Lecture du Journal de Sandor Màrai, Les années d'exil, 1949-1967 : Màrai rencontre des réfugiés hongrois en Allemagne après la reprise en main par les Soviets de la Hongrie qui s'était dotée d'un gouvernement démocratique, celui de Imre Nagy. Nous sommes le 10 novembre 1956. L'un d'eux lui dit :"Vous savez, il est déjà trop tard. Mais il y a eu quelques jours là-bas... du 23 octobre au 3 novembre peut-être ... quand le pays a eu un gouvernement que la soxiété hongroise entière a reconnu et soutenu...le gouvernement d'Imre Nagy... pourquoi l'ONU n'a-t-elle pas envoyé un groupe d'observateurs à Budapest ?" (...) "Au début,sans notre première exaltation première, nous avons même espéré autre chose, une aide armée, celle des forces d'intervention des Nations unies... Cependant, les plus raisonnables savaient que ce n'était impossible. Les Nations unies ne s'engageraient pas dans une guerre à cause de la Hongrie... quelle en aurait été l'issue ? Le pays aurait été détruit, serait devenu un champ de bataille où les Russes auraient pu expérimenter leurs armes nucléaires." Un autre :"Nous avons cru que les Russes étaient d'accord pour que nous ayons le même statut que l'Autriche. Ou quelque chose de ce genre. Moscou avait reconnu que le soulèvement était légal et déclaré que les troupes russes allaient se retirer et que le pays serait libre. Mais nous, nous savions que les Russes resteraient à la frontière (...) Si au cours de cette dizaine de journées, une délégation des Nations unies était entrée en Hongrie, comme le demandaient Imre Nagy et le primat de Hongrie, les Russes auraient été obligés de discuter. Et alors tout aurait pu se passer autrement, y compris dans le monde soviétique. C'est trop tard maintenant."
Et en 1957, ceci :"Les Nations unies ont créé une commission watchdog ( une commission de surveillance, textuellement "chien de garde" ) dont la mission est de 'surveiller la question hongroise'...Depuis le 4 novembre, c'est tout. Cette commission ne mord pas, mais elle n'aboie pas non plus."
"Le mémorandum des Nations unies (quatre cents pages) a conclu que la révolution hongroise était légale et son écrasement dans le sang par les Russes, illégal. Ensuite les sessions des Nations unies ont été ajournées jusqu'à l'automne et les délégués sont partis en villégiature."
Il n'est pas inutile de se rafraîchir la mémoire.