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Billet de blog 22 août 2022

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De Rome à Athènes, réinventons la société occidentale

Le quartier, comme moteur de la transition écologique de l'humanité, nous devons revenir aux sources helléniques de nos civilisations pour inventer une société heureuse et écologique, pour nous libérer de l'influence impérialiste romaine qui nous amène à mettre notre avenir en danger. Une proposition non partisane, proposée à tous les maires de nos citées.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous ne pouvons pas envisager d’avenir sans réduire drastiquement nos déplacements et pourtant le télétravail qui portait cet espoir n’a pas donné les fruits attendus, certes les salariés qui le peuvent apprécient ce confort, mais très vite, ils vont vivre plus loin, et quittent les villes, pour accéder aux campagnes, accomplir leur rêve de nature, ce qui augmente encore l’empreinte de chacun sur ce qu’il reste de terres non bitumées et les besoins énergétiques carbonés ou non. C’est l’échec d’un changement qui devait apporter un peu de sobriété. Les quelques héros qui ont investis dans des vélos cargos pour répondre à cette urgence n’ont pas d’impact sur les statistiques. Pour remédier à cette difficulté sans imposer de mesures coercitives, nous devons proposer aux citadins de vivre autrement, rendre les villes douces et apaisées en limitant drastiquement le nombre de véhicules qui y circulent, en insérant dans l’urbain du commun, des parcs, des jardins partagés, nous devons positiver la verticalisation les habitats sans négliger la qualité de vie des habitants, inventer des appartements isolés, ou chacun soit libre de faire la fête sans devenir ennemi de ses voisins...

Mais avant tout, nous devons repenser la ville en micro citées, chaque quartier doit proposer ses espaces de loisir, ses propres marchés, ses services et sa propre micro-antenne dans les réseaux maison pour tous, que nous appellerons « coins de quartier » et les gérer en coordination et donner de l'autonomie aux habitants...

Il faut renoncer aux citées dortoirs, inciter les propriétaires qui le peuvent à transformer leur garage pour y faire naitre des locaux commerciaux, faciliter les moments festifs, les lieux de culture à petite échelle... Donner de l'autonomie encore et encore, laisser se différencier les centres en choisissant leur mobilier urbain... Les centres, car la ville ne doit plus être conçue comme un centre et ses périphéries, mais comme des centres différenciés, indépendants et co-acteurs au sein des agglomérations.

Il faut mettre fin à l’omnipotence des élus, les inciter à passer la main au gens du coin, leur proposer de coopérer et de légitimer les citoyens. Marseille l'a fait par défaut, à force de faire autre chose que de gérer la ville, après des dizaines d’années sans implication de leurs élus, les habitants se sont emparés de leurs rues, de leurs places, investissant leur temps et leur propre argent pour végétaliser, différencier chaque espace de la ville. L'absence de politique de la ville a incité les habitant à entreprendre cette démarche, mais si la démarche citoyenne a été exemplaire, ils souffrent de tous les travers et les drames d'une ville abandonnée à elle-même depuis trop longtemps... Nous devons au contraire organiser cette prise en main des communs, gérer des budgets partagés, responsabiliser et accompagner. C'est à ce prix qu'on inventera une nouvelle aspiration à nos habitants, et que vivre en ville ne soit plus jamais un pis-aller, mais un attachement profond à des racines fortes et émotionnelles. Malgré les effondrements meurtriers des immeubles à l’abandon qui ont révolté les marseillais, ils ont les yeux brillants et fiers de leur implication et continuent malgré tout d’aimer leur ville endeuillée : « - ici, c’est Marseille bébé » disent-ils toujours dans un mélange d’amertume et de fierté devant la surprise des visiteurs.

