Antoine de Ravignan, journaliste à Alternatives économiques, publie aux éditions les Petits matins, un bouquin passionnant dont le titre marque l'urgence des problèmes qui y sont abordés : Nucléaire : stop ou encore ? Le dossier constitué est complexe et complet. Il donne au néophyte tous les arguments pour qu'il se fasse une idée des enjeux soulevés par la question énergétique, dans le contexte actuel ; question cruciale si l'on veut respecter les engagements pris de décarbonisation rendue nécessaire par le réchauffement climatique : maintien de l'industrie nucléaire et création de nouvelles centrales (Macron, 2020) ou développement d'énergies renouvelables (photovoltaïque, éolienne). Je simplifie parce qu'il y a, bien sûr, des options intermédiaires.
La production d'électricité, en France, est assurée à 70% par les centrales nucléaires mais le parc est vieillissant, la durée de vie des centrales est prolongée au-delà de ce qui avait été prévu ; mais la construction de nouvelles centrales prend du temps et les déboires d'EDF, déboires industriels et financiers (Flamanville, ce scandale incroyable) devraient inciter à la prudence.
Les énergies renouvelables, voltaïque et éolienne, moins polluantes, ce qui n'est pas rien, seraient en mesure d'assurer la relève, pour un coût moindre, et sans faire peser de risques sur la population. Mais elles suscitent des réactions d'hostilité chez certains (de l'extrême droite à une partie de la droite - LePenZemmour/Xavier Bertrand);et le gouvernement ne se donne pas, de toute évidence, tous les moyens pour les développer - les lobbies là encore frappent.
Je laisse au lecteur le soin d'entrer dans le détail des modèles analysés : il trouvera tous les chiffres, tous les rapports d'organismes dépendants ou indépendants de l'Etat et un lexique bienvenu pour s'y reconnaître dans les différents sigles. Je retiens quelques éléments absolument essentiels :
- la question est suffisamment grave et urgente pour nécessiter un véritable débat. Ce débat n'a jamais eu lieu. Et s'il a lieu il faudra que se conclusions ne soient pas enterrées, comme l'ont été celles du débat sur la crise climatique.
- la culture du secret tient, depuis le début, à l'usage militaire du nucléaire.
- le conflit potentiel entre logique industrielle et responsabilité politique a toujours été tranché en faveur d'EDF dont l'opacité est totale. C'est EDF qui se lance dans des opérations financières catastrophiques au détriment des investissements nécessaires à la sécurité des installations nucléaires en France et pour assurer l'approvisionnement en électricité. C'est EDF qui joue les experts et les conseillers auprès des politiques au seul profit de sa logique industrielle.
- le renouvellement du mix énergétique aura un coût, c'est évident."Il y a un moment où il faut choisir entre les cadeaux fiscaux faits aux riches et le financement de la transition écologique."lequel ne peut reposer sur les seuls sacrifices demandés au reste des Français.
- la sobriété, terme souvent moqué, est une des voies par lesquelles il nous faudra nécessairement passer. Mais en attendant, on ne peut continuer à favoriser par la pub les SUV et autres mastodontes, à utiliser des jets privés pour aller voter et demander à tous de se moins chauffer et de ne pas voyager trop loin de leur HLM. Il y a là des contradictions qu'il nous faudrait avoir le courage d'affronter, le courage politique.
- j'ajoute que la situation actuelle - le problème du gaz russe entre autres - accélère des mutations jusqu'à présent trop lentes a effectuer. Le voltaïque et l'éolien deviennent maintenant rentables.
Pour conclure, je conseille à tous de lire ce livre et à Antoine de Ravignan d'en offrir un exemplaire à ce nouveau converti à l'écologie qu'est Emmanuel Macron !