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Billet de blog 30 janvier 2024

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La fin des paysans

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

                              Quand Michel Serres répétait à temps et à contre-temps que nous assistions au XXème siècle à un événement qui marquait la fin d'une époque qui remontait au néolithique : la fin des paysans ; l'agriculture était au centre des sociétés humaines depuis des millénaires et voici qu'elle ne représentait plus que 3% de la population française -  quand il reprenait sans cesse cet avertissement,  il ne recueillait que des sourires apitoyés. Qu'est-ce qu'il avait, ce philosophe, à vouloir à tout prix nous alerter sur les dangers que cette disparition d'un rapport multimillénaire à la nature faisait courir à l'humanité ? Il ferait mieux de s'occuper de ses affaires philosophiques, disait-on dans le monde universitaire comme dans le monde politique. Il n'était pas le seul à faire cette constatation et à en prévoir les conséquences désastreuses : Henri Mendras, entre autres. Mais la recherche du profit se moque des avertissements scientifiques.

                              Et pourtant comme il voyait juste ! la situation actuelle le démontre suffisamment. A vouloir adopter un modèle agricole qui pouvait s'adapter aux besoins de la finance capitaliste, on a condamné les petites et moyennes exploitations agricoles à disparaître pour laisser la place à des étendues dépourvues de paysans, où règnent la mécanisation à tout prix, les pesticides, où disparaissent les pollinisateurs et la biodiversité. Il ne faut quand même pas se tromper : les intérêts des céréaliers ne sont pas ceux des petits paysans et la FNSEA défend les premiers en utilisant la colère des seconds.

                           Je suis tout à fait d'accord avec ce qu'écrit sur Aqui Cyrille Pitois

                     "  En réalité nous n’avons fait qu’étouffer les difficultés de nos campagnes au fond de la poche de nos indifférences, en les enfouissant sous le mouchoir toujours plus épais des subventions. L’agriculture est préservée sous la serre de l’argent public. Il ne faut pas être grand prévisionniste pour deviner qui si cette situation est conjoncturellement nécessaire, elle ne peut guère offrir une solution pérenne.

L’État va devoir à nouveau sortir le carnet de chèques pour que les tracteurs quittent les autoroutes et retournent sur les exploitations. Jusqu’au prochain point de rupture entre une consommation ultra libéralisée qui adore, quoi qu’elle en dise, les prix les plus bas et une production qui persévère sur un marché qui se moque d’elle.

La chaine agro alimentaire est à démonter pièce par pièce pour extraire le superflu, l’onéreux et l’inutile, avant de réinventer un modèle qui renoue avec le bon sens et le respect de chacun des acteurs. Et ça demande beaucoup plus de travail qu’une déclaration au coin d’un échangeur d’autoroute."

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