----- nous devons revenir à la source de ce que nous sommes -----

Nous devons atticiser nos villes pour les sauver, helléniser nos espaces péri-urbains (paraphrase inspirée des mémoires d’Adrien, pardon à M Yourcenar). Plus simplement, nous devons construire notre avenir sur le modèle de la Grèce Antique et de ses royaumes réunis mais diversifiés.
Chaque endroit doit avoir sa propre agora, décider de ses choix, car l'humain ne peut vivre dans la multitude qui le dépersonnalise, fait de lui ou elle un inconnu dans son propre endroit.
Il faut concevoir une ville composée de villages, y inventer son propre centre, ses spécificités.
Il faut que chaque quartier puisse créer ses propres équipes sportives, organiser des tournois, dans une compétition saine et valorisante, contre les autres quartiers, créer du lien, donner la possibilité à chacun de ses lieux d’organiser leurs propres concerts, des représentations théâtrales, des micros-festivales…

C’est à ce prix, au renoncement à la centralisation de son pouvoir que le maire de la ville de demain pourra inventer l’avenir, n’attendons pas de changer les institutions, de formaliser des fonctionnements bureaucratiques, de légiférer, nous n’en avons plus le temps, dès demain, la ville doit se consacrer à changer l’horizon des citoyens.

Il faudra ensuite que les quartiers puissent inviter des entreprises à financer des solutions de cotravail pour que les salariés puissent accéder à un espace partagé dans leur quartier. Dans ces lieux ils pourront s’enrichire des méthodes et outils d’autres salariés employés par d’autres entreprises sans rester enfermer dans leur lieu de vie, toute la journée. L’homme est un animal social, nous devons lutter contre tous les isolements. Ces espaces, qu’il faut aussi envisager dans les villages périurbains, permettront de créer du lien social localisé.
Nous inversons l’exode des citadins vers les campagnes, et en allant retrouver d’autres amis dans un autre quartier, le citoyen attique — celui qui vit son urbanité dans un rapport intime à son quartier— doit déjà avoir l’impression de voyager en accédant à un autre quartier en quelques minutes de marche ou de transport en commun, un quartier qui se sera singularisé, différencié dans ses choix, dans son fonctionnement.

Les villes devront arrêter d’investir dans d’immenses structures de bétons pour concentrer des dizaines de milliers de personnes dans des événements culturels disproportionnés qui perdent la saveur de l’échange, de la proximité avec les artistes. Les villes devront redonner de la vigueur au tissus créatif local. Plus d’artistes vivront de leur métier, même si moins d’entre eux deviendront riches à millions. Le ruban des microprojets est beaucoup moins glamour à couper lors des cérémonies médiatisées, mais c’est à ce prix, que pierre par pierre nous reconstruirons notre société, que nous ouvrirons un horizon nouveau sur les charmes de la sobriété, que nous renoncerons à l’Ubris.
----- De l’Ubris et ses conséquences ---
Depuis des années, nous sommes face à un paradoxe, comment inventer un avenir enviable en demandant à chacun de renoncer à tout ce qu’il croit, ce qu’il entrevoit et définit, comme marqueur du bonheur, de l’accomplissement de ses efforts ?
Pourtant la réponse est évidente, elle fait partie de la source de ce qui nous a fait civilisation, nous sommes les héritiers de la Grèce antique, de Platon, Socrates, de la rhétorique et de la volonté de comprendre le monde, avec Pythagore et Thalès. Nous sommes les héritiers des Dionysies où est née la puissance du théâtre. Nous descendons de cette civilisation qui nous a donné la démocratie en héritage. L’idée de la place de l’humain sur terre dans cette société exemplaire pour son époque était de valoriser une vie riche d’échanges et de rencontres, d’accomplissement personnels et d’exploits individuels autours de ses jeux olympiques. Cette société de la modération, s’opposait à l’exagération, au narcissisme, à l'arrogance, au mensonge, à la démesure, à la violence, à la volonté de domination, à la quête absurde d’absolu. Les Helléniques appelaient ce danger, l’Ubris. Le risque était de déséquilibrer les relations interpersonnelles, de laisser le citoyen s’abandonner à ces travers, ce qui était dénoncé comme une mise en danger de tous car l’Ubris était décrit comme la cause de la colère des dieux. Et les Grecques redoutaient le chaos qui en résulterait.

