Il ne faudrait pas croire que depuis le mois de janvier, je n'ai eu aucun sujet d'agacement. Tout au contraire. Etre agacé est devenu mon état d'esprit dominant. Au point que je me suis barricadé derrière une muraille de livres pour me protéger des miasmes qui menaçaient de m'étouffer. De bons bouquins d'ailleurs, dont j'ai rendu compte, pour certains, ici ou là. De ceux qui font avancer la réflexion ( le Contre les élections deVan Reybrouck, le Vox populi d'Olivier Christin, le Dépaysement, voyages en France de Jean-Christophe Bailly). De ceux qui vous plongent dans un tout autre univers que celui dans lequel vous vous débattez (Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier). Mais, bon, on ne peut pas passer ses journées à lire - c'est mauvais pour la santé -, il y a donc quotidiennement des failles, des lézardes, parfois, même, dans mon système de défense et l'agacement pointe le bout de son nez, se mue en démangeaison, en énervement, en exaspération et il faut bien en faire quelque chose.
Les commentaires sportifs me font entrer dans un rage absolue - voilà que nous en sommes abreuvés, du matin au soir. Il paraît que le monde entier nous envie nos footballeurs - pensez, deux matchs joués, deux matchs gagnés - et avec la manière ! Et tous de rêver à la victoire finale. Les mêmes qui diront que la pression était trop forte, celle-là même qu'ils exercent, quand nos footeux seront foutus avant la fin du championnat. Ce mécanisme, qu'il faudrait analyser avec plus de finesse, joue dans d'autres domaines la même fonction. Par exemple, dans le domaine politique.
Existe une Cour des Comptes. Et un monsieur qui le préside et qui non content de surveiller les comptes - ce pour quoi lui et quelques autres sont payés assez confortablement -, donne des conseils pour faire des économies. Parmi ces conseils, celui de limiter le nombre des fonctionnaires et d'obliger ceux qui survivront à ces coupes drastiques à travailler davantage. Je ne crois pas qu'il se compte dans le lot ! Deux rencontres récentes : avec une fonctionnaire du service de la répression des fraudes - à force de ne pas remplacer ceux qui partent à la retraite, la charge de travail est devenue insupportable et bon nombre des contrôles qui devraient être faits pour protéger la santé publique contre les innombrables tricheries, malfaçons qui permettent à un système maffieux de gagner encore plus d'argent ne sont plus assurés. Quand un drame éclatera, comme cela se produit assez régulièrement, on s'indignera que rien n'ait été fait pour alerter les pouvoirs publics quand il en était encore temps.
avec une fonctionnaire qui travaille dans une DDE, proche du burn-out. Là aussi, les effectifs ont fondu depuis l'époque de Sarkozy. Pas la charge de travail. Pas les exigences des pouvoirs publics. D'où le recours à des travailleurs intérimaires qui sont loin d'avoir les compétences requises, qu'on n'a pas le temps de former sérieusement et qui coûte, en définitve, plus cher, que les fonxtionnaires qu'ils ont remplacés.
Certaines espèces de reptiles sont en voie de disparition. De multiples causes à cela. Ne parlons pas des pesticides qui empoisonnent toute la chaîne alimentaire. Personne, à ma connaissance, n'a signalé le nombre de couleuvres qu'ont dû et doivent encore avaler ceux qui, au gouvernement, pensent que l'on peut prendre des mesures qui soient en faveur des plus démunis, des mesures qui pourront certes mécontenter les banques et qui se font sèchement retoquer par un Premier Ministre qui se fait le fossoyeur de la Gauche tout en agitant la menace de sa mort prochaine.
J'ai pris beaucoup sur moi pour ne pas me laisser entraîner au Hollande-bashing (c'est comme ça qu'on dit ? je ne suis pas très à l'aise avec le franglais, comme on disait autrefois, quand existait au moins un peu de "fran". Ce matin, dans mon supermarché honni, rien n'était plus à sa place habituelle : une affiche expliquait que c'était dû à un 'remodeling' des rayons) cette détestation maligne ou désespérée qui faisait les délices de tous ceux qui s'en voulaient tellement de n'avoir pas voté pour S., de ceux aussi qui avouaient n'avoir jamais eu d'illusions sur Hollande et qui pourtant ne lui pardonnaient pas de ne plus faire illusion du tout. J'avoue que ma résistance héroïque est sur le point de céder : il faut bien se faire à l'idée que Hollande a atteint son niveau d'incompétence - selon l'immortel précepte de Peters.
Bon, je retourne à mes livres.