11] au JT de Calédonie la 1ère, il est moins effondré et nettement plus offensif, peut-être va-t-il se représenter ! Il a le culot de commencer son interview en affirmant que le versement réduit par l’État en représailles (je pèse mes mots) au refus du Congrès de réformer la TGC est une « bonne chose » ; il regrette cependant la position de ce Congrès et réitère que la chute de son gouvernement est « un sale coup ». Il affirme qu’il n’a jamais désapprouvé le Plan quinquennal proposé par le Congrès, plan complémentaire, selon lui (et tous les autres, du moins officiellement) avec le Plan S2R. A priori, Mapou ne serait pas candidat comme membre du gouvernement, mais… Surtout il assène un argument massue qui est loin d’être irrecevable : grâce à lui, le gouvernement aura tenu longtemps, car il a su louvoyer (il ne le dit pas comme ça, mais c’est un fait que nous avons noté plus haut : réforme du RUAMM et Pacte nickel). Selon lui, la collégialité n’a jamais été aussi effective que dans ses trois ans et demi de présidence : « Nous avons réussi à dépasser le débat binaire ». C’est sans doute vrai ; peut-être a-t-il avalé pas mal de couleuvres, ce qui explique ce que je caractérise comme un louvoiement ; peut-être n’est-il pas aussi libéral que le Plan S2R collégial qu’il a cependant porté…

Dernière hypothèse, peut-être farfelue… Gomès nous prépare-t-il un salto avant ?  Une alliance avec les indépendantistes fréquentables (L’UNI-Palika, la seule moitié du FLNKS, de fait coupé en deux, avec ses copains, et une partie de l’autre moitié et de ses copains, l’Union calédonienne, pas avec Christian Téin, déporté en Métropole, mais avec Emmanuel Tjibaou, assagi, et l’Éveil océanien. Un salto certes périlleux, et arithmétiquement difficile, proposant une souveraineté partagée, un État associé ou quelque chose comme ça  (très à la mode depuis peu), pourquoi pas une sorte d’indépendance-association...

Peut-être que nos piques (on cherche depuis des lustres à envoûter Gomès et son parti Calédonie ensemble…) vont enfin réussir à les convaincre que la seule bonne solution institutionnelle à la Nouvelle-Calédonie est que « Tout change pour que rien ne change » (je sais, je radote !) pour avoir enfin un vrai destin commun entre toutes les communautés où les Non-Kanak pourront garder un temps (je sais, c’est cynique et je radote encore !) leur pouvoir économique. C’est mieux que la solution de ladite Guerre d’Algérie, non ? Gomès et son parti ont toujours privilégié une sorte de souveraineté partagée (qui est d’ailleurs, il n’a pas tort, la situation actuelle du Caillou avec son autonomie, depuis l’Accord de Nouméa de 1998) cependant dans la République, donc sans indépendance (comme la solution proposée il y peu par Larcher). Il suffit de faire encore un petit ou un grand pas vers une pleine souveraineté avec partenariat avec la France.

Rien n’interdit de rêver ; et Bonne année 2025 ! Avec de bonnes ou mauvaises surprises ; et on attend les réactions de l’État. 

Dernières nouvelles du 1er  janvier 2025

Déjà, le 31 décembre nous éclairait un peu mieux avec une déclaration de Philippe Gomès ; voir :

Calédonie ensemble "appelle de ses vœux un gouvernement transpartisan" | Les Nouvelles Calédoniennes

Pourquoi pas un gouvernement « transpartisan », l’un des nouveaux dadas du centriste Philippe Gomès ; mais dirigé par qui ? Gomès a une idée : « Pour diriger ce gouvernement de combat, notre pays a besoin d’une personnalité expérimentée, ayant exercé d’importantes responsabilités au plan national comme au plan local, disposant de solides compétences économiques et financières, et rompue aux relations avec l’État et au fonctionnement des institutions. À huit mois des élections provinciales, un profil transpartisan de haut niveau s’impose ». Le mieux serait bien sûr un centriste ; entre mille politiciens qui présentent évidemment ce profit sur le Caillou, se détache peut-être, un certain Gomès Philippe… Mais il avait juré qu'il abandonnait la vie politique... à la fin du dernier mandat des accords de Nouméa; on n’y est pas encore.

Un peu plus tard, cette hypothèse n’était pas évoquée et, de fait, balayée ; voir :

Élection du 18e gouvernement Calédonien : les listes des groupes politiques du Congrès doivent être déposées avant ce mercredi soir minuit

Un article de Calédonie la 1ère évoque que les Loyalistes et le Rassemblement pourraient faire liste commune, et la même chose pour Calédonie Ensemble et l’Éveil Océanien ; en revanche du côté indépendantiste, l’UNI-Palika et l’UC-FLNKS et Nationalistes pourraient se présenter séparément. L’article indique cependant : « tout peut changer et ce, jusqu’au dernier moment ».

Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique et bien connu de nos lecteurs, nous annonce un scoop : (selon l’article) : « Tout dépendra du positionnement de l’Éveil Océanien, comme en 2019. Ce sont eux qui donneront la majorité au camp indépendantiste ou non indépendantiste ». Mais il va beaucoup plus loin : « Tout laisse à croire, aujourd’hui, qu’ils vont s’aligner avec le camp non indépendantiste. Conformément à ce qu’il s’est passé, depuis la chute du président du Congrès. C’est vraiment un changement de majorité qui se profile, pour cette élection du gouvernement la semaine prochaine ». Pourquoi pas, sauf que :

1/ lors de l’élection de Veylma Falaeo, ce n’est pas de l’Éveil océanien qui s’est tourné vers les loyalistes, mais ces derniers qui se sont désistés et ont voté pour Falaeo pour battre Wamytan !  Exactement le verlan de Pantz, mais peut-être mieux informé que tous les analyses politiques… 

2/ Une liste commune entre L’Éveil océanien (qui se dit favorable à l’indépendance-association) et Calédonie ensemble (qui s’y est toujours opposé) me semble abracadabrantesque pour voter avec les loyalistes. L’éventuelle union de ces deux groupes pourrait induire (une autre face de notre rêve...) une majorité indépendantiste renforcée !

Et Pantz de nous donner le résultat des courses à l’issue de l’élection du 7 janvier : 2 sièges à L’Éveil Océanien et Calédonie Ensemble unis ; 4 sièges au Rassemblement et les Loyalistes ; 5 sièges à l’UNI-Palika et à l’UC-FLNKS et Nationalistes désunis : « La bascule, indique l’article (ou Pantz lui-même ?) se ferait donc en faveur des non indépendantistes, avec six sièges contre cinq ». Prévision d'un spécialiste en géopolitique ou rêverie qui se veut autoréalisatrice ? On verra. D’autant plus qu’en toute fin d’article, une autre hypothèse est évoquée (par Calédonie la 1ère ou par Pantz ? On ne sait toujours pas…) : « Les résultats seraient différents si le parti de Milakulo Tukumuli, décidait de ne pas participer au scrutin. Il faudrait alors que le camp indépendantiste fasse liste commune, pour envisager de décrocher la présidence du gouvernement. En ce premier jour de l’année, tout reste encore en suspens ».

Lequel de deux rêves va-t-il devenir réalité : celui de Pantz ou le nôtre ; ou un gouvernement "transpartisan" à la Gomès ou un autre ?

...

Le 2 janvier, peu de nouveautés, sauf les noms des candidats et des commentaires possibilité-rêverie

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/les-listes-pour-le-18-gouvernement-de-nouvelle-caledonie-devoilees-deux-alliances-les-independantistes-se-presentent-separement-1550344.html

Philippe Dunoyer (officiellement candidat à la présidence) et Petelo Sao pour le couple Calédonie Ensemble-Éveil Océanien  (raté pour mon hypothèse Gomès !) ;  Alcide Ponga, candidat pressenti à la présidence, Isabelle Champmoreau, Christopher Gygès et Thierry Santa pour l’attelage Rassemblement-Les Loyalistes. Le lecteur saura goûter le commentaire du journaliste : « Avec six sièges prévus pour l’ensemble des non-indépendantistes, cette configuration pourrait leur offrir une majorité au sein du prochain gouvernement ». On oublie encore que L’Éveil océanien est  (du moins était) pour une indépendance-association avec la France; et tout est dans le pourrait…

Les indépendantistes ne sont donc pas unis  (« des listes distinctes mais des enjeux partagés », indique l’article) ; le groupe UC-FLNKS et Nationalistes présente Gilbert Tyuienon, Mickaël Forrest et Samuel Hnepeune (ce Kanak de l’UC qui était alors président du Medef local et que Mapou, candidat de L’UNI-Palika avait fini par devancer, au bout de plusieurs mois) actuel candidat à la présidence du gouvernement ; enfin l’UNI propose Adolphe Digoué secondé par Claude Gambey (exit Mapou…). La aussi, le commentaire de l’article vaut son pesant de com’ : « Ces deux groupes, avec leurs candidatures séparées, pourront former un bloc de cinq membres sur les 11 du gouvernement. Sans le soutien de l’Éveil Océanien, comme c’était le cas sous la présidence de Louis Mapou, les indépendantistes perdent la majorité ». Le conditionnel perdrait me semblerait plus adéquat.

