Bon, bon, quand j'étais môme, on me reprenait quand je disais des "gros mots" - bien sûr, cela ne m'empêchait pas de transgresser cet interdit, mais avec la limite qu'ils ne devaient pas être utilisés dans l'espace public, qu'ils étaient réservés à l'entre-soi d'un même groupe d'âge ou n'être employés qu'en s'excusant de cette facilité que l'on s'accordait d'y avoir recours. 'Gros" mots, c'était drôle, quand on y pense, cette expression - cela sous-entendait-il qu'il y avait des "petits" mots" ou des mots "maigres" ? En tout cas, il était clair qu'en abuser était signe d'une mauvaise éducation.
Education bourgeoise ? pas seulement, mais le souci de ne pas heurter l'autre, de le respecter tout aussi bien et qui n'est pas l'apanage d'une classe sociale. Les choses ont évolué, les propos crus pour désigner les actes et les organes sexuels, la volonté de donner au langage populaire, ou du moins que l'on prête au "peuple", une dignité littéraire ont levé bien des scrupules et personne ne songerait à s'en offusquer, à moins d'être un cul-pincé. On rit peut être trop vite de l'usage précoce de ces fameux "gros mots", on s'offusque quand même s'ils traduisent un manque évident de respect. Traiter son père de "vieux con", même si c'est vrai, passe mal. Mais s'il s'agit du prof qui ne reconnaît pas le génie de nos marmousets, c'est déjà moins grave.
Mais voilà que, depuis quelque temps, la grossièreté de langage se banalise au point de devenir une habitude du monde politique et de ceux qui sont censés occuper des positions dites prestigieuses. Depuis le "casse-toi, pauvre con !"de Sarko jusqu'aux invraisemblables propos de Macron sur ces pauvres habitants de Mayotte qui devraient s'estimer fiers et heureux d'être français parce qu'ils seraient 10.000 fois plus dans la merde s'ils ne l'étaient pas ( et je passe sur les gentillesses du même sur "la cage aux folles" qu'était devenu Matignon quand Attal était premier ministre) , on s'enfonce dans un cloaque de grossièreté qui est préoccupant. Est-ce vraiment l'image que le pouvoir veut donner de lui-même ? Le pouvoir affranchit-il celui qui l'exerce de la moindre décence ? L'Assemblée Nationale ressemble toujours plus à une cour de récréation et les députés sont nos représentants - sommes-nous devenus nous-mêmes ces gosses mal élevés qui ne savent pas ce qu'est un argument ? ces clones d'Hanouna ? Quel cauchemar !