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Billet de blog 14 octobre 2024

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Les angoisses de Thomas Cazenave, ex ministre des comptes publics

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

                   Thomas Cazenave ne veut pas rester longtemps sur la touche ; à peine revenu à Bordeaux, voilà qu'il s'affole de ce que cette ville est devenue depuis que Pierre Hurmic a eu le mauvais goût de supplanter celui qui se pensait le successeur naturel d'Alain Juppé, "l'ami" de Cazenave, Nicolas Florian. Question cataclysme, Thomas Cazenave en connaît un bout, lui qui a appartenu à un gouvernement qui laisse la France aux abois, et dans les mains de l'extrême-droite. On pourrait croire que cela l'inciterait à plus de réserve, à un minimum de modestie ; mais non, le sujet n'est pas là ; s'il veut bien concéder qu'il y a eu, ces temps derniers, une "dérive" du déficit public, il semble ne pas vouloir insister sur ceux qui en ont été responsables, ceux, lui compris, qui étaient au gouvernement - je rappelle que le terme implique que l'on tient le gouvernail et qu'on évite justement qu'il dérive hors de la ligne que l'on s'était fixée -. Tout comme Bruno Le Maire qui écarquillait de grands yeux quand on lui parlait de super-profits - des super-profits ? vraiment ? moi, je n'en ai jamais vu...si on a trop dépensé, dit Cazenave, c'est parce qu'on a voulu protéger - mais protéger qui ? là-dessus, motus.

                 Thomas Cazenave vient de boire la tasse ; il n'a guère manifesté de réels talents de nageur et voilà qu'il se pose en sauveteur d'une ville qui est, selon lui, sur le point de couler ! "Je crains le déclin pour notre ville. Sécurité, propreté, espace public, logements ....Sur un certain nombre de politiques publiques, il y a la tentation du repli : attractivité économique, tourisme...Cela mène droit au déclin." Qu'il se rassure, les Bordelais ont pour 61% d'entre eux une bonne opinion de leur maire. Certes, Pierre Hurmic le dit lui-même, il préfère une gestion impressionniste à une gestion impressionnante - et on le comprend quand on sait ce que Juppé a laissé derrière lui comme monumental gouffre financier - le Stade - mais aussi des projets d'un autre siècle, comme celui d'Euratlantique, monstre de béton que quelques arbres étiques ne suffiront pas à vraiment verdir ; des erreurs comme la sous-dimension des parcs relais au terminus des trams, j'en passe, comme l'indifférence que Juppé a eue à l'égard de qui pourrait lui succéder - pas vraiment de flair, le Juppé ; quand on sait aussi que l'Etat s'est déchargé sur les collectivités locales de ce qui relève de sa propre responsabilité.

              Il a fallu faire avec cet héritage et Hurmic a su faire preuve d'une belle obstination pour changer le mode de gouvernance auquel Bordeaux était habituée depuis des décennies - proximité avec les citoyens, volonté de mettre en oeuvre une véritable politique participative, d'améliorer la circulation en facilitant le recours aux vélos, souci de verdir une ville que l'on avait beaucoup trop bétonnée, priorité donnée à l'économie solidaire et sociale, (je rappelle que Bordeaux a été choisie, après Séoul, pour accueillir le Forum mondial de l'Economie Sociale et Solidaire, en 2025), création d'une Maison des livreurs...

              Qu'il reste encore des choses à faire, cela est bien normal, et que l'action politique de la majorité actuelle ait besoin d'un second mandat pour poursuivre un certain nombre de chantiers, c'est aussi justifié et j'espère, à titre personnel, que c'est à quoi nous assisterons en 2026.

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