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Billet de blog 13 octobre 2008

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Du blog à la salle des marchés

Le temps se calme. Ou, plutôt, la bourrasque s'est abattue sur d'autres blogs. Ouf ! je n'en pouvais plus de tous ces commentaires (tu parles ! à qui veux-tu faire croire ça ? il y en a même qui sont prêts à ne rien écrire pour voir se déchaîner une tempête commenteuse...

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Le temps se calme. Ou, plutôt, la bourrasque s'est abattue sur d'autres blogs. Ouf ! je n'en pouvais plus de tous ces commentaires (tu parles ! à qui veux-tu faire croire ça ? il y en a même qui sont prêts à ne rien écrire pour voir se déchaîner une tempête commenteuse... Toi aussi, ça t'a amusé ce compteur qui grimpe, qui grimpe comme la courbe des profits du trader lambda ! ne fais pas le faux modeste), je n'arrivais pas à les lire tous, j'ai failli embaucher une secrétaire - c'est vrai ? non, mais c'est parce que la conjoncture est mauvaise et l'avenir difficilement lisible. Certains me passaient carrément au-dessus de la tête, je ne suis pas sûr qu'ils m'étaient adressés ou qu'ils cherchaient, honnêtement, à réfléchir sur le petit problème que j'avais soulevé ; ils poursuivaient une conversation commencée ailleurs, ça me gênait un peu, j'avais l'impression d'être en trop ou, comme ces enfants qui surprennent un dialogue entre des adultes, d'écouter des mots qui n'avaient pour moi aucune signification.

Et puis, crac ou krack, mon blog est devenu aussi désert que le compte en banque d'un petit épargnant. Tout ce joyeux monde est parti ailleurs voir s'il y avait quelque chose à gagner sous d'autres cieux ou s'est terré dans sa cave pour ne pas entendre les nouvelles catastrophiques qui s'affichaient sur son écran.

Bon, eh bien, on va pouvoir peut-être arrêter de parler de nous, de nos états d'âme, et faire preuve d'un peu de sérieux, revenir aux fondamentaux, comme on dit. Je commence...

Je ne connaissais pas madame Nicole El Karoui. Il parait que c'est un prof de finances éminent à l'X. Elle dirige un master intitulé "probabilités et finance" et on s'arrache ses élèves dans les salles de marché. Grâce à des modèles mathématiques que cette honorable dame a mis au point, avec quelques autres je suppose, ces "ingénieurs quantitatifs", gentiment abrégés en "quants" (non, pas le philosophe allemand) parviennent à répondre aux problèmes de ceux qui veulent gagner, comme vous et moi, un peu d'argent sans courir trop de risques. Euh, ça ne marche pas à tous les coups. Et la malchance a voulu que certains établissements financiers ( correction : beaucoup d'établissements financiers. Correction, encore : presque tous les établissements financiers) se soient mélangé les pinceaux avec leurs modèles. Ce qui désole madame Nicole El Karoui c'est que sa nouvelle promotion se trouve sur le pavé, enfin presque.Ca c'est une gentille prof. Elle les défend à bloc ses petits, c'est pas leur faute, s'ils n'avaient pas été là, avec leurs (ses) modèles, ça aurait été pire.

La journaliste de La Croix (Nathalie Birchem) à qui je dois d'être un peu entré dans les méandres neuronaux d'un prof de maths et de finances associées pose cette question qui me parait, en effet, s'imposer : " Quelles leçons allez-vous tirer de la crise dans votre enseignement ?" Et la réponse est impériale, je la livre à vos appréciations : "Techniquement, nous ne pouvons pas changer grand chose car les mathématiques restent les mathématiques. Mais nous allons inciter [ comment ? cela reste à déterminer] nos étudiants à réfléchir un peu plus de façon critique [ je glose, à ne pas appliquer comme des machines le programme pour lequel ils ont été formatés ; à réfléchir, donc, mais "un peu plus", ce qui implique soit qu'ils ne réfléchissaient pas avant, parce que personne ne le leur avait appris, soit qu'il ne faudrait pas qu'ils réfléchissent trop...] de façon critique [ est-ce à dire qu'il manque à ces jeunes gens un peu de philo ? peut-être, mais je n'aurais pas l'outrecuidance de penser que les profs de philo sont les seuls à initier à l'esprit critique ; j'ai assez de respect pour les mathématiciens pour être convaincu qu'ils sont tout à fait capables d'être critiques - à condition, bien sûr, qu'ils ne commencent pas par dire que "les mathématiques restent les mathématiques" ] afin d'éviter de nouvelles crises de type subprime [ donc, ils auraient pu ? il aurait suffi pour ça qu'ils réfléchissent "un peu" ?]

Tout cela n'est-il pas édifiant ?

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