Aujourd’hui nous subissons la colère de Zeus qui lance tour à tour ses éclaires sur nos forêts, puis des inondations dévastatrices. Nous sommes la cible de Poséidon et de ses des tempêtes, et des filets de nos pêcheurs qui restent vides. Demeter affaiblit nos récoltes sur les terres empoisonnées de pesticides et d’entrants chimiques, empoisonne nos fruits et nos blés. Ares sévit aux portes de l’Europe et nous accueillons ses victimes de plus en plus nombreuses, venues du moyen orient, d’Afrique, fuyant comme les Ukrainiens les dévastations et la mort. Hermès nous prive de ses grâces, et les petits commerçants se voient attaquer par Amazon alors que les prix embrasés des essentiels augmentent chaque mois dans une spirale inflationniste car le risque paysan dépend des incertitudes climatiques.

Ce que nous vivons aujourd’hui, même si les dieux grecques n’y sont pour rien, c’est exactement la mise en garde de leur mythologie : nous abusons de la terre, et nous commençons à payer l’addition de nos errances. Nous sommes face aux conséquences de l’Ubris de nos sociétés humaines, de l’Ubris qui plutôt que d’être dénoncé, s’est vu glorifié, jusqu’à devenir un but à nos vies, un accomplissement que nous partageons sur Instagram et les autres réseaux sociaux. Aujourd’hui nous sommes entrés dans une ère absurde ou au lieu de demander à ceux que nous aimons s’ils sont heureux et de leur témoigner notre considération, nous leur partageons notre propre réussite en faisant des bouches en canards sur nos selfies. Notre Ubris est tellement présent que nous leur envoyons des photos de nos festins, oubliant que les pixels ne se mangent pas.
Nous sommes devenus des admirateurs de Midas, oubliant les leçons du mythe : la solitude du roi qui ne pourra plus toucher personne, condamné à transformer en statut d’or ceux qu’il voudrait étreindre. Midas, l’incarnation de l’Ubris, et pourtant nos sociétés vénèrent les Midas de ce siècle, Elon Musk, Bill Gates et les autres qui enfermés dans leur résidences dorées, nagent dans des milliards mais ne peuvent pas aller prendre un café au bistro, se promener dans les rues des cités, sans être entouré d’une armée de gardes du corps… Seuls et isolés dans l’enfermement de leurs fortunes, ils n’ont aucune liberté.
La Grèce antique est notre héritage, notre source originelle, mais nous avons bâtis une civilisation sur un principe opposé à nos racines hellénique. Nous avons été colonisés par la Rome impériale, et malgré les similitudes apparentes, Rome était au service d’une civilisation de la domination, du pouvoir centralisé, de l’Ubris
--------- Rome et la naissance de l’empire -------
Rome fût fondée par Romulus, dit le mythe, et il tua son frère jumeau qui osât le défier dans sa volonté de puissance, dans son rêve de grandeur. Rémus eu l’audace de franchir la muraille à peine dessinée sur la terre mais affirmée comme infranchissable par Romulus. Se voyant défier dans ses rêves de grandeur, Romulus se mit dans une colère sombre et assassina son frère jumeau. Rome naitra de ce crime infâme. L’Ubris de Romulus est le mythe fondateur de la domination romaine. Ce qui était dénoncé par la société Grecque Antique est devenue ce jour-là une qualité, une fin en soi. Rome a aussi contribué à la beauté du monde, et les Stoïciens tentèrent de lutter contre cet Ubris délétère, de retrouver les valeurs profondes léguées par la Grèce antique, sans réussir à contrer ce mythe fondateur.
Rome nous a colonisé, vaincu les Francs, les saxes, et l’ensemble des peuples d’Europe… Il est temps de nous extraire de son influence et de revenir à la source première, à cette civilisation hellénique dont nous avons hérité. Pour que demain survive, et que le chaos climatique ne vienne détruire à jamais notre avenir, pour éviter que seuls quelques survivants subsistent sur une terre dévastée en retournant aux temps près-civilisationnels, dans un monde désorganisé, dans un devenir de survivalistes, dans des temps barbares diraient les Grecques. Nous devons revoir ce que nous acceptons de l’héritage Romain et revenir à la modération et l’épanouissement que proposait la culture hellénique.
---- Changer le monde à petits pas, commencer dès aujourd’hui ----

