- Emploi : M. Macron va dans le sens de « plus de flexibilité ». Il propose, dans la lignée de la défunte loi Macron 2, de réduire la portée des « normes édictées au niveau national et même au niveau des branches ». Ainsi, les accords d’entreprises devraient pouvoir porter sur tous les sujets : salaires, heures supplémentaires, rémunération… Il s’agit d'un approfondissement de la logique de la loi El Khomry.
- Pouvoir d’achat : selon le candidat, le français gagne en moyenne 2200 € net/mois (p.7). Il s’agit d’une grossière erreur, le salaire médian étant de 1780 €/mois en France.
- Heures supplémentaires : avec E. Macron, elles seront exonérées (p.7 du programme). On encourage donc les heures supplémentaires (ainsi que le travail dominical, de soirée, de nuit...) ce qui est discutable compte tenu du niveau de chômage. E. Macron baisse de 10 points les cotisations sur le SMIC. Ce faisant, encourage-t-on l’emploi ou l’emploi mal payé ? Difficile à dire.
- Indemnités prud’hommales : elles seront plafonnées. Pourquoi ?
- Assurance chômage : Le candidat souhaite
1) nationaliser l’UNEDIC (actuellement, il s’agit d’une association patrons-salariés)
2) ouvrir ses services à toute la population non-salariée (progrès !)
3) supprimer la cotisation du salarié à l’Unedic et la remplacer par une hausse de 1.7% de la CSG (qui touche tous les revenus, y compris financiers). L’une des conséquences de ce point est de faire supporter une partie du financement par des populations qui ne peuvent, de fait, pas bénéficier de l’assurance chômage : les retraités et les fonctionnaires... soit 18.6 millions de "cotisants" supplémentaires.
Dans les modèles d’E. Macron, le principe est de supprimer la notion d’assurance, où le montant de l’allocation dépend de ce que vous avez cotisé. Là où ça se pratique (au Royaume Uni), il faut noter que les allocations et des durées d’indemnisation sont nettement plus faibles qu'en France.
Par ailleurs, E. Macron renforce le conditionnement des allocations chômage à la recherche effective d’un emploi (renforcement des contrôles, donc). - Bonus/malus pour les employeurs usant de CDD : (p.9) Un projet tout à fait contradictoire avec l’action de M. Macron au gouvernement. Il y a encouragé les contrats de chantier, d’usage et de mission.
- Finances : le candidat souhaite assouplir la régulation bancaire et assurantielle (conférence à la CPME 6 mars 2017). Il veut notamment revenir sur la contrainte, pour les banques, d’avoir d’avantage de fonds propres. Il indique vouloir s’attaquer aux rentes, mais n’a aucune mesure concernant la rente actionnariale, en dehors d’exonérations liées à l’investissement.
- Fonctionnaires : E. Macron souhaite « réformer la sphère publique pour plus d’efficacité », afin d'économiser 60 milliards d'euros par an (Hollande en a économisé 40, Fillon prévoit d’en économiser 100). Le candidat supprime donc 120.000 postes de fonctionnaires en 5 ans (pour mémoire, 100.000 fonctionnaires partent à la retraite chaque année). Ceci alors qu'une partie des universités sont au bord de la faillite, que les prisons et les tribunaux sont dans un état jugé préoccupant, que les hôpitaux sont exsangues, et que les effectifs de police sont probablement insuffisants. Programme d’austérité très classique, donc.
- Hôpitaux : E. Macron prévoit 15 milliards d’économie en réorganisant l’hôpital et en systématisant la chirurgie ambulatoire.
- Ecologie : Le candidat prévoit (p. 11) : une aide au changement de voitures, un plan isolation des bâtiments, une hausse de la taxe carbone, la fermeture des centrales à charbon, l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste, le doublement des capacités éolienne/photovoltaïque, la réduction du nucléaire (objectif 50% en 2025), la lutte contre l’obsolescence programmée, l’alignement de la fiscalité diesel-carbone.
Le candidat souhaite par ailleurs « assouplir » les normes écologiques.
Pour l’ensemble de ce programme, il prévoit un budget d’investissement de 3 milliards par an (le budget du ministère de l’environnement est actuellement de 9 milliards par an). Les estimations faites au niveau européen ou français s’accordent généralement pour dire qu’il faudrait y consacrer 1,5 à 2 % du PIB) pour commencer à être efficace. Soit de 30 à 40 milliards par an (budget français de défense : 44 milliards). Au total, un plan très en dessous de ce qui serait nécessaire, et on ne parle pas du fait qu’E. Macron milite pour la signature du CETA, donc du commerce international et de ses implications écologiques. - Europe : le candidat prêche pour une harmonisation sociale et fiscale, mais sans s’engager sur le fait que ce soit par le haut ou par le bas. On comprend à travers ses autres déclarations qu’il s’agit de faire une convergence européenne, donc une moyenne. Chers français, vous êtes priés de moyenner.
- ISF : E. Macron ne supprime pas officiellement l'ISF, puisqu’il le conserve pour les patrimoines immobiliers… mais il en exclut les patrimoines financiers. L’objectif est d’inciter l’investissement. Sauf que l’investissement est déjà largement défiscalisable. C’est donc une demi-suppression de l’ISF non assumée.
En résumé, un programme social-libéral proche de celui d’Hollande : moins de régulations et de services publics, moins d’impôts pour les investisseurs, plus de « libertés » pour les entreprises, plus de « flexibilité » pour les salariés, de l'écologie pour faire joli. Le tout sous le packaging d'une société dynamique, libérée, d’initiative individuelle, d’enrichissement personnel, en s’appuyant sur les classes montantes d’entrepreneurs ou d’actifs indépendants.
Un projet de société… mais de quelle société ?