Dans un bus bondé comme il se doit, une jeune femme africaine avec trois petites filles adorables, chacune ayant une coiffure différente de perles et coquillages mêlées à leurs cheveux tressés. Comment ne pas les admirer et ne pas dire, à haute voix, combien nous les trouvons belles. Une femme se retourne vers nous, furieuse - vous trouvez ça beau, vous ? - tous ces enfants, ils nous coûtent cher - on ferait mieux de dépenser l'argent des allocs pour payer leur retour chez eux . Elle sue la haine, cette brave dame.
Qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? un scandale ? une grimace de mépris ? On se lance dans une argumentation quelconque ? Pas eu le temps de réagir que le compagnon de cette jeune femme a intimé à cette femme l'ordre de se taire - il était très costaud, sa colère explosait dans une voix très forte. Elle a eu peur et s'est murée dans un silence offusqué - personne n'était venue lui porter secours.
Autre événement, plus grave. Les médias ont parlé de ce gamin tué d'un coup de couteau lors de la soirée de la finale de la Coupe d'Europe. Un acte de violence épouvantable, qui le nierait ? et l'on comprend la souffrance des parents. Mais voilà que devant les journalistes le père transforme cette souffrance en rage, dit-il, contre tous ces immigrés qui viennent égorger nos enfants et contre lesquels on ne fait rien, ils nous envahissent et on ne fait rien pour les empêcher de nous envahir. Généralement, ce sont des politiques qui exploitent des faits divers de cet ordre ; et là c'est le père de la victime qui en profite pour sortir le discours de l'extrème-droite. Au même moment la famille de jeune homme,tué par un fan de Le Pen participait à une marche silencieuse pleine de dignité.