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Billet de blog 6 octobre 2025

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Hitler ou le front populaire ? Quelles perspectives pour notre jeunesse ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hitler ou le front populaire ?

Quelles perspectives pour notre jeunesse ?

Un événement, peut-être déjà oublié, a marqué l’actualité :

Un jeune fan d’Hitler a poignardé sa prof de musique, dans un contexte de maladie mentale, d’ASE et de proximité avec les néo-nazis locaux (Alsace).

Je propose de prendre un peu de recul

(Difficile de prendre du recul alors que la Ve République s'écroule en ce Lundi 6 Octobre 2025)

Et d’interroger les programmes scolaires

Ceci dans le prolongement du billet de Djéhanne Gani, la rédactrice en chef du café pédagogique « Attaque au couteau : Eduquer pour protéger »

25 septembre 2025

« Eduquer pour protéger

Et pourtant, que peut l’école ? La lutte contre la radicalisation d’extrême droite passe par des programmes qui sensibilisent les élèves aux dangers des idéologies haineuses et totalitaires, à travers l’enseignement de l’histoire, des droits humains et de la citoyenneté. Des ateliers de débat, des interventions de spécialistes et des partenariats avec des associations permettent d’encourager l’esprit critique et le respect des valeurs républicaines et de prévenir l’endoctrinement. »

Au-delà des dangers, proposer aussi (et peut-être surtout ?) dans nos programmes des débouchés positifs à ces ados.

Au point de départ du raisonnement, un exercice de début de Seconde (des ex collégiens donc)

1. Citer un personnage historique et le situer dans le temps

Premier dans la liste, et de loin : Hitler

guerre …

Bien entendu, citer Hitler en premier ne fait pas de vous un nazi … sinon il y en aurait beaucoup, on doit dire désormais « encore plus ».

Mais, avec le recul, pourquoi ainsi mettre en avant celui dont on s’est débarrassé dès 1945 ?

Mes élèves, et encore aujourd’hui, abordent deux autres thèmes ensuite, et celui qui s’achève en 1945 inclut aussi, par exemple, la Première Guerre mondiale.

Alors, pourquoi Hitler ?

Le plus méchant ?

« Faire une Hitler »

On trouve aussi

« Faire une Samuel Paty »

A méditer

Besoin de mettre en avant des personnages plus positifs.

Roosevelt ? Le vainqueur

Blum ? Celui du front populaire et du procès de Riom

De Gaulle ?

Simone Veil ?

Marc Bloch ?

Badinter ?

Qui est au niveau après 1945 ?

(écrit au moment de la démission du Premier Ministre Lecornu)

Que propose-t-on comme vision du monde, comme perspectives à notre jeunesse, au-delà de la question des personnages historiques … et du collège ?

J’en vois deux

Le multilatéralisme que symbolise parfaitement les enjeux climatiques : la nécessité d’agir au niveau planétaire, de respecter des règles communes d’un contrat social global, celui du droit international, basé sur le cosmopolitisme … et rejetant l’ultralibéralisme débridé de la seule mondialisation économique. L’union européenne devant s’inscrire dans ce cadre.

Le républicanisme universaliste débarrassé de toutes ses scories « islamophobes » mettant en avant l’école et la réalisation, dans notre pays, de ce projet mondial ci-dessus résumé, transition par René Cassin assumée.

Le problème … c’est qu’il faut que la réalité soit à la hauteur … et on en est loin … pas parce qu’on n’est pas chez les bisounours … mais au contraire par manque de courage : il faut affirmer ces valeurs, plutôt que de les voir si facilement détruites … par manque de combattants.

Les ennemis sont toujours là

Et on retrouve Hitler

De plus en plus, par abandon de ces perspectives.

Profs, vous êtes les derniers à ne pas avoir capitulé, à ne pas avoir abandonné ces perspectives, malgré tout … mais une régénération est nécessaire : tracer ces perspectives et redonner les clés … et les moyens.

Y a du boulot … mais plus personne ne veut le faire.

