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Billet de blog 15 décembre 2008

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du nombrilisme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Surpris, encore une fois, par un phénomène récurrent dans le Club et qui est le nombrilisme : il faudrait faire un jour, quand on n'aura rien de mieux pour occuper de longues après-midi d'hiver, le décompte des billets et commentaires qui portent sur le Club lui-même, son fonctionnement, ses qualités ou ses défauts, l'exaspération qui prend parfois à retrouver les mêmes postures, les mêmes blocages, les mêmes susceptibilités, les mêmes intolérances., les mêmes menaces du style "si ça continue, je me casse ;; retenez-moi, sinon vous n'entendrez plus parler de moi ou plutôt vous ne m'entendrez plus parler".... En des moments où il se passe pas mal de choses sur la planète, je trouve curieux que l'on puisse épiloguer longtemps (c'est, bien sûr, ce que je suis moi-même en train de faire) sur de non-événements, comme le fait que X se sent mal, que Y a l'impression de ne pas être compris(e), que Z a une crise d'urticaire chaque fois qu'il (elle) lit la prose de W, etc. Ces fils interminables sont bien difficiles à suivre, (pour moi en tout cas) j'admire ceux qui s'y retrouvent et ceux qui gardent en mémoire telle ou telle déclaration intempestive faite il y a déjà des lustres et je me demande toujours combien de temps nos bloggeurs et commentateurs les plus diserts peuvent rester devant leur écran....

ceci mis à part, il me semble que le problème politique de fond est la difficulté de l'apprentissage du débat démocratique. Nous faisons, ici même, notre éducation sur le tard et sur le tas, ce qui explique les crises qui, à intervalles réguliers, secouent le Club. Il y a lurette que Rousseau avait signalé ce problème : il y a une éducation à la citoyenneté préalable à toute vie démocratique réelle. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette éducation n'a jamais été une priorité : écouter l'autre, prendre le temps de comprendre son argumentation, éviter de monopoliser la parole, prendre le temps de définir les termes qu'on utilise, savoir reconnaitre qu'on s'est trompé ou qu'on a dit une grosse connerie, ne pas se risquer à faire de l'humour au détriment de l'autre que l'on n'a pas en face de soi, avoir conscience de la pertinence ou de l'impertinence de son intervention, savoir se taire - tout cela et bien d'autres choses encore, permettrait sans doute de sortir de la considération de ses intérêts particuliers pour s'élever à l'intérêt général, d'oublier ses volontés particulières pour atteindre la volonté générale. Or, en plus du déficit de démocratie participative dont nous souffrons, s'ajoute le fait que l'affichage direct de sa prose sur l'écran, la possibilité - toute virtuelle - qu'elle soit lue par un nombre immense (!!!) de gens, la facilité de traiter l'adversaire comme on n'oserait jamais le faire si on l'avait en face de soi accroissent le narcissisme nombriliste qui nous est assez naturel.

Y a du boulot à faire, mais qui ne concerne pas uniquement le Club de Mediapart, pour lutter contre les dangers de cet individualisme dont on a voulu faire la valeur dominante de notre époque - avec pour corollaire, le désir de gagner, de l'emporter sur les petits copains, d'avoir le dernier mot, d'avoir raison... C'est pour cela que j'étais, pour ma part, très opposé à toute idée de classement des billets. Mais, bon.

Malgré cela, parmi toutes les avancées que peut permettre le club, il y a des réseaux infiniment sympas : merci à ceux qui ont répondu à mon SOS ; je vais tester leurs recettes dès que j'ai un moment.

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