Je n'aurais jamais cru que j'en viendrais, un jour, à prendre la défense d'une préfète - dans des circonstances analogues, j'aurais agi de même pour un préfet, donc nul question de genre, ici,...Ne joue pas non plus le fait que Marie Lajus, puisque c'est d'elle qu'il est question, a été mon élève, jadis, et que j'ai gardé d'elle un souvenir très précis - d'autant que son parcours universitaire atypique n'avait pas laissé de me surprendre : passer de l'ENS et Sciencespo à l'Ecole de police n'allait pas de soi. Mais je savais sa rigueur et qu'elle n'était pas du genre à avaler des couleuvres.
Perdue de vue, pendant des années, je la retrouve à la presque une des journaux, pour une mise à pied qui ne manque pas de surprendre. Ce qu'on lui reproche ? d'avoir dit qu'elle appliquerait la loi de la République - ce qui est son job, après tout - et qu'elle s'opposerait aux projets défendus par des élus locaux et, derrière eux, des promoteurs aux dents longues de construire des immeubles sur une zone protégée (pour faire vite). Son ministre de tutelle, obsédé, on le sait, par le nombre insuffisant d'exécution des OAQT( obligation à quitter le territoire) a sauté sur l'occasion de gonfler un peu les chiffres, une OAQP (obligation à quitter la préfecture) ça devrait passer. Devant l'indignation que cette mise en demeure a suscitée, le ministère a ressorti tous les propos désobligeants tenus, en catimini, par des élus qui n'appréciaient guère d'être remis à leur place ( légale) par une femme. Une femme qu'on accuse d'être trop sensible aux arguments écologistes - le comble. Longtemps qu' on l'avait à l'oeil, cette Marie Lajus, dans les hautes sphères, et ça n'a rien à voir avec des histoires de gros sous et pourquoi pas de concussion. Caporalisme pas mort, pas une tête qui dépasse, surtout si elle penche un peu à gauche.
Je ne me souviens pas que l'on se soit inquiété de la façon très particulière que d'autres - préfets - ont eue d'appliquer la loi face à des manifestants qui, de manière très pacifique et légale, défilaient pour dire leur opposition à la politique menée par le gouvernement - des yeux crevés, des mains arrachées, des tabassages au-delà du raisonnable... tout cela est passé comme une lettre à la poste (expression qui sent son vieux temps !)
Décidément, ce gouvernement ne recule devant aucune médiocrité et piétine avec allégresse les principes mêmes qu'il est censé défendre. Ca ne m'étonne pas, mais je suis quand même à chaque fois surpris qu'il aille tête baissée vers la solution la plus apte à dresser contre lui une majorité grandissante de citoyens.
PS Je signale l'excellent billet, ici même, de Joséphine Ka qui ajoute à mon analyse plein de détails extrêmement édifiants, ce dont je la remercie