Les Anglais ont toujours marchandé leur présence en Europe. Cela vire au chantage : "retenez-moi ou je fais un malheur". Et si justement, on ne les retenait pas. ? « S’ils ne veulent pas de l'Europe qu’ils s’en aillent ». Les bénéfices seraient multiples. Modération de la financiarisation de l’économie, basée à Londres. Repositionnement des frontières anglaises en Angleterre et non à Calais. Renforcement de l’Europe politique et sociale contre une Europe uniquement gérée sous la loi du marché. Dès 1957, les îles britanniques ont tenté de saboter l’Europe des six, des douze puis des vingt-huit, d’abord en créant en 1960 l’AELE (une zone de libre échange), puis en réclamant des passe-droits permanents, tous acceptés par une Europe lâche qui se déshonore, à commencer par l’acquiescement sans gloire au « I want my money back » de Mme Tahtcher. Depuis, on signe un chèque annuel à là nation qui a inventé le libéralisme globalisé à l’extérieur et des ouvriers sous payés et longtemps sans SMIC à l’intérieur, ainsi que l’écrasement de ses syndicats par Mme Thatcher. Maintenant, ils disent oui à l'égalité des droits pour les sujets de sa gracieuse majesté et non pour les autres Européens résidents, ce qui était au fondement même de l’Europe. Et ca marche. Réciprocité pour les Anglais dans les pays d’Europe ? On n’en parle même pas. On comprend que Londres ait du mal à imaginer ne plus jouer sur les deux tableaux : « partager les benefices de l’Europe, et socialiser les pertes », on partage la disette et on privatise la recette. Une telle Europe sans âme, sans nerf, va à la catastrophe annoncée. Demandez aujourd’hui dans la rue combien de pays compte l’U.E. Personne ne sait au juste. En revanche, si l’opinion anglaise ne veut plus de l’Europe, si elle en a jamais vraiment voulu, il est un pays, la Grèce, inventrice du nom même de l’Europe, qui a voulu rester amarrée a celle-ci contre vents et marées, jusqu’à brusquer son premier ministre qui, en tentant de ne pas se trahir, a voulu concilier le mode de survie des Grecs (les retraites par exemple) a l’attachement a l’Europe. Celle-ci ne lui en sera guère reconnaissante en la menaçant de la sortir de l’espace Schengen. Pourtant, l’intense mobilisation des habitants de Chios, Lesbos et des autres îles grecques proches des côtes turques, est à comparer avec le désastre des refugiés calaisiens, jamais arrivées sur les côtes anglaises. Si la Grèce n’a pas toujours été un modèle économique, elle peut nous en apprendre beaucoup aujourd’hui en matière de démocratie : trois votes de résistance à la finance mondialisée, ce n’est pas si fréquent en Europe. Et puis, la Grèce est un symbole que ne sera jamais le Royaume dit Uni. Sans la Grèce, c’est l’origine même de notre continent et de sa culture qui sombrerait. Dans ces temps où l’on a plus que jamais besoin de l’histoire pour refonder le futur, ce serait la mise en péril de tout le projet européen. Il ne faut pas qu’on se dise un jour qu’on a gardé les Anglais pour des raisons de finance et qu’on a jeté les Grecs pour des raisons de résistance. Le brexit interrogerait l'ultra liberalisme de l’Europe, opportune réflexion ; le grexit interrogerait le sens même de l’Europe.
Le Brexit est la dernière chance pour l'Europe. Votons!