Changez cela, déjà !

En voilà une, de perspective.

Et bien sûr Blum plutôt que Hitler

Annexes

Premier Cours entier de Seconde Présentation du programme via la périodisation

Histoire Seconde

Histoire

Présentation du Programme

La Périodisation

QUESTIONNAIRE PREALABLE

1. Citer un personnage historique et le situer dans le temps

2. Qu’est-ce que La Périodisation ? : L’Histoire a été divisée en quatre grandes périodes séparées par des dates-clés :

nommer ces périodes et préciser les événements des dates clés (exemple de date-clé : 1492)

3. Le siècle : à quelle date est-on au XVI° siècle ? 1651 ou 1551 ?

4. Quand commence le XXI° siècle ? (avec quel événement?)

PLAN

I- Les quatre grandes périodes

II- Quelle date choisir pour changer de période ?

III- D’autres périodisations : l’exemple du siècle

Correction QUESTIONNAIRE PREALABLE

1. Citer un personnage historique et le situer dans le temps

VOLTAIRE

Philosophe du siècle des Lumières XVIII° siècle

Historiographe du Roi (= Historien)

I- Les quatre grandes périodes

A/ L’Histoire a été divisée en quatre grandes périodes séparées par des dates

Préhistoire (« Avant l’Histoire ») / Histoire : Ecriture – 3500

Antiquité : - 3500 à 476 Fin de l’Empire romain d’Occident

Moyen-Age : 476 à 1492 C Colomb découvre l’Amérique

Les Temps modernes : 1492-1789 Révolution française

Epoque contemporaine : 1789 à nos jours

B/ De quand date la périodisation ?

La périodisation est un choix

Etude de documents

Questions 1 et 2 (Document 1)

- La périodisation actuelle commence avec Pétrarque, Humaniste (de « Humanités » bien connaître le Latin …) mort en 1374, qui découpe le temps en opposant un « âge des ténèbres » à l’Antiquité et à un retour à sa splendeur.

Son sujet c’est la pureté de la langue latine abîmée par la durée et retrouvée par sa démarche.

Moyen Age = « temps des ténèbres » pour la langue latine

Plus que Moyen Age, on parle alors de « Féodalité »,

de Dark Ages « les temps sombres »

La « Renaissance » des Temps modernes, la « nouvelle naissance » de la « vieille » Antiquité se fait par dessus

« l’entre deux » du « Moyen Age »

« barbare », pour la langue … mais pas seulement

Questions 3 à 7 (Document 2)

Question 4 « Prendre les anciens pour modèles »

Question 5 « Tous les hommes qui cultivaient les arts ont disparu »

Question 6 « renaissance », « remettre en lumière » / « ténèbres »

« Les chefs-d’œuvre ensevelis sous les ruines de l’Italie »

« après les pillages, les bouleversements et les incendies de Rome »

« L’art meurt »

« La malheureuse Italie avait vu disparaître, au milieu du déluge de calamités qui la bouleversa, tout ce qui pouvait porter le nom d’édifice, et même tous les hommes qui cultivaient les arts »

Sac de Rome du Goth Alaric en 410

(Tableau de Thomas Cole, Destruction d’un Empire 1836)

« Elle est prise la Ville qui a pris l’univers entier »

St Jérôme

Quelle date choisir pour la fin de l’Antiquité ?

395 ?

410 ?

476 ?

Quelle date choisir pour la fin de l’Antiquité ?

Pas de « fracas » en 476, beaucoup en 410

Et si, finalement, aucune de ces dates ne convenait ?

Etude de documents Question 12 (Document 3)

FAUT-IL INTERCALER DE NOUVELLES PERIODES ?

Face aux quatre périodes canoniques, d’autres périodes peuvent être proposées par des historiens, comme « l’Antiquité tardive », qui retarde le début du Moyen Age

Plus que la déposition d’un empereur d’Occident, non-événement, ou le sac de Rome, ce serait une épidémie de peste et une évolution du climat qui auraient mis fin, plus tardivement, à l’Antiquité

B/ De quand date la périodisation ?