L’analyse, à la même date, du journal en ligne LNC me semble plus objective.

https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/quatre-listes-ont-ete-deposees-pour-l-election-des-membres-du-18e-gouvernement

Seuls les commentaires diffèrent. Le sous-titre « Une majorité non-indépendantiste » est cependant suivi d’un commentaire n’évoquant qu’une hypothèse et qui finit par un petit verbe au conditionnel : « Ces informations confirment une hypothèse développée il y a quelques jours par Pierre-Christophe Pantz, qui a mis en évidence un tel scénario sur son compte Facebook. Le docteur en géopolitique a simulé l’élection à venir, basée sur un scrutin proportionnel à la plus forte moyenne, qui permet d’aboutir à une répartition des onze sièges de membres du gouvernement. […] Pierre-Christophe Pantz obtient alors le résultat suivant : deux sièges pour la liste Calédonie ensemble-Éveil océanien ; quatre sièges pour la liste Loyalistes-Rassemblement ; trois sièges pour l’UC ; deux sièges pour l’UNI. "Les autres hypothèses (liste indépendantiste unique, ou listes Loyalistes et Rassemblement distinctes) ne changent pas l’issue du scrutin : ce sont bien les 3 voix de l’Éveil Océanien qui 'conféreraient' la majorité au camp non-indépendantiste", conclut ce dernier, tout en précisant qu’une "dispersion des voix (comme en 2021) peut modifier cette projection" ».

Petit avantage, selon Pantz (quand même docteur en géopolitique…) aux loyalistes ; mais le plus prudent est donc d’attendre le 7 janvier. On peut, en cliquant sur Pantz  voir sa page Facebook et plein de commentaires où il ressort que rien n'est encore certain ! 

Le 5 janvier : intervention de Milakulo Tukumuli

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/caledonie-ensemble-a-ete-tres-courageux-de-mettre-un-terme-au-17e-gouvernement-estime-le-president-de-l-eveil-oceanien-milakulo-tukumuli-1551265.html

Pas bien clair le Milakulo Tukumuli, ce 5 janvier sur le JT de Calédonie la 1ère ! Il salut le « courage » de Calédonie ensemble d’avoir fait tomber le gouvernement présidé par Mapou et semble en accord avec ses critiques ; il ne s’est allié au parti de Gomès car l’Éveil océanien ne pouvait présenter seul une liste ; il est ravi que la réforme du RUAMM (en gros sa réforme en 2023) soit maintenant bien soutenue par Dunoyer  (ça peut aider ce dernier à être élu et président…).

En revanche sur l’indépendance-association ou quelque chose comme ça, il me semble sentir comme un retour en arrière : on en revient plutôt à peut-être plus tard, mais pas tout de suite

Notes

[1] Il faut que toute la liste démissionne : si le seul représentent du groupe l’avait fait, le second sur la liste aurait pris sa place, et pas de chute du gouvernement. Ce fut le cas il y a peu, fin août 2024 quand Vaimu’a Muliava (de l’Éveil océanien) avait démissionné du gouvernement (à la veille de l’élection de la présidence du Congrès de l’archipel où Rock Wamytan fut battu par Veylma Falaeo de l’Éveil océanien…).

[2] Il fut en effet, juste après le coup, éprouvé et très en colère ; voir :

Chute du 17e gouvernement calédonien : “un sale coup politique porté à notre pays”, dénonce le président démissionnaire Louis Mapou

[3] Voir nos billets précédents.

[4] Voir l’article du 29 novembre 2024, Emmanuel Moulin : "La Nouvelle-Calédonie ne peut pas compter que sur la Métropole" ; le titre de l’article est déjà très clair :

Emmanuel Moulin : "La Nouvelle-Calédonie ne peut pas compter que sur la Métropole" | Les Nouvelles Calédoniennes

[5] Voir le récent article du journal Le Parisien :

Nouvelle-Calédonie : après la chute du gouvernement local, que va-t-il se passer dans l’archipel en crise ?

[6] Voir la page Facebook de Calédonie ensemble, en particulier le discours de Gomès le 12 décembre et celui de Dunoyer du 13. Mais les critiques étaient déjà anciennes.

[7] Voir la page Facebook de l’Éveil océanien.

https://www.facebook.com/profile.php?id=100076341076613

[8] Voir :

“Nous sommes prêts”, “nous comprenons les motivations”, “était-ce le bon moment ?” : Les réactions politiques à la chute du gouvernement calédonien

[9] Voir aussi nos anciens billets sur ces sujets.

[10] Voir :

Louis Mapou : la fin d’une imposture - Calédosphère

[11] Voir :

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/programme-video/la1ere_nouvelle-caledonie_journal-de-19h30-de-nouvelle-caledonie/diffusion/6792040-edition-du-dimanche-29-decembre-2024.html

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