Il y aura, c'est sûr, beaucoup d'articles à la louange de Philippe Sollers. On dira qu'il a été adoubé par François Mauriac, qu'il a joué un rôle important dans l'édition française en dirigeant, chez Gallimard, la collection L'infini qui comprend des livres de grande qualité, d'autres de qualité médiocre, qu'il a, lui-même, écrit des bouquins qui lui ont valu une certaine renommée. C'est l'habitude des nécrologies. Il est jugé malséant de ne pas s'associer à ces hommages, bien plus encore d'y apporter une note discordante.
J'ai aimé ces mots de Frédéric Begbeder - ce sont les seuls que j'ai lus de lui jusqu'à présent...- parlant de Sollers comme du Parrain des lettres françaises. Le mot est juste, terriblement juste. Il dit le rôle qui fut celui de Sollers et la seule obsession qui fut la sienne - le pouvoir (une revue, une collection, des relais complaisants dans la Presse - On ne peut oublier les oukases, les mises à l'index de tel ou tel peu enclins à suivre les caprices du chef. André Green en fut victime. Derrida, aussi, après avoir été porté aux nues, copié et recopié. Et tant d'autres.
S'il y eut une constance dans les prises de position politique de Sollers, et Dieu sait qu'elles furent fluctuantes, c'est le ton péremptoire avec lequel il les proclamait aujourd'hui pour jurer, demain, qu'il ne les avait jamais proclamées. Ainsi du marxisme version Althusser, du culte de Mao et de sa pensée, pour finir par afficher une admiration sans bornes et sans discernement pour Jean-Paul II. Chaque fois, la même manie de vouer aux gémonies ceux qui avaient le malheur de ne pas penser comme lui. Chaque fois, la même posture de donneur de leçon.
Libertin ? c'est son droit. Aucune originalité, là. Marié, trompant sa femme. Hypocrisie bourgeoise classique. D'aucuns prirent plus de risques.
Sic transit...