Je suis sûr que tous ceux qui ont pour Alain Minc une estime égale à celle que je lui porte vont apprendre, avec une grande tristesse, qu'il semble être retombé dans ses errements passés - en dépit des serments maintes fois réitérés qu'on ne l'y reprendrait plus, fois de loup, et qu'un type doté d'un QI aussi énorme que le sien avait retenu la leçon.
Le dernier ouvrage d'Alain Minc, publié dans une honorable maison d'édition, et consacré à une double biographie de René Bousquet et de Jean Moulin - ouvrage dont tous les medias qui se respectent (qui ne se respectent pas, aurais-je dû dire) ont fait comme d'habitude la promotion, s'inspire de très, de trop près, d'une biographie de René Bousquet publié par Pascale Froment en1994 chez Stock, rééditée en 2001 chez Fayard. Madame Froment s'en offusque et porte l'affaire devant les tribunaux.
Je suis sûr qu'il se trouvera des gens pour lui dire qu'elle devrait remercier Alain Minc pour l'avoir citée dans sa bibliographie, que l'oubli des guillemets dans les nombreux passages où Madame Froment croit reconnaître sa plume est certes fâcheux, mais n'est-ce pas une façon de rendre hommage à son rôle de pionnière ?
Honnêtement, je m'inquiète pour la santé de notre ami. Il est visiblement victime d'une sorte d'addiction, jusqu'à présent mal étudiée, et qui le force à écrire un livre chaque année. Rien là de rationnel, on en conviendra, surtout quand on sait le mépris par ailleurs affiché pour les intellectuels. Et, par peur de se répéter, il va chercher des sujets dans des domaines qu'il maîtrise mal - la philosophie, l'histoire, bientôt, certainement, la morale, à moins que cela n'ait déjà été fait - ; il ne parvient pas à s'en sortir, il est donc contraint d'avoir recours à des collaborateurs et, de nos jours, surtout depuis que les socialistes sont aux affaires, on ne peut plus se fier à personne. Et le revoilà traîné devant les tribunaux.
Quel expert sera assez persuasif pour convaincre un tribunal qu'Alain Minc est malade et qu'il faudrait le soigner, si l'on ne veut pas que dans un mois, dans un an, la même lamentable histoire se répète. Et surtout qu'il arrête de vouloir écrire des livres. Qu'il fasse ce pourquoi il est fait : il y a encore assez de boîtes à conseiller qui paieront généreusement monsieur Minc même si ses conseils leur coûtent encore plus cher.
Nous suivrons avec intérêt le jugement du tribunal.