C'est à juste titre que l'on s'émeut de la mort de ce jeune cycliste écrasé par un automobiliste pour qui, visiblement, seule compte la vitesse de son véhicule. On a tout dit sur la toute-puissance que confère une grosse cylindrée, sur le sentiment d'impunité que fait naître la possession d'un engin qui s'impose partout. Qu'il y ait des mesures à prendre, j'en suis infiniment persuadé ; et même s'il est regrettable de passer par des mesures coercitives et qu'on ne puisse pas tabler sur le sentiment de responsabilité des conducteurs chauffards en puissance et criminels dans certains cas, il est clair que la situation ne peut plus durer.
Mais, j'aime bien que l'on soit juste et le piéton que je suis se doit de rappeler le comportement trop souvent irresponsable des cyclistes eux-mêmes. Je garde des séquelles du choc violent avec un cycliste, sans doute particulièrement pressé, qui a brûlé un feu rouge et m'a heurté sur un passage clouté où je m'avançais en toute sécurité. Le cas est fréquent. Quand les cyclistes roulent sur les trottoirs, quand ils ne respectent pas les feux de signalisation, quand ils doublent les automobilistes sur la droite ou leur passent délibérément sous le nez, bien trop préoccupés par leur téléphone portable, ils représentent eux aussi un réel danger. Certains se croient tout permis et engueulent ceux qui ont le culot de leur faire des reproches.
J'entends bien, il n'y a pas assez de pistes cyclables, pas assez de pistes sécurisées. Mais il y a un code de la route qui s'impose à tout le monde, et le piéton est prioritaire - ce que bien des automobilistes et bien des cyclistes semblent ignorer complètement - et je ne parle pas des trottinettes.La ville de Bordeaux, consciente du problème (et à laquelle on ne peut pas reprocher de ne pas avoir fait la promotion du vélo) a décidé, sagement, de décréter que les cyclistes doivent mettre pied à terre dans les rues piétonnes où le slalom admirable, certes, qu'ils donnent à voir génère de nombreux accidents. Des panneaux très explicites ont été placés, des inscriptions sur la chaussée ont été ajoutées - en vain, si j'en juge le nombre de vélos qui s'en moquent complètement qu'ils soient coursiers, mères ou pères de famille avec des mômes, jeunes toujours pressés et dames d'un âge bien mûr - j'en fais quotidiennement l'expérience. Y a du boulot à faire question formation, respect de la vie d'autrui, acceptation de la loi commune sans laquelle nulle vie en société n'est possible.