« Peintres, sculpteurs, architectes »

Les hommes de la Renaissance pour VASARI

(successions de tableaux et sculptures, insistant sur la nudité : Giotto St François prêchant aux oiseaux, La Joconde, la Naissance de Vénus, les David de Michel-Ange et de Donatello (c’est là qu’apparaissent chez les élèves les tortues ninja, auteur japonais))

Les hommes de la Renaissance imposent jusqu’à aujourd’hui une Antiquité qu’ils glorifient et des Temps modernes (les leurs, qu’ils glorifient aussi) séparés par un entre deux, le Moyen Age, vu négativement, « barbare », « gothique » …

(voir aussi Document 4 Michelet)

« Gothique »

(photo d’une gargouille de Nôtre-Dame)

ces horribles figures en pierre,

ces monstrueux profils

barbares

II- Quelle date choisir ?

L’exemple de la fin du Moyen-Age

A/ 1492 une date de rupture évidente

1492 C Colomb découvre l’Amérique

+ Prise de Grenade, fin de la Reconquista

II- Quelle date choisir ? 1492 ou 1453 ?

B/ 1453 une date aussi importante que 1492, sinon plus

1453 : Chute de Constantinople

(= fin de l’Empire romain d’orient dit « byzantin »)

+ Imprimerie, fin de la guerre de cent ans ...

C/ Quelle rupture amène la modernité ?

(photo d’une Machine à vapeur)

1° Un très long Moyen Age jusqu’en 1789 ?

Document 5 Jacques Le Goff

- Dans le domaine de l’économie et de la production, avec la machine à vapeur entre 1769 et 1784

- Dans le domaine politique avec la rupture de 1789 avec la royauté, commune entre le Moyen Age et les XVI-XVIII° siècles

- Dans le domaine social, toujours en 1789, avec la fin de la société d’ordres, apparue vers l’an Mil en plein Moyen Age traditionnel.

2° La Renaissance est-elle vraiment une rupture ?

D’autres « renaissances » au Moyen Age :

- renaissance carolingienne IX° siècle

- renaissance du XII° siècle

...

Inclure la Renaissance des XV-XVI° siècles dans un très long Moyen Age

III- D’autres formes de périodisation : les siècles, les dynasties, les âges …

L’exemple du siècle

Document 6 Voltaire

Questions 13 à 22

Question 14 « gloire » et « perfection »

Question 17

il est vrai de dire qu’à commencer depuis les dernières années du cardinal de Richelieu jusqu’à celles qui ont suivi la mort de Louis XIV (né en 1638, mort en 1715)

qui commence à peu près à l’établissement de l’Académie française 1634-1635

- avec Voltaire, le siècle est une période plutôt courte, souvent de moins de cent ans, souvent définie autour d’un grand personnage (« Siècle de Louis XIV ») et remarquable, glorieuse pour les sciences, les arts, la littérature …

- ensuite le siècle est cette période de cent ans, de l’année 1 à l’année 100 … ou à peu près (trouver les dates de ruptures entre siècles) qui s’impose comme nouveau découpage :

- le XIX° siècle et son unité (le nationalisme) de 1815 à 1914 (ou 1919)

Un court XX°siècle de 1914 à 1991 ?

(couverture du livre d’Hobsbawn « L’âge des extrêmes »)

Quand commence le XXI° siècle ?

https://youtu.be/JJ70vt3FQb4

Le XXI° siècle a-t-il commencé

le 11 Septembre 2001, événement majeur

et proche du siècle « mathématique » ?

