Je relisais récemment les notes que j'avais prises à la lecture d'un numéro de Philosophie magazine - lequel magazine a été élu magazine de l'année 2024 - enfin une occasion de se réjouir qu'en cette période de disette intellectuelle la philosophie puisse attirer autant de lecteurs que Laurent Mariotte ou Points de vue, images du monde. Quelle reconnaissance !
Après avoir tourné quelques pages d'auto-célébration et de miettes de réflexion pour gens pressés, je lis une interview de Peter Singer, philosophe vegan, théoricien de l'antispécisme qui propose gentiment d'euthanasier tous les déficients mentaux dont il est évident, à ses yeux, que leur vie ne mérite pas vraiment d'être vécue (autant les faire disparaître le lus vite possible) et qu'ils ne seront jamais heureux. Il paraît que c'est là une réflexion éthique qui mérite d'être prise en considération..
Je saute une chronique sur la neutralité : la dernière phrase me suffit pour comprendre la pensée de Michel Eltchaminoff :"la neutralité est d'autant plus affirmative et vitale, pour utiliser les termes de Barthes (le pauvre, que vient-il faire dans cette galère sinon montrer que l'auteur a des lettres ?) qu'elle est capable d'engagement." Voilà qui ne va pas faire trembler les régimes autoritaires et démocratures qui nous gouvernent.
Sur les raisons pour lesquelles les jeunes sont des adeptes forcenés de la musculation, j'avoue que je ne vois pas l'intérêt philosophique du problème - mais ça doit être une question d'âge et d'articulations bloquées.
Et me voici devant Dilemme éthique : Charles Pépin répond à l'interrogation angoissée d'une grand-mère psychologue qui n'a pas le temps de s'occuper de sa petite-fille. Là, les bras m'en tombent : attendre d'un "philosophe" alors qu'un psychologue ferait parfaitement l'affaire est en soi surprenant comme est surprenante la réponse de Pépin qui, sans l'ombre d'une ironie répond en des termes que Ménie Grégoire n'aurait pas reniés.
Au fond, la question est celle-ci : la philosophie a-t-elle son mot à dire sur tous les problèmes qui se posent aux hommes ? Ne pourrait-on pas rêver d'un philosophe qui répondrait à la question qu'on lui pose :"je ne sais pas et de toute manière je ne suis pas là pour donner des conseils ("la seule chose que je sais c'est que je ne sais pas", disait celui auquel les professeurs de philosophie s'identifient sans sourire qui se donnent pour tache d'accoucher les esprits), débrouillez-vous tout seul, parlez-en à vos amis, à votre curé, à votre psy." La mode est au développement personnel et les éditeurs voient là un domaine juteux à exploiter comme tous les "philosophes" médiatiques. Sans doute y a-t-il là une tradition qui remonte aux morales de l'Antiquité mais ces morales s'inscrivaient dans une vision globale du cosmos et de la place que l'homme y tient. Je doute que ce soit le cas de nos nouveaux gourous (gourelles ?). A moins qu'il ne faille chercher derrière le terme de développement un écho au refus dominant de sortir du capitalisme et de la philotechnie. "Développement durable" de la personne, c'était donc çà ?