16 décembre 1989, première manif à Timisoara et premières émeutes, dont la cause ou le prétexte est l'expulsion d'un obscur pasteur protestant d'origine hongroise, Lalo Tökès.
Toile de fond: la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'empire soviétique.15/16 Février 2011, premières manifs et émeutes à Benghazi en signe de protestation contre l'arrestation d'un "militant des Droits de l'homme", dont l'histoire a déjà oublié le nom.
Contexte: les révolutions tunisienne et égyptienne, coups d'envoi du Printemps arabe.21 décembre 1989: Ceaucescu s'adresse au peuple depuis le balcon du Comité Central du PC Roumain à Bucarest. Il est l'acteur inconscient d'une mise en scène préparée par ceux qui l'entourent à la tribune. Tout est prêt et parfaitement règlé. La foule le conspue, le menace et il ne trouve son salut que dans la fuite. On connait la suite. Le coup d'Etat a fonctionné à merveille et le peuple roumain qui a payé cher en vies humaines cette parodie de révolution, est totalement abusé, au même titre que la communauté internationale.25 Février 2011: Kadhafi se montre pour la première fois physiquement au peuple libyen et aux caméras, du haut des murs de la citadelle sur la Place Verte à Tripoli. Mais le scénario est le contraire de celui de Bucarest. Le "Guide" ne souffre d'aucune contestation. Et même si l'hypothèse du coup d'Etat en cours se trouve renforcée par la soi-disant défection, depuis une dizaine de jours, de centaines de militaires et hauts gradés libyens, le maître de Tripoli tient parfaitement ses troupes et ses tribus.Où et quand s'est produit le "couac" ? L'histoire le dira. Mais nous avons ses effets devant les yeux. Alors que début Mars, peu donnaient cher de la peau du dictateur libyen (Sarkozy en tête qui s'était empressé de reconnaître unilatéralement de soi-disant Conseil de Transition, entraînant la communauté internationale, friande causes "morales" dans une "croisade" dont on ne voit pas l'issue), Kadhafi s'offre le luxe d'une sanglante contre-offensive militaire qui va de succès en succès et de morts en morts, en dépit des frappes alliées.On le sait maintenant, l'insurrection n'a pas le moindre commandement militaire ou politico-militaire. Le fameux CNT n'est qu'un rassemblement hétéroclyte, certainement ici et là pétri de bonnes intentions, mais qui ne représente que lui-même, sans perspectives politiques hormis le mot générique fourre-tout "démocratie" qui ne prend sa signification que par rapport au mot "tyran", mais pas plus. Il y faut du contenu. Et en ce qui concerne le contenu, la seule réponse à notre disposition est le silence assourdissant de ce "représentant de la Libye démocratique"...!
Pendant ce temps, des combattants en tongues affrontent les chars. Des familles sont massacrées et les avions français ont explosé quelques chars et véhicules blindés.
Et où sont passés ces centaines de militaires qui étaient passés avec armes et bagages dans le camp de l'insurrection ? En voila une question qu'elle est bien bonne !Mais si l'hypothèse de la "fausse révolution populaire mais vraie révolution de Palais", s'avère malheureusement exacte (il y a un beau gâteau à partager entre anciens de l'appareil d'Etat), son échec déjà consommé explique la disparition massive des militaires ayant marché dans l'affaire, et qui maintenant se terrent en attendant de voir de quel côté le vent va tourner.Reste un peuple qui y a cru, car on l'a amené à y croire.Nous, les Français, avec notre petit Don Quichotte illuminé prenant la tête de la "croisade" pour d'infâmes raisons de politique intérieure et de lessivage d'image personnelle, avons une calamiteuse responsabilité dans cette sanglante farce. Dans les rues de Benghazi il y a quelques jours, le peuple déployait et embrassait le drapeau tricolore.Il ignorait que ce drapeau chéri lui renvoyait le baiser de la mort.