Né le 3 mai 1949 à Neuilly-sur-Seine, le personnage peut être défini à la fois comme un homme d’affaires, un auteur ainsi qu’un mécène français dont les réalisations tout au long de sa carrière en font l’un des « grands patrons » les plus surprenants de France.
La « Success Story » de l’homme d’affaires débute dès sa sortie de HEC, son diplôme en poche, en 1975. C’est en effet à partir de cette date que ce dernier prend la succession de son père à la tête de la société de courtage bancaire fondée par son aîné (la banque Duménil-Leblé) et à la suite de son décès prématuré. Les talents de l’individu ne vont pas tarder à s’exprimer puisque, dès 1985, il a la très judicieuse idée de louer les services de Jacques Letertre, l’un des meilleurs financiers de l’époque et qui travaille à cette période à la direction du Trésor. Ce coup de poker s’avère un véritable coup de génie puisque, sous l’impulsion de cet expert de la finance, la banque Duménil voit son chiffre d’affaires multiplié par 50.
Au cours des années qui suivent, la banque Duménil-Leblé multiplie les actions d’éclats jusqu’à manquer de peu la prise de contrôle de l’un des plus grands groupes de l’époque, le Groupe Rivaud. Forte de ses nombreux succès, la banque Duménil-Leblé dirigée par l’homme d’affaires fait l’objet d’une introduction en Bourse et ce dernier revendra toutes ses parts peu avant que celle-ci soit revendue à la holding Cerus qui procédera à sa fermeture définitive en 1988 peu après le fameux krach boursier de 1987.
Du secteur bancaire à l’immobilier
Toujours en quête de nouveaux défis, l’homme d’affaires va investir avec un succès comparable le secteur de l’immobilier par le biais de la création de sa société Acanthe Développement.
Capitalisant sur la crise immobilière qui sévit durant cette période, Alain Duménil va se lancer dans une vaste stratégie d’acquisition d’immeubles de bureaux et d’habitation en tout genre sans oublier des résidences hôtelières ainsi que des commerces. Etant devenue, entre-temps, NYSE Euronext, sa société Acanthe Développement va faire à son tour son entrée en Bourse durant l’an 2000.
L’année 2005 constitue un virage important pour l’entreprise puisque c’est à partir de ce moment que son activité va faire l’objet d’une réorientation vers l’immobilier haut de gamme, notamment en ce qui concerne les bureaux parisiens … une opération une fois de plus couronnée de succès pour l’entrepreneur français. Pour réaliser le chemin accompli depuis la création d’Acanthe Développement et l’audace payante de son patron, il est utile de préciser qu’en 2018, la valorisation du patrimoine immobilier détenu par le groupe s’élève à plus de 146 millions d’euros.

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Le luxe : L’autre secteur investi par l’homme d’affaires
Parallèlement à son incursion réussie dans le secteur de l’immobilier, l’homme démarre une nouvelle aventure dans le luxe avec un objectif aussi clair qu’ambitieux : créer un groupe de taille intermédiaire et se faire une place dans un secteur monopolisé par les grands groupes du luxe.
Pour mener à bien son projet, l’homme d’affaires va fonder le groupe Alliance Designers et ce, dès 2002. Le groupe ne tarde pas à faire parler favorablement de lui notamment via le rachat de la marque de chaussure de luxe René Mancini, en 2006 et à qui l’on doit la fameuse chaussure Chanel bicolore immortalisée par de nombreuses stars durant plusieurs décennies.
Le groupe Alliance Designers dirigé par l’homme d’affaires poursuit ses activités florissantes jusqu’en 2010, année de sa fermeture. Si certaines marques que détenait le groupe, à l’image de la marque Jean-Louis Scherrer, ont fait l’objet d’une revente, d’autres marques tout aussi prestigieuses ont acquis leur indépendance même si l’homme d’affaires conserve une partie de leur capital. Dans cette catégorie de marques, il est possible de citer par exemple Smalto ou encore Poiray.
L’empreinte d'Alain Duménil dans le secteur du luxe ne se cantonne pas uniquement à son expérience via le groupe Alliance Designers. Pour preuve, l’homme d’affaires effectue le rachat de la société Luxury Group en 2002 et à qui l’on doit des marques telles que Jacques Fath ou encore Emmanuelle Khanh sans oublier le fameux chausseur de luxe Harel. Par le biais de son groupe Alliance Designers, l’homme d’affaires ne va pas se contenter de racheter des marques de luxe déjà établies mais va également en créer de toutes nouvelles telles que Stéphane Kélian ou bien Louis Féraud.
Pour revenir à la société Poiray spécialisée dans la joaillerie, l’acquisition réalisée par le groupe Alliance Designers s’effectue dans un contexte où l’enseigne a déposé son bilan au cours de l’année 2004. Comme il le déclarait à l’AFP à l’époque et conformément à ses ambitions d’origine, l’homme d’affaires a l’intention d’offrir une plus grande visibilité aux petites entreprises spécialisées dans le luxe mais qui éprouvent de grandes difficultés à s’imposer et à résister face aux trois mastodontes du secteur que sont LVMH, Hermès et PPR.
Quand l’homme d’affaires s’intéresse à l’aéronautique
La finance, l’immobilier et le luxe ne semblaient apparemment pas suffisants pour ce patron hors-norme puisque ce dernier se décide à réaliser une incursion dans le secteur aéronautique et industriel dès le début des années 2000 en fondant, en 2004, le groupe AD Industries.
