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Billet de blog 10 avril 2017

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Chiffrages : les clients de M. Fillon sortent l'artillerie lourde

A 15 jours du premier tour, la presse nationale et économique compare les différents programmes et de leurs chiffrages. A la manœuvre, des instituts sobrement appelés "de recherche économique" dans lesquels on retrouve... les clients privés de M. Fillon.

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Le Figaro (propriété de la holding Dassault) et le journal La Tribune (groupe Hima) publient ces jours-ci un comparateur des différents programmes des candidats. Ce comparateur est issu des travaux de l'Institut Thomas More, auto-qualifié de "club de réflexion européen et indépendant".

On retrouve, selon Wikipédia, différents personnages intéressants à la tête de ce think tank : Charles Millon, dont il faut rappeler l'aventure avec le Front National ; Mr Boon-Faleur, ex-président de la holding Ackermans & Van Haaren ; M. Buffetaut, directeur des relations avec les institutions européennes du groupe Veolia ; M. Van Erk, de la société d'investissement KKR ; M. Lahoud, d'EADS. Le reste est à l'avenant. Un beau panel d'intérêts privés, en quelque sorte.

Le vice-président de l'institut Thomas More est M. Durca, de chez Axa. Axa : oui, le principal client de la société 2F Conseil, de François Fillon.

Au même moment, le quotidien économique Les Echos (propriété du groupe LVMH) nous sort de sa manche un autre comparatif, cette fois  issu de l'Institut Montaigne. D'où il ressort, devinez quoi ? Que les seuls programmes viables sont ceux de M. Fillon et de M. Macron. Vraiment, quelle surprise.

Bien entendu, le pedigree de l'Institut Montaigne vaut tout à fait celui de l'Institut Thomas More. Je crois même qu'il le dépasse. Le président et le président d'honneur de cet institut sont Henri de Castries et Claude Bébéar, respectivement Président Directeur Général et fondateur d'AXA. Coïncidence extraordinaire, me direz-vous. Je vous fais grâce du reste : on y retrouve pêle-mêle Merryl Lynch, Michelin, Airbus, etc. Une panoplie de patrons à qui on ne peut jeter la pierre : ils ne font que leur métier en défendant leur business. Mais en ayant soin d'orienter l'opinion avec l'aide des amis patrons de presse : Dassault, LVMH, etc.

Dans ces conditions, il est bien évident qu'on ne risque pas de retrouver, dans ces comparateurs, une mesure comme, par exemple, la mesure Mélenchon destinée à redresser les comptes sociaux. Le candidat de la France Insoumise indique que si les femmes étaient payées autant que les hommes à responsabilité égale -ce qui, somme toute, n'est pas une mesure bolchevique- les cotisations supplémentaires permettraient de financer immédiatement la retraite à 60 ans pour tous.

Une mesure que non seulement on peut, mais on doit discuter et critiquer. En attendant, on chercherait en vain les méthodes de calcul de ces pseudo-instituts : l'autorité du nom de l'institut suffit. On y ajoute quelques beaux graphiques bien explicites pour le prolo, on caresse l'électorat de droite dans le sens du poil (celui du moins d'impôt et/ou de la dette-qui-pèse-sur-la-tête-de-nos-petits-enfants), et zou ! Il est tellement plus facile d'occulter les propositions alternatives en faisant un gros titre dans la presse du copain.

En réalité, ces think tank font exactement l'inverse de ce qu'ils annoncent dans leur raison d'être : ils sont là pour empêcher de penser. Thomas More et Michel de Montaigne doivent se retourner dans leurs tombes.

 La vérité est ailleurs...

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