Les Kanaks ont avec constance fait l'objet de répressions extrêmement brutales de la France - 1878,1913, 1917, 1921 -, ils ont été marginalisés socialement, culturellement et économiquement. Exposés en cages lors de l'exposition coloniale à Paris en 1931. Décimée par les pandémies et la répression la population kanak de 50 000 âmes lors du début de la colonisation française passe à 27 000 en moins de dix ans. Elle ne retrouvera ce chiffre de 50 000 qu'en ..1973! A partir de cette date leur forte croissance pousse les autorités françaises à encourager l'immigration en Nouvelle Calédonie. Le pouvoir colonial s’est attaché historiquement à rendre les Kanaks minoritaires chez eux. Selon la directive Messmer, alors premier Ministre, dans une lettre adressée le 19 juillet 1972 à son Secrétaire d’Etat pour les « départements et territoires d’outre mer », il faut encourager et subventionner l’immigration :" la présence française en Calédonie ne peut être menacée sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones, appuyés par quelques alliés éventuels dans d'autres communautés ethniques venant du Pacifique ; à court et moyen terme, l'immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaire des DOM (Réunion) devrait permettre d'éviter ce danger, en maintenant ou améliorant le rapport numérique des communautés ; à long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire…Les conditions sont réunies pour que la Calédonie soit dans vingt ans un petit territoire français prospère comparable au Luxembourg …Le succès de cette entreprise indispensable au maintien de positions françaises à l’est de Suez dépend, entre autres conditions, de notre aptitude à réussir enfin, après tant d’échecs dans notre Histoire, une opération de peuplement outre-mer". Roger Laroque, le maire de Nouméa depuis 1953 déclare au journaliste du magazine L'Express venu l'interviewer peu avant le scrutin du 10 septembre 1972: “Il faut faire du blanc, faire venir des métropolitains. Comme ça, il n'y aura pas de problème canaque”. Quatre mille immigrants dont les voyages sont subventionnés par le Centre Centre d'Information et de Promotion de l'Emploi en Nouvelle-Calédonie, créé en 1971, dépendant du premier Ministre, arrivent à Nouméa depuis la France entre 1972 et 1980. Seuls critères : être Blanc ou être de nationalité française. Dans son livre de mémoire, Michel Levallois, ancien secrétaire général du Territoire rapporte cette lettre du chef de subdivision de Poindimié en 1969 au sujet de la situation de la population mélanésienne: "Les Autochtones étouffent dans leur réserve alors que la situation des blancs ne fait que s'améliorer. Le déséquilibre s'accentue entre les deux communautés et le fossé se creuse quand l'influence des cadres traditionnels de la société mélanésienne s'estompe de jour en jour. (…) La génération des quadragénaires actuels est composée en majorité d'ivrognes et de gens peu intéressants (…). Quant aux jeunes, ils constituent l'élément explosif. Ils sont inquiétants car ils n'ont aucun respect pour la coutume, ni pour les autorités traditionnelles, dont la tutelle, quand elle existe, leur paraît insupportable. Il faut reconnaître à leur décharge que rien, ou si peu, n'a été fait en leur faveur. (…) Ceux qui travaillent sur mine dépensent mal leur salaire, en boisson, le plus souvent, parce qu'ils touchent trop pour boire mais pas assez pour pouvoir construire. (…) Tout se passe comme si on était en présence d'un tampon imbibé d'essence. Il suffirait d'une allumette pour que tout s'embrase. (…)".
