Le ton des articles, ici même publiés, celui des billets (je ne les ai pas tous lus) est alarmant, alarmiste même ; après la tuerie de Nice, les réactions de la droite, celles de certains habitants de Nice dont la télévision relate avec complaisance les propos très codés, le sont également. Voilà que l'on s'inquiète de la solitude du pouvoir, de son désarroi devant la panique qui semble s'emparer des uns et des autres, voilà que la moindre de ses paroles, serait-elle de bon sens, suscite le scepticisme. Hollande n'a personne autour de lui, que des ministres qui pensent plus à leur carrière qu'à affronter lucidement la réalité, qu'à faire bloc autour de lui et à défendre une certaine politique. Où est passé le peuple de gauche ? Hollande l'a écoeuré par une politique qui le prenait à rebrousse-poil sans prendre la peine d'une véritable concertation. Où sont passés ceux qui, à droite, paraissaient moins enclins à dériver vers un discours qui est celui de l'extrême-droite ? Juppé ne veut pas laisser le terrain libre à Sarkozy et en rajoute, contrairement à son habitude. Bayrou est bien silencieux. Hollande est seul.
Il est responsable de cette solitude, j'en suis bien convaincu, mais nous y avons contribué également, tout au long de ces années, en ne lui laissant rien passer, à temps et à contre-temps. C'est maintenant qu'il faut faire entendre notre voix, c'est maintenant qu'il faut lui apporter notre soutien. L'heure n'est plus à la critique systématique mais à la défense d'une certaine idée de ce qui doit constituer notre société - dans ses différences, dans sa pluralité. Nous avons à rappeler ce que nous avons fait ensemble, dans l'éducation, dans d' innombrables associations pour que ceux qui sont venus d'ailleurs fasse peuple avec nous ; il faut rappeler les réussites de ces actions ; oui, il faut à tout prix marginaliser ces discours de haine qu'entretiennent des hommes et des femmes politiques pour mettre un terme à notre démocratie qu'ils détestent de toutes leurs tripes ; oui, il faut cesser de relayer les mensonges des uns et des autres ; oui, je trouve lamentables ces medias qui ne voient dans les drames que nous vivons que prétexte à augmenter leur audience en jouant sur la peur quand ils ne la suscitent pas eux-mêmes.
Il y a urgence - et de celle-là on parle moins - à faire corps autour du pouvoir actuel, car même s'il ne correspond pas à ce que nous avions souhaité, il peut, si nous lui en donnons les moyens, nous éviter un pouvoir bien pire - pas d'illusions sur ce point, nous serons nombreux à pleurer.