Des étudiants de l'Institut d'Etudes Politiques (Sciences Po.) de Menton avaient annoncé qu'ils feraient une protestation lors du match de football OGC Nice - Maccabi Tel Aviv prévu le 25 août afin de dénoncer, selon les termes de l'association "Sciences Palestine" de ce campus, " la façon dont les forces d'occupation continuent d'infliger l'injustice au peuple palestinien" et l' "apartheid imposé par l'Etat d'Israël". Cette manifestation de caractère pacifique devait rassembler quelques dizaines d'étudiants .
La réaction des autorités et les menaces et les pressions dont les étudiants ont été l'objet interpellent. Elles ont contraint les manifestants à annuler leur protestation.
Le maire de Menton , Yves Juhel (LR), est intervenu personnellement auprès de la directrice de Sciences Po., Yasmina Touaibia. La directrice a convoqué les responsables pour leur "exposer le contexte", notamment les risques de voir les financements municipaux et les cessions des espaces publics suspendus, rappelant avec cynisme que "tout l'exécutif municipal de Menton est bienveillant envers les étudiants de Sciences Po".
Le candidat azuréen à la présidence du parti Les Républicains (LR), et député des Alpes Maritimes, Eric Ciotti, a demandé au préfet du Département "l'interdiction de manifestations anti-israéliennes de l'extrême gauche" à l'occasion de ce match. Ce dont le Préfet ne s'est pas privé: toute "manifestations ou rassemblements revendicatifs" étaient désormais interdits aux abords du stade le jeudi 25 août à partir de 14 heures jusqu'au vendredi 25 août, deux heures du matin, pour les plus insomniaques des manifestants. Le maire de Nice, Christian Estrosi, désormais rallié à la formation de l'ancien Premier Ministre, Edouard Philippe, après avoir été LR et macroniste, a renchéri: "La communication utilisée pour cet appel à la manifestation relève d'un anti-sionisme évident derrière lequel se cache toujours l'antisémitisme". Et le quotidien régional Nice-matin pouvait titrer ce jeudi 25 août "La manifestation proPalestine cède à la pression" sous la plume du journaliste Olivier Sclavo. qui mentionne le dépit de la responsable sur le campus de cette initiative: "Je suis étonnée de voir comment la mairie de Menton et notre direction nous menacent".
La filiale de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, sise à Menton, est spécialisée sur le Moyen Orient. Ces étudiants, bien informés et conscients des complexités de cette région du monde, ne peuvent manifester librement, pacifiquement et hors menaces, en faveur des Palestiniens, sans se trouver confrontés à l'abus d'autorité, à la partialité et à l'arbitraire. Simone Veil, écrit dans sa remarquable autobiographie (Une Vie, 2007): "Autre chose me gêne dans ses droits de l'homme prétendument universels, c'est que précisément, ils ne le sont pas. Il y a toujours deux poids deux mesures".
Quelques jours plus tard, le 29 août, l'association "France Russie Convergence", sise à Marseille, a rassemblé sur la place Garibaldi à Nice, avec drapeaux russes et gerbes de fleurs et pancartes arborant "OTAN assassin", une manifestation autorisée par le préfet en hommage à Daris Douguine, fille de l'idéologue nationaliste fasciste , Aleksander Douguine, proche du Kremlin, tuée le 20 août dans un attentat à Moscou.