PRESENTATION DU PROGRAMME

« Siècle » de Périclès

(Démocratie athénienne et empire maritime en Mer Egée)

« Siècle » d’Auguste, le premier empereur romain

(toutes les rives de la Mer méditerranée « Mare Nostrum »)

Constantin, le premier empereur romain chrétien

La Méditerranée au Moyen Age, partagée entre trois civilisations

Les « points de passage ou d’ouverture » (PPO) obligatoires

Ici croisades et commerce

L’ouverture atlantique : conséquences de la découverte du « nouveau monde »

PPO Conséquences

Renaissance, Humanisme, Réforme

L’État à l’époque moderne : France et Angleterre

PPO 3 pour Louis XIV

mais aussi un pour François 1er

Le contre modèle anglais et son influence

Lumières, Etats-Unis

Sciences et sociétés

1789 Début du programme de Première

Si la logique du programme de tronc commun est chronologique

(trois périodes en Seconde, une pour Première et Terminale ensemble)

en SPECIALITE HGGSP (Première et Terminale), la logique est thématique

Première Thème « Etats et religions »

Charlemagne 800 / Kemal Ataturk 1924

Terminale Thème « Environnement »

Forêt depuis Colbert (Louis XIV)

Préhistoire (« révolution néolithique ») / « Révolution industrielle » XIXe siècle

Climat depuis le Moyen-Age

...

La périodisation : Documents

De quand date la périodisation ?

Document 1 Pétrarque, Humaniste (de « Humanités » bien connaître le Latin …), mort en 1374

«Lorsque les ténèbres se dissiperont, les générations à venir réussiront à trouver le chemin du retour à la claire splendeur du passé antique»

1. Quelles sont les trois périodes que fait apparaître Pétrarque ?

2. Relever le mot qui qualifie le Moyen Age

Document 2 Vasari, Vie des peintres, sculpteurs et architectes , Préface (1550, puis 1568)

« Les chefs-d’œuvre ensevelis sous les ruines de l’Italie restaient ignorés. On prenait alors pour le type de la perfection ces horribles figures en terre ou en pierre, ces monstrueux profils grossièrement coloriés, et ces mosaïques barbares (…). Cependant, après les pillages, les bouleversements et les incendies de Rome, il restait encore assez d’arcs de triomphe, de statues et de colonnes, mais personne ne fut en état de les apprécier et de les utiliser. Enfin, l’an 1250, le ciel, touché de compassion, ouvrit les yeux aux Toscans, et leur envoya des hommes capables de discerner le bon du mauvais, (…) et de prendre les anciens pour modèles. »

« Jusqu’à présent j’ai discouru sur les commencements de la sculpture et de la peinture, et peut-être plus longuement que je n’aurais dû le faire en cet endroit ; mais je ne me suis pas tant laissé emporter par mon sujet que par le désir d’être utile à nos artistes. En leur montrant que, semblable à l’homme, l’art naît, grandit, vieillit et meurt, j’ai voulu les mettre à même de comprendre plus facilement sa renaissance et la perfection à laquelle il est arrivé de nos jours. (...)

« Mais il est temps d’arriver à la vie de Giovanni Cimabue. Le premier il pratiqua le nouveau mode de dessiner et de peindre ; il est donc juste et convenable qu’il occupe la première place dans ce livre où je me laisserai guider par les œuvres plutôt que par les dates. »

GIOVANNI CIMABUE, PEINTRE FLORENTIN.

« La malheureuse Italie avait vu disparaître, au milieu du déluge de calamités qui la bouleversa, tout ce qui pouvait porter le nom d’édifice, et même tous les hommes qui cultivaient les arts, lorsque, l’an 1240, naquit à Florence (...), Giovanni Cimabue que Dieu destinait à remettre en lumière l’art de la peinture. »

(Cimabue est surtout important pour Vasari parce qu’il a été le maître de Giotto, un autre peintre, Pétrarque lègue une peinture de Giotto à son protecteur)

3. Où se situe, dans un livre, une préface, et à quoi sert-elle ?

4. Quel est le point commun entre tous les artistes choisis par Vasari ?

5. Pour Vasari, qu’arrive-t-il à l’art au Moyen Age ?

6. Quel est le mot le plus important du texte ? Un autre mot est utilisé à la fois par Pétrarque (en sous entendu) et par Vasari, lequel ?

