Minc vient d'être condamné pour plagiat - le verdict est tombé. Ce qui n'était qu'une présomption (mon dernier billet) est maintenant une certitude : les quelques 300 emprunts à la biographie de Bousquet écrite par Pascale Froment relève bien de ce délit. Mais comment pouvait-il faire autrement, avait-il plaidé ? ce livre est le seul sérieux que l'on ait écrit sur le sujet. Le seul qui établisse un certain nombre de faits bien établis, indiscutables. Les faits sont les faits, n'est-il pas ? ils appartiennent à tout le monde ; à moi comme aux autres. Je prends les faits et j'y ajoute, ce qui est quand même l'essentiel, ma propre réflexion (il dit parfois 'pensée' ou 'méditations' - ça vous pose). Pour ce qui est de la réflexion de Minc, je la trouve assez mince, je suis assez dubitatif sur sa profondeur auto-proclamée - Jean-Marc Savoye qui vient de créer un nouveau site de critique littéraire en ligne (onlalu.com) dont je conseille vivement la lecture, ne l'est pas du tout et son argumentation est jubilatoire. Pour ce qui est des faits, il faudrait que Minc comprenne que leur établissement réclame une longue patience, un travail dans les archives, les découvertes et les rencontres des témoins, l'élaboration d'hypothèses dont on vérifie le bien-fondé, la relecture attentive des pages écrites, le souci d'être clair, élégant même. De tout cela, Minc n'a aucune idée - pas plus que le capitaliste ne sait ce qu'est la peine des hommes dont il exploite le travail.
Il est réconfortant que la justice ne se laisse pas abuser par l'indignation feinte de celui qui, pris sur le fait, clame qu'il est innocent et qu'on lui en veut parce qu'il gagne beaucoup d'argent avec ses livres, qu'il a de gros tirages, lui (ça vient de quel vieux complexe ce truc de commparer ses tirages avec ceux des autres et de se vanter que les siens sont plus gros ?), que ceux qui l'attaquent ne peuvent être que des minables aigris, d'affreux jaloux.
Il serait réconfortant que les medias cessent de présenter les livres de ce monsieur comme le fruit de son talent, de son travail, qu'ils nous épargnent les leçons de morale dont il n'est pas avare ; que les éditeurs y regardent à deux fois avant de publier le résultat de ses rapines.
J'ai hésité quand j'ai dû choisir un titre pour ce billet : devais-je écrire " seconde fois" ou "deuxième fois"? "second" s'emploie, on le sait, quand il n'y a pas de troisième ;" deuxième" quand on sait qu'un troisième, un quatrième...suivront. Rendez-vous dans dix ans, pour avoir la réponse.