En décembre 1975, le Mélanésien Richard Kamouda est tué lors d'une intervention policière. En janvier 1980, le jeune Kanak et quartier-maître de la Marine nationale, Théodore Daye, est tué par un policier hors service. En 1981, les leaders indépendantistes Pierre Declercq et Émile Kutu sont assassinés par des "inconnus". En janvier 1983, deux gendarmes sont assassinés à Koindé. Le 5 décembre 1984, une embuscade est menée par des Caldoches (colons français nés en Nouvelle-Calédonie) à Hienghène dans laquelle dix indépendantistes sont tués, dont deux frères du chef indépendantiste Jean-Marie Tjibaou. Les responsables de cette tuerie sont tous acquittés en 1984 par un jury composé uniquement d’Européens. En avril 1987, un gendarme est tué à Koné, et en septembre, deux de ses collègues . En novembre 1987, un gendarme tue un jeune Kanak dans la tribu de Saint-Louis, lors d’une opération de police judiciaire. Les leaders kanak, Eloi Machoro et Marcel Nonnaro, sont assassinés par deux officiers du Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale le 12 Janvier 1985. L'Etat d'urgence et le couvre-feu sont déclarés de janvier à juin 1985. Une véritable guerre civile s'instaure de 1984 à 1988. Les autorités françaises parleront, comme en Algérie, d' "évènements". Et essayez de consulter les archives se rapportant à ces « évènements ». Les archives sur l'assassinat de Pierre Declercq ne seront consultables qu'à partir du 1er janvier 2038. Sur la mission de police judiciaire suite à l'assassinat de Pierre Declercq, le 19 septembre 1981, les archives ne seront accessibles qu'à la date du 2 janvier 2100! Comme en Algérie, dont nombre d’archives sur la guerre d’indépendance et la répression (1954-1962) ne sont toujours pas accessibles, protégées par le label Secret Défense, l' Etat français cache ses errements.
Et c'est l'Azerbaidjan ou la Russie par Azerbaidjan interposé qui est responsable de tout ce désastre!!!??
A la source de ces errements, c'est le rêve de grande puissance qui anime les dirigeants d'une nation devenue moyenne sur l'échiquier mondial, laquelle dispose des attributs de la puissance (membre du Conseil de Sécurité des Nations-Unies avec droit de veto ; membre du club nucléaire) sans en avoir désormais les moyens. Elle a déjà du mal à tenir son rang en Europe. Mais ses dirigeants gardent le verbe haut:" La France puissance du Pacifique" selon l'Elysée. Nous-mêmes, diplomates au quai d'Orsay, nous nous attachions à éviter ce mantra dans nos correspondances. Il suffit de regarder où se trouve la France sur la carte mondiale : plus de 7 000 km séparent Taipeh de Nouméa ; plus de 10 000 km séparent Taiwan de Tahiti. Chaque année, même lors de manœuvres navales et militaires chinoises, un navire de guerre français croise dans le détroit de Taiwan afin de montrer aux Chinois selon le président Macron que la France est "une puissance du Pacifique". En avril 2019, une frégate française est même interceptée par l’armada chinoise et accompagnée manu militari hors du détroit.
Le déplacement forcé des essais nucléaires en 1962 de l'Algérie désormais indépendante vers la Polynésie a inspiré ce slogan ressassé par nos dirigeants et, avec plus de vigueur, par le président Macron. L'île est inscrite depuis 1986 par les Nations-Unies comme territoire à décoloniser tout comme la Polynésie française. L'ont été les principales iles du Pacifique qui sont désormais indépendantes (Nauru,1968; Fidji, Tonga, 1970;Papouasie-Nouvelle Guinée, 1975; iles Salomon et Tuvalu, 1978; Kiribati,1979; Vanuatu, 1980). Mais la France s'accroche, envoie sa police et son armée contre les Kanaks dont la lignée réside dans l'île depuis plus de 2 000 ans, dépossédés par elle de leurs terres dès 1855 et de leurs ressources minières, nickel en particulier. Nos dirigeants invoquent aujourd’hui l’ "ordre républicain" pour justifier la répression alors qu'il s'agit de l’ "ordre colonial". Comme en Algérie en 1954, au lieu de préparer l'indépendance de cette île lorsque éclate les premières manifestations, c’est la voie de la répression et de la soumission que choisissent les autorités françaises avec leur cortège de morts, de haines et de rancoeurs, afin de rendre impossible une entente entre deux communautés vers une indépendance fraternelle. .......
Mais la faute est à l'Azerbaidjan!