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Billet de blog 2 août 2012

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Les musées de province

Pour ceux qui ont la chance de partir en vacances - et ils sont, chaque année, moins nombreux -, pour ceux qui ne savent pas qu'il y a parfois, pas très loin de chez eux, des merveilles qui n'attendent que leur visite pour se réveiller, ce billet sur les musées de province.

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Pour ceux qui ont la chance de partir en vacances - et ils sont, chaque année, moins nombreux -, pour ceux qui ne savent pas qu'il y a parfois, pas très loin de chez eux, des merveilles qui n'attendent que leur visite pour se réveiller, ce billet sur les musées de province. Je me trouvais récemment à Agen pour une exposition passionnante sur le design - en Aquitaine, que les créateurs y vivent, qu'ils y fassent réaliser leur oeuvre ou qu'ils utilisent des matériaux spécifiquement aquitains -; Roseline Giusti a rassemblé, dans le cadre de l'Eglise des Jacobins, un ensemble très diversifié, plein d'imagination et parfois d'humour.' Design a capella', c'est le nom de cette exposition, vaut vraiment le détour.

                             On m'a proposé, à l'accueil de prendre un billet qui me donnerait accès au musée des beaux arts. Il faisait très chaud, ce jour-là - quel meilleur endroit qu'un musée pour profiter d'un peu de fraîcheur ? je ne m'attendais pas à voir des merveilles, on me faisait miroiter quelques Goya - mais je n'aime pas trop Goya... Le bâtiment lui-même est étonnant, fait de la réunion d'hôtels du 15°, 16°, 17° et 19° siècles - hétéroclite à l'image des collections qui y sont conservées. Car, comme dans les grands musées, on a voulu couvrir toute l'histoire de l'art, de la préhistoire à l'époque contemporaine, et tous les domaines de la création artistique, peinture et sculpture, mais aussi tapisseries, meubles, faïences. On ne sait plus très bien où donner de la tête et il faut passer vite devant des oeuvres très mineures pour dénicher les trésors. Et il y en a. Dans les collections léguées au musée par des notables du coin, à côté de croûtes, des petites merveilles, comme des portraits et des paysages d'un peintre roumain du 19°, Grigourescu - inconnu de moi -, un Caillebotte mystérieux dans l'ambiance bleutée d'une piscine, un Sisley...La surprise est venue des dernières salles - il faut grimper tout en haut du musée pour en profiter par des escaliers à vis aux marches plutôt raides. D'abord une salle consacrée à Bissière, excellent peintre  du 20° dont la notoriété n'est pas assez grande ; des sculptures et gravures de Claude et François-Xavier Lalanne ; plus haut encore, une salle dédiée aux oeuvres de Pierre Lèbe que je voyais pour la première fois. Enfin, et j'ai failli manquer la porte qui y menait, la salle où est conservé le legs du docteur Esquirol qui fut le maire d'Agen - des peintures, des objets d'extrême-orient, choisis avec un goût très sûr et deux chefs d'oeuvres absolus de Clouet, deux portraits d'une finesse absolues.

                                En pleine période estivale, le musée reçoit peut-être une trentaine de visiteurs par jour. Et je me demandais avec tristesse si nous aurions encore longtemps les ressources nécessaires pour entretenir un tel patrimoine. Je me demandais aussi s'il ne serait pas courageux de faire le tri entre le médiocre et le passionnant, de cesser de rêver de faire de chaque musée de province un petit Louvre et de les recentrer  autour des quelques oeuvres phares qu'ils ont le bonheur de renfermer. Ces questions, en cette période de vaches maigres, ne sont pas tout à fait inutiles

                                En tout cas, si vous passez à proximité d'Agen, sachez qu'il s'y trouve autre chose que le Pruneau-Show !

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