Tout semble indiquer, hélas que rien n’influencera cette trajectoire mortifère dans laquelle la terre tout entière est engagée. Longtemps déniée, la réalité de l’effondrement du vivant et du dérèglement climatique est aujourd’hui enfin partagée par presque tous les dirigeants du monde, les médias, et l’ensemble des habitants de cette petite planète bleue.
Nous avons, habitants de la terre, enfin ouvert les yeux sur cette réalité essentielle, les états se sont réunis et ils ont juré la main sur le cœur de s’engager dans des transformations immédiates et concrètes, pourtant rien ou presque n’est fait, ni ici ni ailleurs. Les raisons de cette inaction sont évidentes, une société humaine ne change pas de nature sous la demande de ses dirigeants, parfois elles cèdent à la folie d’un dictateur, mais les peuples sont revêches, et changent de maitre plutôt que de se remettre en question sous l’invective de ses dirigeants.

Une révolution aussi profonde que de changer d’aspiration, de remettre en question l’un des moteurs de notre destinée, ne s’impose pas d’en haut, elle doit naitre de chacun. C’est pourquoi en questionnant le fonctionnement des villes, en permettant à chacun de se découvrir ses propres horizons enviables, en donnant à tous une réalité personnelle, une identité réelle dans l’enceinte de son propre quartier, une nouvelle couleur au sens qu’il fait de sa propre existence et de celle du groupe avec qui il partage un lien, au sein duquel il existe.

Une ville de dix milles habitants fait de chacun l’inconnu de tous, l’esprit humain est capable de ressentir un attachement pour moins de cinquante personnes à la fois, d’en reconnaitre à peine quelques centaines pour les plus physionomistes si cela ne devient pas son métier. Les villes nous perdent dans la multitude de leur démesure. Nous avons besoin d’appartenance, pour affronter les dangers du monde.

Nous pouvons réinventer demain, afin d’étancher nos soifs de bonheurs autrement que dans le consumérisme rassurant qui nous permet d’affirmer notre statut social. Nous devons mettre un frein à la fuite en avant dans l’Ubris face aux peurs de déclassement sociale. Nous avons pour mission de ne pas laisser les citoyens sombrer dans une dérive que chacun ressent dans le trop plein de solitude qui nous happe dans les villes immenses et dépersonnalisées. Nous ne pouvons abandonner dans son abrutissement quotidien le téléspectateur qui se détend en face de son écran plat pour évacuer les stress de sa journée. Nous pouvons insuffler et non pas invectiver chacun de nos voisins en redessinant nos villes, non pas en retraçant ses grands axes routiers, non pas en changeant les revêtements bitumés par de jolies pierres polies, mais en donnant le pouvoir à chacun de faire vivre sa rue, son pâté de maison, son petit quartier.
L’Ubris est fils de la démesure, nous devons redonner à tous des repères à une échelle humaine. Nous n’avons pas besoin d’attendre une élection lointaine pour commencer cette démarche, chaque maire de ville importante doit entendre cette démarche, la prendre en considération, et si, il y est sensible, y participer, donner partie de son pouvoir à des quartiers qui existent déjà, laisser naitre des volontés localisées, leur donner les moyens de s’épanouir.
Nous ne changerons pas d’aspiration sans changer notre rapport au monde, et pour nous adapter à la réalité de notre Ubris, pour y renoncer, nous devons nous resituer dans notre univers, changer d’échelle et retrouver un sens nouveau à nos vies dans un espace entendable.
Source de cette réflexion sur les villes : "Demain sans voitures ?" on https://www.franceinter.fr/emissions/science-et-ecologie/demain-sans-voitures from @radiofrance

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