7. Vasari utilise le terme « barbare », en vous aidant de l’indication ci-dessous, montrer, en relevant des extraits, ce que cela signifie pour lui, et d’ailleurs pour Pétrarque aussi.

Indication : « Barbare » Dans l’Antiquité, chez les grecs, les « barbares » sont ceux qui ne parlent pas grec, ou mal, à l’origine du mot « barbarisme ».

Chez les romains, les barbares sont ceux qui vivent au-delà du Limes, (qui a donné « limite ») au-delà du mur, en dehors de l’empire romain, en dehors de LA civilisation, en forêt, barbus, couverts de peaux de bête, sauvages.

D’après la tradition, les barbares détruisent l’empire romain et font donc disparaître LA civilisation, les arts, la langue et prennent le pouvoir dans ce qu’on appelle le Moyen Age. (exemple les Francs sont des barbares).

Cette destruction est symbolisée par le saccage de Rome en 410 par Alaric et ses Goths (nom d’un peuple barbare), autre saccage en 455 par les Vandales, autre peuple barbare, à l’origine du verbe « Vandaliser ».

Document 3 Michelet, historien français du XIXe siècle, début de son livre sur la Renaissance

« retour à la vie », « passage au monde moderne »

8. Montrer que Michelet est du même avis que Vasari et Pétrarque.

9. Ce point de vue est donc dominant depuis combien de siècles ?

10. C’est Michelet qui met une Majuscule à « Renaissance », qu’est-ce que cela change ?

11. Quelle est le nom de la période qui apparaît grâce à la Renaissance ? (A la fin du XIX° siècle, les périodes sont fixées, figées). Proposer une petite synthèse de cinq lignes

Faut-il intercaler de nouvelles périodes ? L’exemple de l’Antiquité tardive

Document 4 : HARPER Kyle Comment l’empire romain s’est effondré Le climat, la maladie et la chute de Rome 2019

« Le traumatisme de la pandémie du XIVe siècle marque de multiples façons la limite entre les mondes médiéval et moderne ; la puissance de désintégration de la première pandémie de peste (Justinien) mérite d’être considérée comme marquant le passage de l’Antiquité au Moyen Age. (…) L’arrivée de la bactérie de la peste sur les rives romaines est le signe d’un nouvel âge. Sa persistance pendant deux siècles est à l’origine d’une longue période de stagnation démographique. Ajoutée à la détérioration du climat dénommée le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive (…), la pandémie a balayé les dernières fondations de l’ordre ancien. (...)

Vers la fin du monde : Les deux grandes pandémies de peste qui ont ouvert et marqué la fin du Moyen Age ont été, relativement, les catastrophes biologiques les plus graves de l’histoire. (…)

L’introduction d’un nouveau germe létal n’est pas un simple caprice de la nature. Si le choc de la peste a transformé le vieux rêve de Justinien – réunifier le vieil Empire – en un cauchemar, et un cataclysme, l’étape finale de la dissolution de l’Empire romain n’est pas due au seul triomphe de la bactérie. On ne peut pas mesurer l’impact de celle-ci sans tenir compte de l’histoire du climat. La chute de l’Empire romain a été causée à parts égales par l’arrivée malvenue d’un nouveau régime climatique – qui est de plus en plus appelé par les historiens le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive. La combinaison de la peste et du changement climatique a sapé la puissance de l’État. Le chagrin et la peur ont laissé les survivants bouleversés et dans la crainte que les temps eux-mêmes approchaient de leur fin. « La fin du monde n’est pas seulement une prédiction, elle est en train d’arriver. » (pape Grégoire Ier le Grand 590-604) »

Note 1 : Dans son livre, l’historien américain Kyle Harper tente de démontrer que la « chute » de Rome n’a été causée ni par les invasions barbares ni par sa christianisation mais par une épidémie de peste bubonique (comme en 1348) à l’époque de Justinien et par une évolution climatique au même moment

Note 2 : Justinien est un empereur byzantin dont le long règne (527- 565) peut être coupé en deux : une première partie brillante (construction de Ste Sophie, reconquête de l’Afrique de l’Espagne et de l’Italie de l’ex empire d’Occident ...) et une deuxième partie après 540 plus difficile avec la peste.

