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Billet de blog 4 avril 2023

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Eco-terrorisme et terroristes de la pensée

Les mots ont un sens, n’en profanez pas le sacré, il appartient aux victimes, à tout ceux et celles qui ont perdu un être cher, un père, une fille, un amour. Les mots ne sont pas que des amalgames de lettres inertes et les user à contre vérité, les jouer en Novolang, les dénaturer de leur sens est un blasphème Républicain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le terrorisme est l'emploi de l’instauration d’une peur collective qu'on fait régner dans une population pour briser sa résistance à des fins idéologiques, politiques ou religieuses. —Depuis Wikipédia—.

L'usage du terme « terrorisme » sert un argument généralement accusateur. À lui seul, il délégitime un acte qui peut être considéré comme le plus grave des crimes contre la personne. Les peines peuvent donc être plus sévères, comme l'emprisonnement à perpétuité ou la peine de mort.

Je me souviens des morts de la rue des rosiers, que Raymond Barre avait du mal à considérer comme victimes, puisque des Français innocents avaient aussi été tués, innocent par opposition à juif… Je me souviens des métros, puis des tours jumelles, de Madrid… Mais je sais aussi que le terrorisme frappe et tue surtout ailleurs, au moyen orient, en Afrique, en Amérique du Sud, bref partout ou des hommes luttent pour prendre le pouvoir à d’autres hommes en se foutant totalement des morts…

La terreur, depuis la Saint-Barthélemy au dernier attentat qui défraiera les médias, ou pas… suivant qu'il a lieu là-bas, ou ici, ou dans un ailleurs touchant, où nous prenons nos vacances… ou alors parce qu'il pousse encore plus loin le record morbide du nombre de victimes… ou parce qu'une photo de grand reporter est particulièrement émouvante…

L’état français n’est pas en reste quand il s’agit de terreur, c’est bien le pouvoir du roi qui est responsable de l’assassinat des Protestants en 1572, c’est bien la République qui est appelée la Terreur en 1794, et qui donne enfin son nom à ce crime que nous détestons tous : le terrorisme.

Quand les citoyens ont désormais peur de participer à une manifestation, ce qui est pourtant un droit constitutionnel, de peur d’y perdre un oeil, une main, de 24 heures en garde-à-vue, ou d’être condamné lors d’un jugement expéditif d’une comparution immédiate sous les accusations de fonctionnaires à qui vous avez donné de l’ordre de tout faire pour que l’ampleur des manifestations diminue. Comment doit-on qualifier la politique de l’état ?

Illustration 1
"Smile when you fall 1/2", AP N°0939 © Yann Dumoget

Quand vous censurez les mots et l’irrévérence qui pourtant est une des qualité de notre culture depuis Molière, en allant débusquer chez eux ceux qui osent des jeux de mots comme « or dur » pour qualifier un Président de la République sur les réseaux sociaux. Quand la Brigade Anti-Criminalité fracasse les portes d’appartements au simple motif que leurs occupants profitent de leur balcon pour afficher une pancarte disant : « Je veux pouvoir partir en retraite avant l’effondrement climatique »  Comment doit-on qualifier la politique de l’état ?

Quand vous qualifiez d'éco-terroristes des militants qui, à tord ou à raison, affrontent les interdictions de manifester pour tenter d'alerter la population de ce qu'ils estiment comme des choix dangereux pour l'avenir de notre nation et de la terre. Vous les associez soudain aux heures noires des mouvements terroristes européens des années 70, les exposant de fait, à des peines de prison disproportionnées, aux foudres de la justice et à la violence des matraques, puisque ces éco-terroristes selon vous, s'attaquent à la Nation et à son intégrité, alors je me demande comment qualifier la politique de l'état.

Quand vous qualifiez de terroristes intellectuels, ceux qui n'ont que les mots à vous opposer, que de l'esprit en guise de poudre, que des aphorismes en guise de grenade qu'ils dégoupillent sur des postes dans la vaste cohorte des humeurs exprimées sur internet tout en étant destinés à disparaitre aussi vite que publiés… alors j'ai honte de l'outrage que vous faites aux morts de toutes les nations qui ont subi dans leur chaire, dans la perte d'un être cher, le prix de la terreur. Je repense à ces minutes de silence que nous avons tous porté, la main sur le coeur et je ressens l'insulte à ces victimes. Je repense à cette nuit du 13 novembre 2015, à l'horreur, à tous ceux qui dès le lendemain sont allés le coeur empli de tristesse, les yeux rougis de pleurs et de peurs, prendre un café en terrasse, pour justement, lui dire non, à cette tentative de terreur.

Les mots ont un sens et celui-ci s'est tracé sa voie dans des marres de sang, n'en profanez pas le sacré, il appartient aux victimes, à tous ceux et celles qui ont perdu un être cher, un père, une fille, un amour et qui aujourd'hui encore ne savent plus vivre par-dessus cette plaie dont on ne guérit jamais tout à fait. Les mots ont un sens et vous servir de ce mot à des fins politiques, pour lutter contre ceux qui s'opposent à votre politique est indigne.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.