J'écoutais, ce matin, sur Franceinfo, la porte-parole du gouvernement ( ces deux mots ne renvoyant, nous ne le savons que trop, en ces moments crépusculaires de notre démocratie, à rien de consistant). Les journalistes lui posaient des questions auxquelles elle ânonnait quelques réponses - tout était très bien, disait-elle, tout était parfaitement normal et s'il restait en suspens quelques difficultés on en discuterait, demain. Mais dans quelles directions irait-on pour concilier l'inconciliable, c'est-à-dire faire des économies sans faire de peine à personne, surtout aux riches et en tapant sur les pauvres (puisqu'ils sont plus nombreux que les riches, c'est normal qu'on leur tombe dessus). Et elle avait des pudeurs touchantes pour esquiver cette question : elle ne voulait pas, disait-elle, préempter le débat à venir et elle était si contente de sa formule qu'elle l'a répétée plusieurs.
Je ne voudrais pas jouer les puristes mais ça ne veut rien dire : préempter, c'est, d'après le dictionnaire, "prendre contre de l'argent", "acheter". On parle d'un droit de préemption quand l'Etat se porte acquéreur d'un bien avant toute autre personne parce qu'il s'agit, par exemple d'une oeuvre d'art qu'il estime devoir garder en France. Préempter un débat, ne peut vouloir dire "acheter" un débat, à moins que la porte-parole du gouvernement ne veuille "acheter l'issue du débat", ce qui ne serait pas bien, mais qui trahit seulement son voeu profond. Tout ne s'achète pas....