12. A partir du document 4 ci-dessus, montrer quel type d’événement justifie, aux yeux de l’auteur, l’Antiquité tardive ?

Quelle date choisir pour changer de période ? L’exemple du long Moyen Age

Document 5

« À la fin du XVe siècle intervient un événement d’une très grande portée pour l’Europe : la découverte par Christophe Colomb de ce qu’il pense être les Indes orientales, en fait un nouveau continent bientôt appelé “Amérique”. Cet élargissement de la circulation dans le monde est complété et étendu au début du XVIe siècle par le voyage autour de la Terre de Magellan. Mais c’est seulement à partir du milieu du XVIIIe siècle environ que se font sentir en Europe les principales répercussions de ces découvertes. […]

J’estime quant à moi que le changement de période, la fin du long Moyen Âge se situe au milieu du XVIIIe siècle. Il correspond aux progrès de l’économie rurale soulignés et théorisés par les physiocrates ; à l’invention de la machine à vapeur […] ; à la naissance de l’industrie moderne qui, de l’Angleterre, va se diffuser sur tout le continent. Dans le domaine philosophique et religieux, le long Moyen Âge se termine avec l’ouvrage qui introduit la pensée rationnelle et croyante, la science et la technologie modernes, l’Encyclopédie dont Voltaire et Diderot sont les animateurs les plus brillants. Enfin, la fin du XVIIIe siècle correspond dans le domaine politique, au mouvement antimonarchique décisif de la Révolution française. »

Jacques Le Goff, Faut-il découper l’histoire en tranches ?, Paris, le Seuil, 2014.

D’autres périodisations : l’exemple du siècle

Document 6 Voltaire Siècle de Louis XIV, 1751

« Le premier de ces siècles, à qui la véritable gloire est attachée, est celui de (…) Périclès (…) et cet honneur a été renfermé dans les limites de la Grèce : le reste de la terre alors connue était barbare. Le second âge est celui de César et d’Auguste, désigné encore par les noms de Lucrèce, de Cicéron, de Tite-Live, de Virgile, d’Horace, d’Ovide, de Varron, de Vitruve.

Le troisième est celui qui suivit la prise de Constantinople. Le lecteur peut se souvenir qu’on vit alors en Italie une famille de simples citoyens faire ce que devaient entreprendre les rois de l’Europe. Les Médicis appelèrent à Florence les savants, que les Turcs chassaient de la Grèce :

c’était le temps de la gloire de l’Italie. Les beaux-arts y avaient déjà repris une vie nouvelle ; les Italiens les honorèrent du nom de vertu, comme les premiers Grecs les avaient caractérisés du nom de sagesse. Tout tendait à la perfection.

Les arts, toujours transplantés de Grèce en Italie, se trouvaient dans un terrain favorable, où ils fructifiaient tout à coup. La France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne, voulurent à leur tour avoir de ces fruits ; mais ou ils ne vinrent point dans ces climats, ou bien ils dégénérèrent trop vite. François Ier encouragea des savants, mais qui ne furent que savants ; il eut des architectes, mais il n’eut ni des Michel-Ange, ni des Palladio ; il voulut en vain établir des écoles de peinture : les peintres italiens qu’il appela ne firent point d’élèves français. ( ...) En un mot, les Italiens seuls avaient tout. ( ...)

