C'était déjà la guerre, Poutine n'acceptant pas la défaite de Viktor Ianoukovitch annonce que "la Russie se réserve le droit de recourir à toutes les options disponibles, y compris la force, en dernier ressort." D'abord la Crimée, maintenant l'Ukraine. Quelle obstination ! Sept ans ont passé et il met à exécution sa menace. Sans doute ne l'a-t-on pas pris suffisamment au sérieux.
Dans sa chronique, Serres émet une hypothèse qui n'est pas sans intérêt. Il faut remonter, dit-il, jusqu'à 1595, quand les orthodoxes firent allégeance à Constantinople d'abord, à Moscou ensuite, "l'Ukraine a refusé de faire allégeance d'abord à Constantinople puis à Moscou, et a fait allégeance à Rome. Par conséquent ce sont des orthodoxes mais des uniates - ils sont partisans de l'union." Sous le régime soviétique l'église uniate a été persécutée et forcée de reconnaître la primauté du patriarcat de Moscou. "Du coup, l'Eglise uniate est devenue clandestine (...) et lorsque Jean-Paul II est arrivé et que le mur de Berlin s'est effondré" - raccourci expliqué par le format même de la chronique...- "Jean-Paul II a re-institué cette Eglise uniate. Et donc, on peut comprendre, grâce à la carte religieuse de l'Europe, la tension très vive qui existe encore entre l'Ukraine et la Russie de Poutine."
On comprend pourquoi le Patriarche de Moscou, Kyrill, voit dans ceux qui s'opposent à la volonté de Poutine de soumettre l'Ukraine à la Russie l'incarnation des forces du mal. Et cela explique pourquoi les réactions du peuple russe demeurent timides, l'Eglise orthodoxe jouit d'un pouvoir très grand - et échange de bons procédés - elle court au secours de Poutine.