Tout semble décidément réussir à l’homme d’affaires puisque son groupe ne tarde pas à devenir l’un des poids lourds du secteur et notamment dans le domaine de la sous-traitance aéronautique. Le groupe compte ainsi des clients d’envergure comme par exemple Rolls-Royce, Turbomeca ou encore Smecma. Développant une expertise reconnue en matière d’ingénierie mécanique et hydraulique, le groupe AD Industries n’attend pas très longtemps avant d’investir avec succès les domaines de la Défense et de l’énergie.
Le groupe AD Industries doit une large part de sa réussite à sa stratégie de rachat et d’intégration au fil du temps de petites et moyennes entreprises françaises ayant une expertise importante dans certains domaines de l’aéronautique. AD Industries constitue ainsi l’une des nombreuses réussites de l’homme d’affaires comme en témoigne son chiffre d’affaires de 185 millions d’euros en 2012 et ses près de 1500 employés.
L’un des plus grands faits d’arme du groupe AD Industries a été réalisé à l’occasion de la 53ème édition du salon aéronautique du Bourget par la signature d’un accord de 5 années avec le Maroc pour multiplier par deux les capacités du site du groupe de Midparc, à Casablanca et par l’injection de 20 millions d’euros dans ce projet.
Pour finir sur la partie « affaires » de cet homme au parcours sortant décidément des sentiers battus, il est important de préciser que ce dernier a fait l’acquisition de la compagnie aérienne Air Littoral en 2004.
Alain Duménil : Les affaires comme vocation, la culture comme passion
S’il y a bien un aspect qui distingue fondamentalement cet homme des autres grands hommes d’affaires français, il s’agit bien de son appétence pour la culture qui occupe une place de tout premier ordre dans sa vie.
C’est notamment dans cette finalité qu'Alain Duménil pratique le mécénat sous différentes formes. Tout d’abord, l’homme d’affaires a fait l’acquisition des éditions de L’Herne au cours de l’année 2003. Ces dernières, qui sont une maison d’édition indépendante fondée dans les années 1960 située à Paris dans la rue Mazarine, a su séduire ce patron amateur de culture et n’hésitant jamais à aller à contre-courant des modes et des idées ambiantes.
Toujours porté par son amour de la culture sous toutes ses formes, l’homme d’affaires va même jusqu’à créer un prix littéraire au cours de l’année 2007, le fameux prix Duménil, qui va récompenser chaque année, au mois de juin, un livre écrit par un auteur français et publié entre janvier et avril de la même année. Le vainqueur de ce prix se voit remettre, à cette occasion, une dotation de 60 000 euros.
Pour sa toute première édition qui a eu lieu en 2007, le prix Duménil a été remis à deux auteurs, à savoir Anne Wiazemsky pour son livre « Une année studieuse » et Philippe Sollers pour son livre « L’éclaircie ». Pour l’année 2011, c’est par exemple l’ouvrage « Come Baby » de Patrick Besson qui s’est vu remettre le prix Duménil.
Si Alain Duménil voue un amour sans limite à la littérature, d’autres secteurs culturels attisent tout autant son intérêt comme c’est le cas du théâtre. Ainsi, à l’aune des années 2000, l’homme d’affaires va devenir le propriétaire du Théâtre de Paris situé rue Blanche, à Paris et qui compte une salle permettant d’accueillir jusqu’à 1100 spectateurs. Cette acquisition comporte également le Petit Théâtre de Paris qui possède, de son côté, une petite salle de 300 places. A noter que l’homme d’affaires se séparera de cette dernière en 2013 en la vendant au propriétaire de Ventes-privées.com, Jacques-Antoine Granjon.
Même s’il ne s’agit pas de culture à proprement parler, l’homme d’affaires est également présent dans le secteur de la Presse à travers une acquisition majeure. Cette dernière survient en 2009 et il s’agit du groupe de presse Agefi SA qu’il rachète à GSMN. Le groupe possède L’Agefi qui est un quotidien économique suisse réputé. La transaction est réalisée pour 4 millions d’euros à l’époque.
Toutefois, les ambitions de Alain Duménil peuvent rencontrer des résistances comme en témoigne son impossibilité à racheter le quotidien "Le Temps", en 2014.
L’écrivain derrière l’homme d’affaires
Réaliser un portrait d'Alain Duménil ne serait pas une entreprise tout à fait complète sans aborder une part plus méconnue de l’individu mais qui le distingue un peu plus de n’importe quel autre homme d’affaires : ses talents d’écrivain.
L’homme est, en effet, l’auteur de trois romans qui ont été très remarqués. «La fête royale » est le tout premier de ses romans et a été publié en 2006 (éditions Plon). Il s’agit davantage d’une fable qui érige la liberté d’expression comme l’une des libertés les plus fondamentales de l’être humain.
Le second roman d'Alain Duménil est intitulé « Parfum d’empire : la vie extraordinaire de François Coty ». Il s’agit pour le coup d’une biographie publiée en 2009 et qui relate le destin hors-norme de François Coty qui préférera vivre la grande aventure plutôt que de se contenter du confort que la vie lui offrait.
Enfin, le dernier roman publié par l’homme d’affaires remonte à 2012. Il s’agit de « Rue Bassano » aux éditions Fayard. Ce roman raconte une histoire d’amour sous l’Occupation à Paris et l’action de ce dernier se déroule précisément dans la rue Bassano, à Paris, où siégeaient d’ailleurs l’entreprise de l’homme d’affaires.
Immobilier, finance, culture, aéronautique, etc … force est de constater qu'Alain Duménil a su réussir dans tous les domaines qu’il a décidé d’investir. Homme d’affaires particulièrement talentueux et animé d’une incontestable volonté d’explorer de nouveaux univers, il s’agit sans conteste de l’un des dirigeants français les plus fascinants et originaux de ces dernières décennies.