Le quatrième siècle est celui qu’on nomme le siècle de Louis XIV, et c’est peut-être celui des quatre qui approche le plus de la perfection. Enrichi des découvertes des trois autres, il a plus fait en certains genres que les trois ensemble. Tous les arts, à la vérité, n’ont point été poussés plus loin que sous les Médicis, sous les Auguste et les Alexandre ; mais la raison humaine en général s’est perfectionnée. La saine philosophie n’a été connue que dans ce temps, et il est vrai de dire qu’à commencer depuis les dernières années du cardinal de Richelieu jusqu’à celles qui ont suivi la mort de Louis XIV il s’est fait, dans nos arts, dans nos esprits, dans nos mœurs, comme dans notre gouvernement, une révolution générale qui doit servir de marque éternelle à la véritable gloire de notre patrie. Cette heureuse influence ne s’est pas même arrêtée en France : elle s’est étendue en Angleterre ; elle a excité l’émulation dont avait alors besoin cette nation spirituelle et hardie ; elle a porté le goût en Allemagne, les sciences en Russie ; elle a même ranimé l’Italie, qui languissait, et l’Europe a dû sa politesse et l’esprit de société à la cour de Louis XIV.

Il ne faut pas croire que ces quatre siècles aient été exempts de malheurs et de crimes. La perfection des arts cultivés par des citoyens paisibles n’empêche pas les princes d’être ambitieux, les peuples d’être séditieux, les prêtres et les moines d’être quelquefois remuants et fourbes. Tous les siècles se ressemblent par la méchanceté des hommes ; mais je ne connais que ces quatre âges distingués par les grands talents.

Avant le siècle que j’appelle de Louis XIV, et qui commence à peu près à l’établissement de l’Académie française, les Italiens appelaient tous les ultramontains (= « au-delà des Alpes ») du nom de barbares ; il faut avouer que les Français méritaient en quelque sorte cette injure. »

13. Présenter l’auteur, Voltaire.

14. Comment Voltaire qualifie, d’un mot, ces quatre « siècles » ? Trouver dans le texte une autre expression.

15. Qu’est-ce qu’un « siècle » d’après Voltaire ?

16. Il n’y a pour lui que quatre « siècles », montrer qu’il rejoint les auteurs précédents.

17. Qu’est-ce qui déclenche la « Renaissance » d’après Voltaire ?

18. Montrer que les hommes au pouvoir jouent un rôle essentiel pour ces « siècles ».

19. Pour autant, le siècle de Louis XIV, par exemple, est-il uniquement lié à l’action du Roi ? Relever dans le texte de Voltaire des éléments de réponse.

20. Citer un autre « siècle » .

21. Quelle différence avec les précédents « siècles », par quoi se termine-t-il ?

22. Proposer une petite synthèse

Conclusion et ouverture du cours de Terminale sur la crise de 1929

Cette crise de 1929 a pour principale origine un déséquilibre économique et sociale , des salaires trop bas qui empêchent une consommation de masse de la production de masse de la modernité. La crise et ses conséquences, notamment le chômage de masse, aggrave évidemment le même problème. Les réponses à la crise, avec intervention de l’Etat, en remettant les chômeurs au travail et donc au salaire, même minime, ou encore en garantissant un certain salaire et les droits syndicaux offrent une sortie de crise basée sur les salaires. La période de prospérité des Trente Glorieuses, dite d’Etat-providence néo keynésienne, avec ses salaires élevées, le montre bien.

Préambule et Conclusion du cours de Terminale sur les régimes totalitaires

Préambule : l’arrivée au pouvoir des régimes totalitaires, fragilités des démocraties

Commençons par une contradiction : jamais aucun régime totalitaire n’est arrivé au pouvoir par la voie démocratique, ce qui prouve la solidité des démocraties mais en même temps il faut souligner que les totalitaires ont profité des fragilités des démocraties pour s’emparer de l’État. La Russie de 1917 connaît deux révolutions, celle de février chasse le Tsar et amène au pouvoir des gens plus proches idéologiquement des démocraties occidentales (France et Royaume Uni) … qui continuent donc la guerre à leurs côtés, et celle d’Octobre qui renverse cette démocratie trop récente et trop fragile et dont le programme de guerre ne convient pas au pays épuisé. L’Italie fait partie des vainqueurs de la guerre mais c’est une victoire « mutilée » car elle n’obtient pas de territoires, dans ce contexte agité la « marche sur Rome » n’est ni une réelle menace ni massive mais le Roi cède très facilement à ce coup de force. En Allemagne, le chômage de la crise de 29 explique les succès électoraux des nazis mais c’est la droite traditionnelle qui permet l’accès, en coalition, d’Hitler à la chancellerie (gouvernement). En France, une manifestation d’extrême Droite contre l’Assemblée nationale dégénère Place de la Concorde le 6 Février 1934, il y a des morts, la Police défendant la République. Dès le 12 Février 1934 les forces de Gauche se regroupent enfin (contrairement à l’Allemagne) et manifestent, cela aboutira à la victoire du Front populaire.

