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Billet de blog 10 mars 2011

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Docteur Folamour

BRUXELLES, 10 mars 2011 (AFP) - La reconnaissance par Paris du Conseil national de transition (CNT), qui rassemble l'opposition au colonel Kadhafi, comme étant le «représentant légitime» du peuple libyen a provoqué la stupeur de ses partenaires européens, dont les ministres des Affaires étrangères se sont réunis jeudi à Bruxelles pour discuter de la Libye.

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BRUXELLES, 10 mars 2011 (AFP) - La reconnaissance par Paris du Conseil national de transition (CNT), qui rassemble l'opposition au colonel Kadhafi, comme étant le «représentant légitime» du peuple libyen a provoqué la stupeur de ses partenaires européens, dont les ministres des Affaires étrangères se sont réunis jeudi à Bruxelles pour discuter de la Libye.
«S'engager dans un dialogue avec l'opposition, oui. Mais de là à reconnaître le CNT comme le seul représentant légitime, c'est aller un peu vite en besogne», a commenté un diplomate européen à Bruxelles.
La démarche de la France a «surpris» ses partenaires, a dit ce diplomate.
A Paris, une source proche du dossier a en outre déclaré, un peu plus tard, que le président Nicolas Sarkozy allait proposer à ses partenaires de l'UE des «frappes aériennes ciblées» en Libye, ainsi que le brouillage des systèmes de transmission du commandement de Mouammar Kadhafi.
«L'Italie ne participera pas à des frappes ciblées en terre libyenne», a aussitôt prévenu le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
«Nous ne voulons pas être aspirés dans une guerre en Afrique du Nord», avait dit auparavant son homologue allemand Guido Westerwelle.

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Cette dépêche diffusée par l'AFP est une bombe au sens propre du terme ! Le dos au mur, au plus bas dans les sondages, assuré (en l'état actuel de la situation politique et sociale) de perdre en 2012, Sarkozy est prêt à faire prendre tous les risques physiques aux Français, pour tenter une improbable reconquête de l'opinion.

Avec cette incroyable, irresponsable et provocatrice décision de reconnaissance du CNT libyen, hors de la moindre consultation et approbation de nos partenaires européens, avec ce projet d'opérer des frappes au sol qui revient à déclarer la guerre à Tripoli, il veut faire d'une pierre deux coups:
1/ Récupérer un brevet de "droitdel'hommiste" et faire oublier les fastes de sa scandaleuse réception de Khadafi à l'Elysée.
2/ Et c'est le plus grave: rassembler autour de sa personne on ne sait quelle union sacrée contre le terrorisme et celui qui l'incarna pendant de longues années, le dictateur libyen.

Car, que l'on ne s'y méprenne pas, Khadafi va réagir et envisage d'ores et déjà une rupture des relations diplomatiques avec la France. C'est la première démarche encore non violente. Mais le pire est à venir. Rappelons-nous que le plus grave attentat que la France eut à souffrir en temps de paix fut l'explosion du DC10 d'UTA en 1989 au dessus du désert du Ténéré (170 morts).

Si la France poursuit dans la voie de son petit docteur Folamour, le dingue de Tripoli n'hésitera certainement pas à activer ses réseaux dans l'hexagone pour y perpétrer des attaques terroristes, il connait bien la question.

Alors, c'est maintenant et tout de suite qu'une union sacrée doit se faire, toutes tendances politiques confondues, pour arrêter le petit chef de l'exécutif dans sa fuite en avant porteuse de tragédies pour notre peuple. Certes, une interdiction de survol de l'espace aérien libyen est souhaitable pour les combattants de la liberté de ce pays. Mais c'est une décision qui doit et ne peut être prise que collectivement avec nos partenaires du Conseil de Sécurité à l'ONU.

Enfin, on me dit que Juppé, le nouveau locataire du Quai d'Orsay, n'a pas été prévenu de la décision élyséenne. Attendons de voir. Mais si c'est le cas, il se doit de démissionner dans les heures qui viennent.

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