L'histoire ne repasse pas les plats, cher François Hollande, et la faute historique commise par le PS en 2002, appelant unilatéralement à voter Chirac pour soi-disant faire barrage au Front National, ne doit en aucun cas être réitérée 9 ans plus tard, partout où se profile un duel UMP/FN, dimanche prochain au second tour des Cantonales.
Au-delà de l'enjeu incomparable entre des Présidentielles et le renouvellement des conseillers généraux de la moitié de nos cantons, cette question pré-détermine cependant la nature du combat qui, dans 13 mois, va nous opposer à la majorité sortante sarkoziste.
Je dis bien "sarkoziste" et non "de droite" ou "conservatrice". Et la nuance est de taille !
Si nous pouvons admettre qu'en 2002 et en dépit de leur campagne sécuritaire-alarmiste artificielle, les chiraquiens partageaient encore avec nous un minimum de valeurs fondamentales démocratiques et républicaines, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Oui, la "rupture" (salmigondis idéologico-politique conjoncturel et populiste) prêchée par le candidat sarkozy en 2007 a bien été mise en application par le Président élu. Mais quelle rupture ? Tout simplement avec la lettre et l'esprit de notre République, avec l'Histoire des luttes émancipatrices, idéologiques, sociales et politiques, de notre peuple depuis 1789.
Avec, plus proche de nous, le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) forgé dans les maquis anti-fascistes de l'occupation nazie, et heureusement placé à nouveau sur le devant de la scène par notre ami et jeune camarade Stéphane Hessel.
Je sais, ce rappel historique peut paraître bien grandiloquent en regard de ces "petites" cantonales partielles. Mais sur le fond -et c'est bien sur le fond que tu te prononces, cher François Hollande en appelant les électeurs de gauche à voter UMP en cas de duel, dimanche, avec le FN- la réalité est bien ainsi.
Mais l'UMP et l'ensemble de ses composantes (partis, groupes et groupuscules, militants, adhérents) est absolument comptable de cette dérive sarko-pétainiste, exposée plus haut.
Certains de ses candidats en ont eu tellement conscience, qu'ils se sont présentés ici et là sous l'étiquette "divers droite", afin de cacher cette plaie purulente que nous ne saurions voir.
Du même coup, le concept "d'extrême-droite" (car c'est bien à "l'extrême-droite" que tu veux faire barrage, François) s'en trouve singulièrement brouillé.
La fille Le Pen ne s'y est d'ailleurs pas trompé en offrant une "carte d'adhérent d'honneur" à Guéant, ci-devant ministre de l'Intérieur de la République (une bagatelle pour un massacre...) et ancien conseiller spécial de sarkozy, donc principal artisan avec Buisson, (l'ancien journaleux de Minute), de la droitisation extrême de ce régime.
Quant à Hortefeux, Besson et compagnie qui ont remis la "peste brune" au goût du jour et "l'occident chrétien" en piste, je laisse à ta sagacité politique, dear François, le soin d'analyser les raisons du bond quantitatif du vote FN enregistré dimanche.
Nul doute que si en 2012, Miss Marine était élue, ceux-la iraient immédiatement à la gamelle !
Opérer actuellement -et à défaut que l'UMP n'implose rapidement en prenant publiquement ses distances avec sarkozy et la bande pré-citée)- une distinction de l'ordre de la "morale politique" entre le parti au pouvoir et le Front National, me semble non seulement hasardeux, mais absolument erroné.
Laissons les loups se dévorer entre eux, dimanche prochain et dans 13 mois.
L'UMP et le FN, c'est "blanc bonnet et bonnet blanc".
Les électeurs de gauche, partout où il y a des duels entre ces deux composantes de la droite extrême, doivent voter "blanc bulletin et bulletin blanc" !