Conclusion

Centrés sur l’adhésion à des idéologies différentes (la nation pour les fascistes, la race pour les nazis, la classe pour les soviétiques) et parfois opposées (Pacte anti Komintern), les régimes totalitaires se caractérisent aussi par des points communs comme le culte du chef, la propagande et le contrôle de la société. La terreur, évidente, est une autre caractéristique des régimes totalitaires. Enfin, les régimes totalitaires sont aussi agressifs à l’extérieur. Le 23 août 1939 le pacte germano soviétique donne les mains libres à Hitler pour attaquer la Pologne, le 1 Septembre 1939 c’est le début de la Seconde Guerre mondiale, les historiens discutent encore à propos de la décision de Staline : gagner du temps (vu l’état dans lequel il a mis l’armée rouge …) face à son plus farouche adversaire dès Mein Kampf ? Ou alors choix de favoriser (rejoindre?) l’ennemi comme lui des démocraties occidentales libérales et du capitalisme ?

Début de la « fiche eduscol »

Le thème 1 met en lumière les difficultés auxquelles les régimes démocratiques libéraux ont été confrontés dans les années 1930 et la façon dont ils ont fait face au défi lancé par les régimes fascistes pendant la Seconde Guerre mondiale. Les bouleversements économiques, sociaux, culturels et politiques issus de la Première Guerre mondiale et de ses conséquences avaient déjà mis au défi les régimes démocratiques et leurs principes. Ces fragilités multiples sont accentuées encore par la dépression mondiale qui commence par la crise de 1929. Il ne s’agit pas de les étudier en tant que telles, mais plutôt de s’interroger sur la capacité des démocraties à y faire face. La réflexion porte sur les années 1930 qui marquent la fin d’un monde (fin du système financier, échec de la SDN et de son projet de sécurité collective, échec de l’esprit de Locarno). Pour autant, avant même le krach boursier, les sociétés occidentales connaissent une crise de confiance. La crise de 1929 ne fait qu’exacerber cette dernière. Les classes moyennes, soutien traditionnel de la démocratie, sont particulièrement touchées par les conséquences du «jeudi noir». Ces fragilités ne sont pas seulement internes, mais témoignent également des difficultés que les démocraties rencontrent pour rester crédibles face à des régimes qui proposent des modèles alternatifs, parmi lesquels les totalitarismes.

Extraits du cours rédigé

Cette surproduction est amplifiée par

- stagnation de la consommation car stagnation des salaires et concentration des richesses

Tous les pays sont dépassés et ne savent pas gérer ces millions de chômeurs, les files s’allongent, aux Etats-Unis, en Allemagne (respectivement 27 % et 44 % de chômeurs, hausses brutales), les classes moyennes, soutien traditionnel de la Démocratie, sont particulièrement touchées, cela entretient une crise de confiance dans la société établie depuis (la fin du XIXe) … C’est une remise en cause de la société qui a des conséquences politiques lourdes 

Dans les accords Matignon (et les lois qui suivent), plusieurs mesures répondent à la crise :

- une hausse importante des salaires (jusqu’à 15%)

- une meilleure protection des salariés et de leurs représentants syndicaux

- une réduction du temps de travail (passage de 48 à 40 h, c’est à dire la journée du Samedi) , ce qui permet d’embaucher des chômeurs

- et les premiers congés payés (15 jours)

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