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Billet de blog 1 avril 2008

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sur le silence, encore

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

toujours surpris par les hasards de lecture qui viennent renforcer un début de reflexion. Pour moi, en l'occurrence, sur le silence.

Dans le Journal atrabilaire de Jean Clair (au demeurant un excellent bouquin) je trouve cette citation de Cioran :"la disparition du silence doit être comptée parmi les indices annonciateurs de la fin." Sans doute, une telle affirmation est-elle liée à la sensation d'étouffement dégoûté que ressent l'ennemi de la démocratie lorsqu'il se trouve perdu dans la masse. Trop de bruit. Trop de monde.

George Steiner, Les Livres que je n'ai pas écrits, faisant l'inventaire des mutations que subit notre mode de vivre ensemble, écrit :" au nom de l'efficacité clinique, de la sécurité nationale, dela transparence fiscale, nos vies privées sont scrutées, enregistrées et manipulées. simultanément, l'art de la solitude, l'art de rester discret, de ce silence inviolé que Pascal plaçait au coeur de la vraie courtoisie et de la maturité se sont atrophiés." Je ne vois pas à quel texte précis de Pascal Steiner fait allusion.

Le silence, ici, comme lieu du recueillement, de l'intime, du privé devient une réalité rare qui est toujours menacé dans son être par les bruits assourdissants. Mais je n'oublie pas qu'en même temps il existe des silences également assourdissants. Emmanuel Renault, dans une étude sur Les souffrances sociales dont je dirai quelques mots quand j'en aurai terminé la lecture, parle du"silence des sciences humaines sur la souffrance sociale" qui n'est que l'écho du"silence d'une société à [l' égard de cette souffrance]".

La place laissée au silence est de plus en plus réduite et en même temps de plus en plus d'êtres sont réduits au silence.

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