Rien ne vaut une semaine de vacances pour se laver les méninges. Pendant ce temps, visiblement, ça cogitait ferme sur les évolutions possibles, souhaitables, nécessaires de l'espace Club et les initiatives prises par plusieurs bloggeurs sont les bienvenues - rassembler tous les billets parus sur ce thème, élaborer quelque chose qui serait comme un code de bonne conduite, donner des conseils techniques (du chinois pour moi !!!). Mais en même temps, les réactions à des avis divergents, les réponses à de «fraternelles corrections» d'erreurs manifestes me paraissent toujours aussi épidermiques et d'une violence tout à fait disproportionnée.
Il se trouve que j'étais, ces jours-ci, à Saint-Etienne, chez des amis, et qu'à cette occasion j'ai assisté à un débat avec Ariane Mnouchkine avant de suivre l'intégrale des Ephémères, belle aventure!!. Et, Mnouchkine nous a accueillis en nous disant :"Manifestez ! Manifestez ! pour dire que vous êtes inquiets des mesures annoncées qui mettent en péril le spectacle vivant. Manifestez contre la politique culturelle ou l'absence de politique culturelle du gouvernement. Mais manifestez aussi contre nous, les gens de théâtre, qui ne sommes pas toujours à la hauteur de ce que vous êtes en droit d'attendre. Manifestez-vous !!!"
Et cette manière de ne pas se soustraire à la critique m'a paru importante. Il ne faut pas se tromper d'adversaires. Il ne s'agit pas de tomber à bras raccourcis sur le pauvre pimpoï qui vient de dire quelque chose qui ne nous plait pas, mais d'unir nos forces pour lutter contre une dérérioration inquiétante de la pratique du débat dans ce pays, pour trouver les meilleurs moyens de proposer des réflexions nouvelles qui nous changent des réponses-réflexes.
Pour ma part, je ferai volontiers deux propositions pour essayer de réguler les échanges entre les bloggeurs, entre les abonnés et les journalistes
1°) il me semble que les commentaires devraient avoir un nombre minimal de lignes, une manière de souhaiter qu'ils soient véritablement argumentés, qu'ils ne soient pas immédiatement sortis, qu'on prenne le temps de digérer les infos, les arguments du texte proposé et d'affuter les siens
2°) pour ce qui est des compliments ou des attaques plus personnels, je ne pense pas qu'ils aient leur place dans les commentaires; même si c'est sympa de dire au copain qu'on trouve son billet génial ou de dire au mec qu'on ne peut pas blairer que son billet est nul à chier, ces réactions devraient passer sur la messagerie privée. Ca ferait un sacré ménage et on pourrait se concentrer sur un travail plus urgent.
Je me demande, naïvement, comment les gens peuvent lire autant de billets, de commentaires sur les billets, de commentaires sur les commentaires., plus bien sûr les articles, les commentaires sur les articles, les commentaires sur les commentaires, etc.Et accessoirement, je suis plein d'admiration sur ces gens qui ont des avis sur tout et tiennent à le faire savoir. Moi, je n'y arrive pas, faut dire que je suis à la retraite et du même coup beaucoup trop occupé.
"Commentaire"....j'entends :" comment taire.?".. comment faire taire en soi ce prurit de commenter? comment arriver à se taire plutôt qu'à trouver le commentaire qui impose à l'autre de se taire ? et pourtant tout le monde est bien libre de commenter comme il l'entend même quand il ne l'entend pas ; tout le monde a bien le droit de s'exprimer comme tout le monde. J'ai le sentiment confus qu'il y a là un piège dont il sera difficile de sortir.
Est-ce qu'il n'y a pas le risque d'une sorte de professionnalisation du commentaire ? que deviennent alors tous les autres ? ceux qui se taisent ? ceux qui n'osent pas se lancer, qui pensent qu'ils ne sauront jamais - ils ont bien tort d'ailleurs, ça n'a pas l'air si compliqué - ? mais si professionnalisation, faut une formation, un code déontologique, une hiérarchie, des comptes à rendre - c'est très compliqué. Ce qui est toujours compliqué au plus haut point, c'est une certaine auto-discipline (on se calme, inutile de sortir les flingues...) ; et si on n'y arrive pas, ça finit toujours par une discipline imposée de l'extérieur.
Sur ce, je vais me repayer une petite cure de silence.